Parlons Développement : Quand l’innovation en gouvernance locale ouvre la voie au développement durable
26 septembre 2025
La 4e édition de "Parlons Développement" a rassemblé plus de 200 participants à l'Université de Fianarantsoa, créant un espace de dialogue unique entre la jeunesse, la société civile et les autorités publiques.
Le 25 septembre 2025, l’Université de Fianarantsoa a accueilli la 4ᵉ édition de Parlons Développement, un espace de dialogue citoyen initié par le PNUD et la Banque mondiale. Ce rendez-vous a réuni étudiants, universitaires, responsables publics, société civile et secteur privé autour d’une question centrale :
« Comment l’innovation en gouvernance locale peut transformer le développement durable ? »
La gouvernance locale au cœur du débat
La décentralisation y occupe une place majeure à Madagascar à travers le Plan national de décentralisation émergente (PNDE), destiné à renforcer l’autonomie des collectivités, améliorer la gestion des services publics et stimuler la participation citoyenne. La bonne gouvernance est un des piliers de la Politique Générale de l’État (2024-2028).
Si des progrès ont été réalisés, la gouvernance locale reste confrontée à de nombreux défis : centralisation persistante, faible autonomie fiscale des communes, capacités limitées des administrations locales, et chevauchement parfois confus entre structures déconcentrées et décentralisées. Face à ces obstacles, l’innovation apparaît comme un levier essentiel. Qu’il s’agisse de transformation numérique, de civic tech, de partenariats public-privé ou d’un engagement accru des jeunes, de nouvelles approches peuvent renforcer la transparence, la participation citoyenne et l’efficacité des politiques locales.
L’édition de Fianarantsoa a ainsi mis l’accent sur la vision et la voix des jeunes qui a réuni plus de 200 participants. Animé par des étudiantes, le débat s’est voulu interactif, ouvert et sans supports formels.
L'énergie et le leadership des étudiants ont été au cœur du succès de "Parlons Développement"
Des panélistes aux perspectives complémentaires
- Voahirana Espérance Andrisoa, doctorante en politiques publiques décentralisées et sociologue politique, a analysé l’impact de la gouvernance décentralisée sur l’inclusion sociale. Elle a rappelé que le développement durable exige des politiques publiques sensibles aux réalités sociales et territoriales et la mise en place de données fiables.
- Tsimihipa Andriamazavarivo, coordinateur de l’ONG Tolotsoa, a partagé son expérience sur la civic tech et la participation citoyenne des jeunes. Il a souligné l’importance d’exploiter les structures existantes, telles que les Structures Locales de Concertation (SLC), pour renforcer l’inclusion. Selon lui, les citoyens doivent être pleinement associés au suivi et à l’évaluation des politiques publiques. L’amélioration, a-t-il rappelé, dépend avant tout de la volonté collective et de la prise de responsabilité de chacun.
- Alaikoto Bernhardi Solonandriambololona, maître de conférences et président de l’ONG Fiantso, a insisté sur la nécessité d’un changement de mentalité pour garantir un développement durable. Pour lui, la gouvernance n’est pas l’affaire exclusive des dirigeants : elle concerne l’ensemble des acteurs sociaux, en particulier les jeunes et les femmes. Il a mis en avant la place centrale des femmes comme actrices du développement et a encouragé une participation active des étudiants.
- Andrianantenaina Lova Mahanina, fondateur de l’initiative ISIKA, a démontré le potentiel des technologies civiques pour une gouvernance participative et inclusive. Il a présenté deux programmes, Faribolana et la concertation citoyenne, qui visent à renforcer le dialogue entre citoyens et décideurs. Lova a souligné que l’innovation ne se limite pas à la technologie mais doit être adaptée au contexte local. Il a insisté sur la nécessité d’un sentiment d’appropriation, d’une vision du bien commun et d’une volonté collective pour accompagner le changement.
Convergences des échanges
Les panélistes ont unanimement rappelé que l’innovation en gouvernance locale ne se réduit pas à l’introduction de nouvelles technologies. Elle réside surtout dans de nouvelles façons de dialoguer, de construire ensemble et d’impliquer directement les citoyens.
Le développement local repose ainsi sur :
- la responsabilisation de chacun,
- la participation active des jeunes et des femmes,
- et une vision partagée à long terme.
Le défi majeur reste de faire évoluer les mentalités et de créer des mécanismes concrets qui permettent aux communautés, rurales comme urbaines, de s’approprier pleinement les processus de développement.
La participation active de la jeunesse, un pilier essentiel pour une gouvernance locale innovante et durable
Un espace de co-construction pour l’avenir
Au-delà des constats, cette édition de Parlons Développement a eu pour objectif d’identifier des pistes de solutions concrètes pour une gouvernance locale plus innovante, participative et durable. La parole a été largement donnée aux étudiants et aux acteurs locaux, dans une logique de co-construction de recommandations adaptées aux réalités du pays.
Comme l’a rappelé le vice-président Ralahy Malinirina Fanjalalaina :
« Vous avez raison de choisir l’université pour débattre d’innovation, car c’est ici que naissent les idées nouvelles. Vous avez aussi raison de choisir ce thème, car le meilleur chemin vers le développement est l’innovation : un chemin parfois semé d’erreurs, mais qui, avec persévérance, conduit au changement et au progrès. »
Il a adressé un message fort aux étudiants :
« Prenez confiance en vous. Osez penser autrement pour bousculer les idées reçues. Osez vous exprimer différemment et surtout osez agir, car l’innovation, c’est vous. Le changement, c’est vous. Le développement, c’est vous. »
La présence de représentants de la Région, de la Commune urbaine de Fianarantsoa, ainsi que de nombreux doyens, directeurs et enseignants, a renforcé la portée de ce rendez-vous.
Cette 4ᵉ édition de Parlons Développement à Fianarantsoa marque une étape importante pour nourrir le débat national et renforcer l’engagement collectif autour du développement durable. Elle rappelle que l’innovation en gouvernance locale n’est pas seulement une réponse aux défis actuels : c’est un investissement stratégique pour l’avenir de Madagascar.