Le partenariat stratégique entre la Suède et le PNUD-RDC dans le cadre du CPD 2025–2029
16 mai 2025

S.E.M Joakim Vaverka, l'Ambassadeur de Suède en RDC lors de la présentation du Plan de réponse 2025 pour la RDC
Un engagement de longue date au service de la transformation
Le partenariat entre la Suède et le PNUD en République Démocratique du Congo est de longue date. Acteur historique de la coopération multilatérale, la Suède a été l’un des bailleurs majeurs du Cadre de Coopération 2018–2024, contribuant à des résultats structurants et visibles dans plusieurs domaines stratégiques. Elle a soutenu l’amélioration de l’État de droit, le renforcement des solutions durables pour les populations déplacées, en particulier à l’Est du pays, l’élargissement des opportunités économiques pour les femmes et les hommes, notamment à travers l’appui à la Banque Centrale du Congo dans la régulation du secteur de la microfinance. Elle a également joué un rôle pionnier dans la certification genre des institutions publiques, le soutien aux mécanismes de lutte contre la corruption, et l’opérationnalisation du Nexus humanitaire-paix-développement, en contribuant à repositionner la réponse humanitaire comme un tremplin vers le développement durable.
Un soutien stratégique face à la crise à l'Est
Dans le contexte actuel marqué par l’intensification des crises à l’Est, notamment la militarisation des rapports communautaires et l’occupation de territoires par le M23, la Suède, en finançant le CPD 2025–2029 à travers le PNUD, soutient également la réponse stratégique du Bureau pays à la crise. Ce financement intervient comme levier de résilience dans des zones où les besoins humanitaires, les défis sécuritaires et les enjeux de développement se croisent. Le soutien suédois rend possible l’implémentation d’approches intégrées et adaptatives répondant à la complexité de la situation.
« Les déplacés ne sont pas seulement des victimes, ils ont aussi des atouts qui peuvent contribuer à leur autonomisation en dépit des difficultés qu’ils traversent », a déclaré, samedi 16 novembre, le nouvel ambassadeur de Suède en RDC, Joakim Vaverka, lors de sa visite du site des déplacés de Rusayo près de Goma (Nord-Kivu).

La Suède finance l'UNCDF dans le cadre de l'inclusion financière
Un levier de transformation durable et territoriale
Dans un contexte marqué par des vulnérabilités structurelles, des défis de stabilisation et la nécessité d’ancrer des pratiques de gouvernance plus inclusives, le soutien de la Suède au Cadre de Coopération des Nations Unies (CPD) 2025–2029 représente bien plus qu’un appui financier. Il constitue un levier stratégique de transformation, un catalyseur de solutions durables et un appui essentiel à l’ancrage territorial des priorités nationales. Avec une enveloppe globale de 60 millions de SEK (environ 5,4 millions USD) allouée au PNUD, le financement suédois accompagne des interventions multisectorielles à fort impact, réparties sur plusieurs provinces cibles (Tanganyika, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Tshopo, Mai-Ndombe, etc.) et axées sur des domaines prioritaires tels que la stabilisation, la réintégration, la finance inclusive, l’autonomisation des femmes et la résilience communautaire. Une flexibilité stratégique au service de la réactivité et de la transformation en contexte fragile
L’approche flexible de la Suède constitue un levier stratégique central pour une coopération agile, intégrée et orientée vers des résultats transformationnels dans des environnements marqués par la fragilité, les crises prolongées et la nécessité d’agir avec efficacité.

Grace au financement de la Suède, la Coopérative Cahi a offert des crédits qui ont sensiblement les conditions des populations bénéficaires
Ce financement permet au PNUD de déployer une réponse contextualisée, rapide et cohérente, articulée autour de sept axes d’intervention majeurs :
⦁ Renforcement ciblé des capacités de gestion de crise : à travers des formations de proximité, les autorités locales et les acteurs communautaires des provinces du Tanganyika, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri voient leurs compétences renforcées pour anticiper, prévenir et répondre aux urgences multidimensionnelles.
⦁ Développement de la finance inclusive pour l’autonomisation économique : le soutien aux institutions de microfinance dans l’Est permet d’offrir des produits financiers adaptés aux besoins spécifiques des populations vulnérables – femmes, jeunes, déplacés – et de catalyser l’insertion économique locale.
⦁ Relance des économies locales et réintégration durable : les activités génératrices de revenus ciblent les zones de retour pour favoriser la stabilisation socioéconomique des personnes déplacées internes et des ex-combattants, contribuant à une cohésion communautaire renforcée.
⦁ Appui à la réforme du secteur de la justice : le financement suédois soutient la transformation structurelle de la chaîne judiciaire à travers la justice de proximité, l’amélioration des services juridiques accessibles et la restauration de la confiance citoyenne dans l’État de droit.
⦁ Renforcement de la gouvernance environnementale et sociale : des appuis ciblés permettent d'intégrer les normes environnementales et sociales (NES) dans les projets, garantissant une approche fondée sur les droits et la durabilité, tout en renforçant la responsabilisation institutionnelle.
⦁ Promotion d’une gouvernance inclusive et sensible au genre : la Suède appuie les efforts de traçabilité du genre dans toutes les interventions du PNUD, renforce les mécanismes de budgétisation sensible au genre, et soutient la certification des institutions publiques via le Gender Equality Seal, ainsi que la création de dispositifs institutionnels plus inclusifs, équitables et représentatifs.
⦁ Tolérance zéro face au harcèlement, à l’exploitation et aux abus sexuels (SEA) : en parfaite convergence avec les priorités du PNUD et de la Suède, ce partenariat promeut l’internalisation des politiques PHEAS (Protection contre le Harcèlement, l’Exploitation et les Abus Sexuels), leur appropriation par les partenaires locaux, et la mise en œuvre de mécanismes sûrs de signalement, en particulier dans les zones de vulnérabilité accrue.

