La République d’Haïti développe un outil combinant données géospatiales et priorités politiques pour promouvoir la conservation et l'utilisation durable des terres

22 novembre 2021

© Carto | OpenStreetMap

 
●      Cette méthode de planification novatrice vise à garantir un développement durable en intégrant davantage le bien-être humain, ainsi que l’adaptation et la mitigation des effets des changements climatiques, en mettant la nature au centre des activités nationales.
●      La République d’Haïti a la possibilité de devenir un leader mondial dans ce domaine.

 
22 novembre 2021, Port-au-Prince, Haïti. Dans le cadre de leur mission de protection, de gestion et de restauration des aires essentielles au maintien de la vie, le Ministère de l’Environnement (MDE) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont publié les résultats de la deuxième phase de « Cartographier la nature pour les personnes et la planète » ", un projet visant à identifier les aires essentielles au maintien de la vie (Essential Life Support Areas, ou ELSA, en anglais) du pays.

Lors de la dernière réunion des parties prenantes, la Représentante Résidente adjointe du Programme des Nations Unies pour le développement, Madame Stéphanie Ziebell, a fait remarquer dans son allocution que « le rôle de la nature dans la lutte contre le changement climatique ainsi que le développement durable et le bien-être humain ne peuvent et ne doivent pas être ignorés, en particulier en Haïti ». Elle a rappelé que « les solutions basées sur la nature offrent des opportunités de vivre en harmonie avec elle, et nous nous devons de les reconnaître et de dédier d’importants moyens et capacités à les mettre en œuvre ». 
 

Les ELSA sont des aires essentielles à la conservation de la biodiversité critique et à la fourniture aux humains de services écosystémiques essentiels, tels que le stockage du carbone, la nourriture, l'eau douce, la filtration de l'eau et la réduction des risques de catastrophe.
 
En utilisant cet outil pour traiter les données géospatiales, Haïti applique des méthodes scientifiques rigoureuses pour identifier les ELSA en fonction des priorités nationales et fixer des objectifs spécifiques pour leur protection, leur gestion et/ou leur restauration. Ce processus est l'une des façons dont le pays s'efforce de faire avancer les engagements nationaux et internationaux envers la Convention de la diversité biologique et le Programme 2030 pour le développement durable.
 
Monsieur Boby Emmanuel Piard, le Dircteur du Centre National de l’Information Geo-Spatiale, souligne qu’« en ce qui a trait au changement climatique, suivant les données disponibles, Haïti fait partie des pays les plus vulnérables face aux effets des changements climatiques ». D’après lui, « nous ne parviendrons pas à des situations meilleures ou à développer notre résilience face aux effets du changement climatique, sans la coordination et la convergence de nos actions ».
 
Au cours du deuxième atelier sur le projet, tenu en juin 2021, les parties prenantes de toute la République d’Haïti ont co-créé en temps réel la premièreitération de la carte haïtienne des aires essentielles au maintien de la vie. Cet exercice est l'un des premiers de ce type au niveau mondial, remarquable par l'engagement en direct d'experts et de scientifiques nationaux pour développer une carte qui reflète les priorités et les réalités nationales. Cette deuxième phase a également contribué à renforcer les capacités d’Haïti à s'approprier le projet grâce au leadership des institutions nationales.
 
Armé des résultats de cette deuxième phase, des représentants du Ministère de l’Environnement, du PNUD et du PNUD CO Haiti se sont entretenus en octobre pour finaliser la carte ELSA pour le pays, qui est désormais disponible.
 
Selon M. Eder Audate, Directeur des Forêts et des Energies Renouvelables du Ministère de l'Environnement, les effets catastrophiques du changement climatique représentent un défi planétaire sans précédent pour la survie. C’est pourquoi, explique-t-il, nous devons travailler en synergie pour s’assurer que nos actions s’harmonisent et surtout s’orientent en faveur de la protection, la restauration et la gestion durable de la nature.
 
Le travail sur le projet explorera comment l'outil et les cartes finales peuvent soutenir la mise en œuvre de projets clés en Haïti, tels que :
 
·      D’ici à 2027, les zones consacrées à l’agriculture, l’aquaculture et la sylviculture sont gérées d’une manière durable ;
·      D’ici à 2030, le taux de couverture forestière et agroforestière se sera accru respectivement de 6%, référence base 2019, et de 30% au moyen d’espèces forestières et fruitières endémiques et natives dans les bassins versants stratégiques et paysages exceptionnels du pays ;
·      D’ici à 2025, les espèces rares, menacées et vulnérables bénéficient, pour les plus emblématiques d’entre elles, d’un régime d’interventions ciblé et axé, le cas échéant, sur la reconstitution, la reproduction et la réintroduction ;
·      D’ici à 2025, un système national d’aires protégées terrestres fonctionnel et jusqu’à représenter 20% du couvert du territoire est complété et la réduction des pressions sur les écosystèmes d’eau intérieurs - notamment les châteaux d’eau, les cascades et autres zones humides intérieures (lacs et étangs) – significativement réduite.
 
Le travail en cours en Haïti inspire des initiatives similaires dans d'autres pays engagés dans l'identification de leurs ELSAs, comprenant l’Afrique du Sud,le Cambodge, leChili, le Costa Rica, la Colombie, l’Equateur, le Kazakhstan, le Népal, l'Ouganda, le Pérou, et la République dominicaine.
 
Contexte
La République d’Haïti s'est lancée dans la première phase de ce projet en mars 2021, avec une étude de validation du concept examinée par des experts nationaux lors d'un atelier organisé dans le pays du 2 au 23 mars 2021. Grâce à la participation active de diverses parties prenantes nationales et internationales, l'atelier a permis de sélectionner 10 objectifs prioritaires pour Haïti en matière de nature, de changement climatique et de développement durable, que la carte ELSA permettra d'atteindre. L'atelier a également identifié des ensembles de données spatiales nationales qui ont été utilisés pour renforcer la robustesse de la carte dans la deuxième phase du projet.
 
Le projet a suscité une large participation des secteurs de l'environnement, de l'agriculture, ainsi que d'autres institutions nationales clés impliquées dans la documentation et la protection de la biodiversité, l'aménagement du territoire et la prise de décision assistée par la technologie. Parmi les participants à l'atelier figuraient des représentants du Ministère de l'Environnement (MDE) d’Haïti, du Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Durable (MARNDR), du Centre National de l’Information Géo-Spatiale (CNIGS), de l’Université d’État d’Haïti (UEH), du Jardin Botanique des Cayes (JBC), de la Fondation pour la Protection de la Biodiversité Marine (FOPROBIM), entre autres. Des organisations internationales étaient également représentées, avec notamment des délégués du PNUD et PNUE.Ce projet a été rendu possible grâce au soutien financier du Fonds pour l'environnement mondial (GEF), d’Impact Observatory, de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (Sida) et de la Fondation Gordon et Betty Moore.