Au cœur des enjeux de la diplomatie écologique
22 mai 2025
La n°1 du MEDD souligne l'engagement de la RDC dans ce nouveau mécanisme de gestion des forêts tropicales
C’est une page importante de la diplomatie environnementale africaine qui s’écrit à Kinshasa. À l’occasion d’un atelier régional de haut niveau, les pays du Bassin du Congo se sont réunis pour élaborer une réponse collective à la hauteur de la gravité climatique. Au cœur des débats : la Tropical Forest Forever Facility (TFFF), un mécanisme inédit porté par une ambition globale de transformation. Organisée sous le haut patronage du Président Félix Tshisekedi, la rencontre a été ouverte par la Ministre d’Etat en charge de l’Environnement, Madame Ève Bazaiba, aux côtés de son homologue centrafricain. Elle marque un moment charnière, où les États forestiers d’Afrique centrale se coalisent pour faire entendre une voix forte et structurée dans les négociations internationales, à l’approche de la COP30 de Belém.
Un paradoxe climatique insoutenable
Deuxième massif forestier tropical au monde, le Bassin du Congo représente un régulateur climatique vital, un sanctuaire de biodiversité et une source de survie pour des millions de personnes. Pourtant, il demeure marginalisé dans l’allocation de la finance climatique. Entre 2017 et 2021, moins de 4 % des financements mondiaux dédiés à la protection des forêts tropicales lui ont été attribués-un déséquilibre dénoncé avec fermeté à Kinshasa.
Les partenaires Techniques et financiers appuient le plaidoyer sur la TFFF
La Tropical Forest Forever Facility (TFFF), un mécanisme innovant porté par le Brésil avec l’appui de l’Allemagne, du WWF et du PNUD. Dotée d’un objectif ambitieux de 125 milliards de dollars, la TFFF vise à rééquilibrer les flux de financement climatique, historiquement concentrés sur d’autres régions, en reconnaissant enfin la contribution irremplaçable du Bassin du Congo à l’équilibre écologique mondial.
Pour les pays de la région, et en particulier pour la RDC qui abrite la majorité de ce massif forestier, les gains sont multiples :
- Une rémunération pérenne des efforts de conservation et de lutte contre la déforestation ;
- Une valorisation géopolitique accrue de leur rôle environnemental dans les négociations internationales ;
- Des ressources accrues pour financer des politiques publiques vertes, inclusives et sensibles au genre ;
- Et la possibilité d’ancrer une souveraineté écologique, en transformant les forêts en leviers de développement durable, plutôt qu’en obstacles à la croissance.
Mme Rokya Ye dieng, Représentante Résidente Adjointe du PNUD
À travers ce dialogue stratégique, le PNUD joue un rôle clé de catalyseur et de co-constructeur d’une diplomatie africaine du vivant, portée par les réalités du terrain et les aspirations des peuples forestiers. À la veille de la COP30 de Belém, ce moment marque un tournant : l’Afrique centrale ne demande plus à être entendue – elle parle désormais d’une seule voix. La TFFF, portée par le Brésil avec l’appui de l’Allemagne et du WWF, se veut une réponse systémique à cette injustice. Dotée d’une ambition de 125 milliards de dollars, elle entend rémunérer durablement les efforts de préservation des forêts permanentes, en instaurant une nouvelle éthique du partenariat environnemental : les forêts ne sont plus à compenser, elles sont à reconnaître comme piliers de solution planétaire.
La RDC, fer de lance d’une vision durable Dans son intervention, Rokya Ye Dieng, Représentante résidente du PNUD en RDC, a rappelé que la République Démocratique du Congo, loin de n’être qu’un réservoir écologique, assume pleinement son rôle de pays-solution. « Ce pays fait le choix de la préservation sur l’exploitation à court terme. Il incarne aujourd’hui une voix qui compte dans les négociations climatiques », a-t-elle déclaré.