Des jeunes formés participent aux projets communautaires de stabilisation et paix à l'Est grâce à l'appui de la Suède
Un partenariat fondé sur la confiance : comment la flexibilité suédoise amplifie l’impact du PNUD ?
L’approche flexible de la Suède constitue l’un des leviers les plus déterminants de son partenariat avec le PNUD. En privilégiant un mode de financement non rigide, axé sur la confiance, l’alignement programmatique et la marge d’adaptation, la Suède permet au PNUD de répondre avec agilité et pertinence aux réalités mouvantes des contextes fragiles comme celui de la RDC.
Dans un environnement caractérisé par des chocs multiples — conflits armés, déplacements massifs de population, crises humanitaires récurrentes, déséquilibres institutionnels — la flexibilité suédoise permet de réorienter rapidement les interventions, de repositionner les priorités en fonction des urgences territoriales, et de renforcer la synergie entre action humanitaire, consolidation de la paix et développement à long terme.
Cette approche, fondée sur la souplesse dans l’allocation des ressources, offre également au PNUD la possibilité de tester des solutions innovantes, d’accélérer la mise en œuvre des activités sensibles au contexte, et d’assurer une plus grande redevabilité dans des environnements complexes. Elle agit comme un multiplicateur d’impact, en facilitant la coproduction de solutions locales avec les communautés, et la coordination inter-bailleurs dans des situations de crise évolutives.
En somme, la flexibilité suédoise ne relève pas seulement d’un mode de financement : elle incarne une philosophie partenariale fondée sur la résilience, la co-construction et l’adaptabilité stratégique, essentielles pour agir efficacement dans un pays où la stabilité reste un objectif à construire.

Des fonds sont mis à la disposition des projets axés sur la cuisson propre
Une complémentarité stratégique dans un cadre inter-bailleurs
Ce partenariat s’inscrit pleinement dans la logique d’effets structurants du CPD 2025–2029. Il complète et renforce les appuis d’autres partenaires tels que les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Belgique le Canada ou la Corée en s’intégrant dans un cadre harmonisé de programmation conjointe des Nations Unies. Le financement suédois joue un rôle d’effet levier, facilitant l’expérimentation de modèles reproductibles, la capitalisation des bonnes pratiques et la structuration de partenariats innovants avec la société civile, les acteurs privés et les institutions déconcentrées.
Une dynamique de mobilisation étendue autour du PNUD
Autour du PNUD, ce financement flexible suédois a agi comme catalyseur de confiance et d’alignement. Il a facilité la mobilisation de nouveaux appuis notamment de la part de la Corée et du Canada, qui renforcent actuellement leurs interventions en matière de lutte contre les violences basées sur le genre. Le Bureau de crise du PNUD a également accru son soutien financier et technique au Bureau pays, consolidant la réponse à la crise à l’Est. Par ailleurs, d’autres partenaires tels que l’Union européenne, le FCDO et le Fonds pour la consolidation de la paix (PBF) sont engagés dans un dialogue stratégique actif pour élargir l’assiette de financement du PNUD en RDC.
Les contributions core comme socle de mise en œuvre
En complément des ressources extra-budgétaires, des pays comme la Belgique, la France et les États-Unis apportent des contributions core au budget du PNUD. Ces financements structurels soutiennent l’ensemble des fonctions du Bureau pays et jouent un rôle déterminant dans la mise en œuvre du programme pays, en tant que facilitateurs de sa réussite globale.
François Elika, Spécialiste Partenariat & Clarisse Museme, Analyste à la communication