Madagascar met à jour son Plan de Contingence National pour renforcer sa résilience face aux catastrophes naturelles

1 octobre 2025
Mise à jour du Plan de Contingence National pour Madagascar

Une collaboration nationale pour renforcer la résilience de Madagascar face aux cyclones et inondations.

« Depuis 2022, plusieurs cyclones et systèmes cycloniques ont directement frappé notre territoire causant d’importantes pertes humaines et matérielles. Et pour la prochaine saison cyclonique, les prévisions annoncent jusqu’à trois systèmes susceptibles d’affecter le pays. De toutes les façons, la Direction Générale de la Météorologie y apportera au cours de cet atelier les précisions nécessaires à ce sujet. L’objectif de ces deux journées de travail est clair : mettre à jour le plan de contingence national en nous appuyant sur les leçons tirées des années précédentes, les capacités disponibles ainsi que les besoins anticipés afin d’assurer une préparation coordonnée et efficace » a rapporté le Directeur Général du Bureau National des Gestions des Risques et des Catastrophes (BNGRC) à l’occasion de l’ouverture de l’atelier de mis à jour du Plan de Contingence National 

Le Directeur Général du BNGRC

« Mettre à jour le plan de contingence national en nous appuyant sur les leçons tirées des années précédentes » – Directeur Général du BNGRC.

Madagascar figure parmi les pays les plus vulnérables au monde face aux catastrophes naturelles et au changement climatique. Sa situation géographique dans l’océan Indien en fait une porte d’entrée fréquente des cyclones tropicaux, tandis que son territoire demeure exposé à une diversité d’aléas climatiques, notamment les inondations, les sécheresses prolongées, les tempêtes et tornades, ainsi que les glissements de terrain. Selon l’UNDRR et le rapport du CDRI (2023), Madagascar est le pays le plus exposé aux cyclones en Afrique et le quatrième au niveau mondial en termes de vulnérabilité climatique. Cette exposition, combinée à des fragilités structurelles et socio-économiques, place le pays dans une situation chronique de crise humanitaire et de relèvement complexe.

Les données des dix dernières années (2014-2025) illustrent parfaitement cette vulnérabilité. Madagascar a enregistré près de 2,36 millions de sinistrés, plus de 938 000 déplacés cumulés, environ 132 000 habitations détruites et 803 décès liés aux catastrophes majeures[1]. Des cyclones d’ampleur tels qu’Enawo (2017), Batsirai et Emnati (2022), Freddy (2023) ou plus récemment Honde et Jude (2025) ont profondément marqué le territoire, affectant aussi bien les zones côtières que l’arrière-pays. Ces événements ont entraîné des destructions massives d’infrastructures scolaires, sanitaires et routières, des pertes agricoles importantes et une dégradation des moyens de subsistance, aggravant la pauvreté et l’insécurité alimentaire déjà endémiques.

Cette vulnérabilité persistante est amplifiée par des facteurs structurels tandis que la déforestation continue de dégrader rapidement les écosystèmes, Madagascar perdant environ 1,1 % de sa couverture forestière chaque année[2]. Le changement climatique accentue ces phénomènes, avec une intensification des sécheresses dans le Sud et une recrudescence d’inondations dans les Hautes Terres et les zones côtières[3]. 

La mise à jour stratégique du Plan de Contingence National 2025–2026

Dans ce contexte, le Programme des Nations Unies pour le dévellopement (PNUD) à travers le Projet TANDROSO “Tailored Intelligence for Actionable Early Warning Systems”, financé par le Gouvernement Chinois appuyé le Bureau National des Gestions des Risques et des Catastrophes (BNGRC) à la mise à jour de ce Plan de Contingence National (PCN) 2025–2026. 