Un engagement matérialisé par des réformes concrètes : mise en œuvre de la CDN, structuration du Fonds national REDD+, réforme de la fiscalité verte et innovation financière verte.
La MINETAT Eve Bazaiba renouvelle ses remerciements au PNUD pour l'appui technique qu'il n'a cessé d'accorder à son Ministère
Mais la RDC ne marche pas seule. À travers un co-leadership assumé, le PNUD accompagne le gouvernement dans la construction d’une gouvernance climatique plus inclusive, équitable et transformationnelle.
Un partenariat structurant pour l’accès à l’énergie durable Avec le soutien du Fonds pour les forêts du Bassin du Congo (CAFI), le PNUD élargit son action au domaine énergétique, en ciblant les communautés les plus vulnérables. Son intervention se déploie autour de quatre axes clés :
- La construction de micro-centrales hydroélectriques, pour alimenter durablement les zones rurales tout en stimulant l’économie locale ;
- La promotion de solutions de cuisson propre, afin de réduire la dépendance au bois énergie, améliorer la santé publique et alléger la charge domestique des femmes ;
- La réforme des cadres normatifs et politiques, pour structurer un environnement favorable à l’investissement et à l’innovation énergétique ;
- L’intégration du genre dans les politiques énergétiques, avec des programmes conçus pour élargir l’accès des femmes à l’énergie, aux revenus et à la prise de décision.
Ce travail, ancré dans une approche de justice climatique, traduit la volonté de faire de la transition écologique une transition juste et inclusive.
L' Ambassadeur du Brésil a réaffirmé la volonté de son pays de porter la TFFF au delà des attentes en inspirant de son pays
Ce travail, ancré dans une approche de justice climatique, traduit la volonté de faire de la transition écologique une transition juste et inclusive.
Vers une coalition africaine pour la COP30 Au-delà de la seule RDC, l’atelier de Kinshasa a pour objectif de renforcer une coalition régionale unie, à même de redéfinir les termes du partenariat mondial sur le climat. Il s’agit de bâtir une position concertée, fondée sur les priorités, les contraintes, mais aussi les solutions africaines.
Trois chantiers principaux ont structuré les échanges :
- Clarifier les mécanismes de la TFFF pour les États membres ;
- Identifier les besoins communs en matière de préservation forestière ;
- Préparer une voix unifiée pour les négociations internationales.
De la volonté politique à l’engagement collectif « Le futur de nos forêts ne se joue pas dans l’abstraction. Il commence ici, à Kinshasa, par la volonté politique, l’intelligence collective et la solidarité régionale », a conclu Rokya Ye Dieng.
Une forte délégation du Brésil conduite par l'Ambassadeur a pris part aux travaux de la TFFF à Kinshasa
Ce sommet ne se veut pas être un simple événement. Il est l’acte inaugural d’un repositionnement géopolitique, où le Bassin du Congo affirme sa centralité dans la lutte contre le dérèglement climatique. On dirait mieux que ce sommet de Kinshasa n’aura pas été une parenthèse. Il aura été l’amorce d’une souveraineté écologique consciente d’elle-même, où les forêts ne sont plus vues comme des décors, mais comme des actrices du droit à l’existence. Il appartient désormais aux États du Bassin du Congo, avec l’appui de leurs partenaires, de transformer cette dynamique collective en levier diplomatique, en force de négociation à la COP30, et en politiques publiques audacieuses capables de réconcilier souveraineté écologique, justice climatique et développement. « Il est temps de réclamer une finance climatique équitable, prévisible et directe, qui reconnaisse la valeur mondiale de nos forêts tout en respectant notre souveraineté » Conclue la n°1 du Ministère de l'Environnement et développement durable
Texte: - François Elika, Spécialiste de partenariat et mobilisation des ressources et Clarisse Museme, Analyste à la communication
Des délégués de la Présidence, de la Primature et institutions spécialisées ont pris part aux travaux