L’inclusivité est un sujet compliqué à appréhender, voire complexe à intégrer dans beaucoup d’organisations et le Programme des Nations Unies pour le Développement ne fait pas exception. Tourné vers l’innovation, le laboratoire d’accélération a fait le pari d’embarquer le bureau pays de la RDC dans son premier recrutement d’une personne vivant avec handicap pour matérialiser l’article 32 de la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées (CRDPH) dans la mise en œuvre de ces programmes. « Moi Nancy Bikula Mbeke, je fus l’heureuse élue d’un processus compétitif mais aussi, une recrue anxieuse et tressée à occuper mes fonctions tant le domaine de l’innovation m’était étranger. Une nouvelle aventure professionnelle venait donc de commencer avec son lot de défis ».  

Saut dans l’inconnue

L’inclusion de l’handicap ne se limite pas à la simple présence des personnes vivant avec handicap au sein d’une institution. Elle devra se matérialiser par l’intégration de celle-ci dans toutes les activités professionnelles en cours au même titre que les autres collègues pour gagner en compétences et en épanouissement personnel. Cependant, comment concilier mon parcours de professionnel de médias et activiste de droit des personnes handicapées avec la mission de l’innovation du Laboratoire au sein du PNUD?

Une question à laquelle je ne pouvais répondre qu’à condition de sortir de ma zone de confort en prenant le risque d’embrasser un domaine qui m’était jusque-là inconnu. Mon nouveau rôle en tant qu’Assistante d’appui administratif au Laboratoire d’Accélération me paraissait hors de portée, un vrai saut dans l’inconnu. Le vin était tiré, il fallait le boire !

Partir de l’existant pour innover !

Au bout de plusieurs jours de réflexions durant ma période d’induction, la nécessité d’exploiter mon parcours comme levier d’intégration me paraissait plus qu’idoine. Mon expérience de journaliste et mon parcours de militante m’ont permis de trouver une intersection avec les activités du Laboratoire d’Accélération en particulier et du PNUD en général.

La piste d’une activité qui lierait l’innovation, le handicap et le volontariat s’offrait à moi. Ça semble inattendue ! Pourtant le handicap et le volontariat font partie des piliers de mon parcours professionnel. L’un étant ma condition physique depuis des années et l’autre un engagement en tant qu’activiste depuis des années.

Dans le souci d’accélérer mon intégration, j’ai décidé de prendre le risque. Le format d’un hackathon me paraissait indiqué à cause de la mise en compétition des idées autour d’un défi de développement à adresser rapidement par l’intelligence collective. L’équipe du Laboratoire a beaucoup apprécié l’idée qui se mariait bien avec l’initiative UNDP-UNV Talent Programme for Young Professionals with Disabilities ; . C’est le début de ma carrière professionnelle au PNUD. Ce programme innovant a pour but principal de faire participer le maximum de personnes handicapées à des postes techniques et autres thématiques émergeantes pour valoriser leur apport au grand chantier de réforme de l’organisation.  

De la théorie à la pratique, appropriation des méthodes du laboratoire.

Satisfaite d’avoir gagné le pari de devenir une force de proposition au sein de l’unité, la charge m’a été dévolue de construire la note conceptuelle de l’« Hackathon de l’inclusivité ». Une nouvelle épreuve relevée avec l’accompagnement bienveillant de toute l’équipe du Laboratoire que ce soit dans la maitrise des étapes nécessaires mais aussi dans la structuration de la note avec le souci d’accélérer mon apprentissage.

Par cette épreuve de feu, j’ai vite compris la pertinence du protocole d’apprentissage visant à sentir, explorer et expérimenter pour une éventuelle mise à échelle. Très vite, il fallait cartographier les parties prenantes, sonder les potentiels participants notamment les ONG actives sur la question du handicap, identifier la partie nationale à influencer pour s’approprier cette démarche. Ainsi, je pouvais comprendre la valeur ajoutée de mon unité dans les ambitions du PNUD à vouloir adopter des nouvelles façons de faire le développement et répondre aux défis émergeants du siècle présent.  

Processus de cocréation par les handicapés, une première pour le PNUD

Un hackathon dans le domaine numérique, c’est la norme. Mais un hackathon qui valorise les notions du handicap, du volontariat et de l’innovation est une première en RDC.  Le thème de cet hackathon est « la participation active des personnes handicapées dans un processus de cocréation dénommé « Hackathon de l’inclusivité » suivi d’une expérimentation. J’ai appris dans la foulée l’importance de valoriser les idées de toute part et de créer un écosystème susceptible de stimuler la créativité, l’accélération des apprentissages et la complémentarité.

Cet hackathon poursuit un double objectif à savoir : valoriser le développement des solutions innovantes en cocréation d’une part  et d’autre part, sensibiliser sur la pertinence de l’initiative UNDP-UNV Talent Programme for Young Professionals with Disabilities comme un outil d’intégration et d’inclusion des personnes handicapées au sein du PNUD.

Après plusieurs contacts, la collaboration avec le Ministère délégué chargé des personnes handicapées a été obtenue officiellement. Le Hackathon de l’inclusivité compte capitaliser sur l’esprit créatif et innovant des handicapés moteurs à proposer des solutions spécifiques qui leur sont propres dans un cadre stimulant et ouvert au foisonnement d’idées.

Pour y parvenir, l’engagement communautaire par la recherche du sens sera nécessaire pour comprendre l’écosystème des personnes handicapées et sensibiliser les parties prenantes sur l’approche à adopter. Par la suite l’organisation d’une session d’intelligence collective pour définir de manière concertée le défis à adresser et enfin le Hackathon lui-même suivi de l’expérimentation de la solution qui sera plébiscitée.

Perspectives

Le Laboratoire d’Accélération a inscrit la concrétisation de cette activité dans son plan de travail annuel 2022 et compte mener ce processus jusqu’à la mise en œuvre du Hackathon et de l’expérimentation des meilleurs solutions innovantes. A l’issue du processus, le Laboratoire compte formuler une note de proposition de mise à échelle à l’attention des programmes du PNUD et des Partenaires Techniques et Financiers ( PTF) intéressés par la question du handicap.

Ce plaidoyer servira à mobiliser des fonds pour un futur projet structurant centré sur les défis des handicapés moteurs et mettant en valeurs les solutions expérimentées issues du hackathon.

« Etes-vous intéressé par la question de l’innovation et du handicap ? avez-vous des propositions à formuler dans ce processus ? » votre avis nous intéresse pour enrichir ce cycle d’apprentissage. Contactez-nous !

Par Nancy Bikula et Serge Kusinza