« Nous saluons cet engagement du BNGRC et de l’ensemble des parties prenantes sectoriels, qui continuent d’œuvrer pour une meilleure intégration de la réduction des risques dans les politiques publiques. Cette approche proactive illustre la volonté nationale d’aller vers une préparation fondée sur l’anticipation, la science et la coordination. À travers cet atelier, renforçons ensemble un pilier essentiel de la résilience nationale : la planification. Car c’est par une planification rigoureuse, inclusive et concertée que les réponses deviennent plus rapides, plus efficaces et plus humaines » a déclaré le représentant du Management du PNUD lors de son allocution.

Les Système des Nations Unies à Madagascar renforce la coordination inter-institutionnel

Renforcer la coordination inter-institutionnelle : le Système des Nations Unies, notamment le PNUD et l’OCHA et les acteurs nationaux travaillent de concert pour une réponse humanitaire coordonnée et efficace.

Sur deux jours, l’atelier a permis de capitaliser les leçons apprises des saisons passées et des exercices de simulation, tout en renforçant l’alignement avec les plans régionaux récemment actualisés dans les régions d’Androy, Anosy, Atsimo Andrefana, Analanjirofo et Atsinanana. Il intervient après deux saisons particulièrement marquées (2023-2024 et 2024-2025), qui ont mis en évidence à la fois les acquis et les insuffisances du dispositif. En démontrant sa capacité à anticiper, coordonner et intégrer des approches innovantes, le pays renforce sa résilience interne, et sa capacité de prise en charge des impacts des aléas.

Objectifs et résultats attendus de l’atelier

L’objectif général de l’atelier était de doter Madagascar d’un PCN multi-aléas robuste et opérationnel, intégrant les Actions Anticipatoires et renforçant la coordination inter-institutionnelle. De manière spécifique, il s’agissait de capitaliser sur les leçons des saisons cycloniques récentes, actualiser les scénarios multi-aléas, mettre à jour les plans de réponse sectoriels, estimer les besoins humanitaires et logistiques, renforcer la gestion nationale de l’information, clarifier la gouvernance et la coordination, mais aussi, élaborer une feuille de route pour l’Équipe Rapide Multisectorielle (ERM).

Les résultats attendus portaient sur plusieurs volets essentiels. Il s’agissait d’abord de produire un rapport consolidé des leçons apprises pour la période 2023-2025. Parallèlement, une version actualisée du Plan de Contingence National Cyclone & Inondation devait être élaborée et harmonisée. La mise à jour de la base nationale des capacités multisectorielles ainsi que des stocks prépositionnés faisait également partie des objectifs. Enfin, l’élaboration d’une feuille de route nationale ERM était attendue, afin de préparer son déploiement opérationnel.

Une méthodologie participative et multisectorielle

La méthodologie qui a été adoptée repose sur une approche participative, multisectorielle et basée sur l’évidence. En amont, les prévisions météorologiques de la saison 2025–2026 ont été intégrées, les données historiques sur les impacts des aléas majeurs ont été analysées, et un inventaire des capacités multisectorielles disponibles a été réalisé. Pendant l’atelier, des scénarios multi-aléas ont été élaborés, les impacts et besoins par secteur estimés, les gaps identifiés et les plans sectoriels révisés. La participation des institutions nationales et des partenaires techniques et financiers ont permis une appropriation collective du PCN. Après cet atelier, la version finale du PCN sera consolidée, diffusée et harmonisée avec les Plans de Contingence Régionaux, accompagnée d’un calendrier de suivi post-atelier.

Grâce à cette mise à jour stratégique, Madagascar renforce d’avantage son dispositif national de gestion des risques et catastrophes, en intégrant les meilleures pratiques, les innovations technologiques et les engagements internationaux. Cette avancée vise à mieux protéger les populations, notamment dans les régions les plus vulnérables comme l’Atsinanana, qui a été touchée par près de 22 phénomènes météorologiques extrêmes entre 2014 et 2025.

 

[1] BNGRC, base de données nationale

[2] World Bank, Climate Risk Profile 2022

[3] IPCC, 2023