Stratégie de mise en œuvre de la Politique nationale de l'emploi au Burundi

16 juillet 2019

© Patrice Brizard / PNUD Burundi / 2019 - La Représentante résidente du PNUD au Bururundi, Nicole Kouassi, et le Ministre de la Fonction publique, du Travail et de l'emploi, M. Félix Mpozeriniga, lors des discours d'ouverture de l'Atelier sur la Stratégie de mise en œuvre de la Politique nationale de l'emploi au Burundi.


Discours de Mme Nicole Kouassi,

Représentante résidente du PNUD


Monsieur le Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi ;

Mesdames et Messieurs les hauts cadres du Gouvernement ;
Chers Collègues du Système des Nations Unies ;
Mesdames, Messieurs, chers participants et participantes, en vos titres et qualités respectifs.

Les défis, en matière d’emploi, restent immenses dans la plupart des pays africains où l’incidence de la pauvreté reste très élevée.

  • En 2017, le taux de chômage, à l’échelle mondiale, était de 5,6 % contre 6,4 % en 2000 ;
  • 61 % des travailleurs occupaient un emploi informel en 2016 ;
  • Les hommes gagnent 12,5% de plus que les femmes dans 40 pays sur 45 qui disposent de données ;
  • L’écart de rémunération, entre hommes et femmes dans le monde, est de 23 %. Et, sans action décisive, il faudra encore 68 ans pour parvenir à l’égalité salariale ;
  • Le taux d’activité des femmes sur le marché du travail est de 63% alors que celui des hommes est de 94 % ;
  • Malgré leur présence croissante dans la vie publique, les femmes continuent de consacrer 2,6 fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques et non rémunérées ;
  • 470 millions d’emplois par an seront nécessaires dans le monde pour les nouveaux venus sur le marché du travail entre 2016 et 2030.

Pour le Burundi, l’Enquête sur les conditions de vie des ménages de 2014/2015 estime que le chômage constitue l’un des problèmes les plus préoccupants du pays. Il touche particulièrement les jeunes, dont le taux de chômage est trois fois plus élevé que celui des personnes âgées de 25 à 64 ans.

Le sous-emploi est aussi très préoccupant :

  • En milieu rural, 42,3 % des actifs sont occupés contre seulement 30,1 % en milieu urbain ;
  •  42,7 % des actifs occupés sont des femmes et 39,6 % sont des hommes.

C’est dire combien la tâche est immense et quelle place centrale une Stratégie nationale de l’emploi devra occuper dans les politiques de développement du Burundi.

C’est donc pour moi un réel plaisir de me retrouver parmi vous, en cette occasion, pour lancer officiellement la Stratégie nationale de mise en œuvre de la Politique nationale de l’emploi du Burundi.

Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs,

Votre participation à cette cérémonie, confirme votre intérêt constant pour la question cruciale de l’emploi dans ce cher et beau pays, où l’insuffisance de l’emploi des femmes et des jeunes, en particulier, est une réalité.

Je félicite l’ensemble du Gouvernement burundais pour son engagement à préparer ce document de stratégie, qui matérialise sa volonté de transformer les recommandations, ou suggestions de la Politique nationale de l’emploi, en actions concrètes pour faire du travail un pilier important du développement socio-économique du Burundi, et avancer inéluctablement vers l’atteinte des Objectifs de développement durable qu’il s’est fixé.

Je profite de l’occasion pour réitérer l’entière solidarité et mobilisation du Programme des Nations Unies pour le développement, à continuer d’accompagner le Burundi dans ses efforts de garantir un travail décent à toute la population.

En effet, il est démontré que pour réaliser une croissance économique durable et inclusive, les sociétés doivent créer les conditions garantissant aux gens des emplois de qualité qui stimulent l’économie, sans avoir d’effets nocifs sur l’environnement.  De même, l’emploi est le principal déterminant du niveau de vie pour la majorité de la population, en particulier dans les pays en développement. Plusieurs familles échappent ainsi à la pauvreté ou y restent, aussi longtemps qu’un ou plusieurs de leurs membres a trouvé un emploi ou a perdu son emploi. L’emploi influence alors la façon dont un individu se voit, interagit avec les autres et perçoit son rôle dans la société. Il peut donc déterminer la manière dont les sociétés gèrent les processus décisionnels collectifs et les tensions entre plusieurs groupes, de même que la manière dont elles évitent et résolvent les conflits.

Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs,

Dans de nombreux pays en développement, où l'activité agricole et l'emploi pour compte propre prédominent, et où les filets de protection sociale sont, au mieux, limités, les taux de chômage peuvent être faibles. Dans ces pays, la plupart des membres de la population travaillent de longues heures sans toutefois parvenir à assurer leur subsistance. Les violations de leurs droits fondamentaux ne sont en outre nullement exceptionnelles. Outre le nombre d’emplois, la qualité de ces derniers revêt donc aussi une importance cruciale.

La Politique nationale de l’emploi permet donc de comprendre la problématique de l’emploi et sa stratégie de mise en œuvre, que nous lançons ce jour, aide à mieux cerner les types d'emplois qui pourraient le plus contribuer au développement. Toutefois, la réussite de notre stratégie nécessite des actions coordonnées de tous les acteurs dont particulièrement le Secteur privé, les Partenaire techniques et financiers et le Gouvernement. Pour cela, nous pensons :

  1. Premièrement, qu’il est nécessaire de mettre en place de solides éléments fondamentaux, notamment la stabilité macro-économique, un cadre propice à l'activité économique, la formation du capital humain et l'État de droit ;
  2. Deuxièmement, que les politiques du travail ne doivent pas compromettre la création d'emplois, mais qu’elles doivent permettre aux plus vulnérables de faire entendre leur voix et de bénéficier d'une protection ;
  3. Troisièmement, que les pouvoirs publics doivent déterminer quels emplois ont le plus d'impact sur le développement dans le contexte national, et éliminer ou neutraliser les obstacles à leur création par le secteur privé.

Je vous remercie.

Le problème de chômage des jeunes se pose comme un défi majeur du fait qu’il est perçu comme indicateur de pauvreté et source d’instabilité dans le monde. Tous les États et les gouvernements font tout pour trouver des solutions durables face à ce problème. Telle aura donc été la grande motivation pour le gouvernement burundais et ses différents partenaires, d’organiser en 2013, le Forum des États généraux de l’emploi en vue d’analyser ensemble le secteur et formuler des résolutions fortes pouvant aider le pays à passer à des actions concrètes et efficaces. La grande résolution issue de ce Forum aura été l’engagement de mettre en place une politique nationale de l’emploi.
Dans la même logique du respect de l’approche participative et inclusive, les acteurs nationaux viennent de valider, le 13 avril 2018, la Stratégie de mise en œuvre de la Politique nationale de l’emploi. L’heure aujourd’hui est à tous les partenaires de se l’approprier, chacun par rapport à son secteur d’intervention, afin de contribuer et d’entrer activement dans la chaîne de promotion et de création d’emplois décents pour tous au Burundi.