Les lauréats du Prix Équateur 2022 présentent des solutions autochtones et locales pour les personnes et la planète

8 août 2022
Women carrying seedlings

Des femmes de la Sunkpa Shea Women's Cooperative au Ghana transportant des plants d'arbres. Cette coopérative autochtone, dirigée par des femmes, est un exemple de production durable de produits de base.

Photo : Initiative Équateur/A Rocha Ghana

Le 9 août est la Journée internationale des peuples autochtones du monde, une journée destinée à célébrer les contributions des 476 millions de peuples autochtones dans le monde, avec le thème du rôle des femmes autochtones dans la préservation et la transmission des savoirs traditionnels.

Alors que le monde est confronté à une double crise planétaire, celle de la perte de biodiversité et celle du changement climatique, les scientifiques et les décideurs politiques s'efforcent de trouver des solutions. Ils reconnaissent de plus en plus que les savoirs traditionnels des peuples autochtones et des communautés locales pourraient bien apporter des réponses et des solutions viables et rentables. Par exemple, les auteurs d'une récente évaluation environnementale nationale en Australie ont pour la première fois reconnu l'importance du savoir autochtone pour éviter les incendies catastrophiques, et un nouveau programme fédéral au Canada prévoit un financement pour les gardiens autochtones des côtes, reconnaissant leur savoir unique. Il s'agit d'un changement radical par rapport à un temps où les connaissances et les efforts des peuples autochtones étaient marginalisés ou discrédités.

La reconnaissance accrue de l'importance des savoirs autochtones sur le monde naturel s'inscrit dans le cadre d'une prise de conscience plus large de l'existence de failles à notre système capitaliste mondial - lesquelles, si elles continuaient à se développer, constitueraient une menace existentielle pour l'humanité. Le titre de la première page du Financial Times en 2019, « Capitalisme. Le temps pour une réinitialisation », est éloquent sur ce qu'il nous appartient d'accomplir : une transformation profonde du statu quo mondial sur la façon dont nous protégeons, restaurons et gérons les ressources naturelles, respectons les droits des autochtones, des femmes et des jeunes, et comment nous transformons nos systèmes commerciaux et économiques.

Cette année marque le 20e anniversaire du premier Prix Équateur, une initiative de partenariat dirigée par le PNUD qui reconnaît les peuples autochtones et les communautés locales du monde entier qui utilisent des solutions durables basées sur la nature pour répondre à leurs besoins de développement local. Rejoignant les 264 lauréats jusqu'à ce jour, les dix lauréats de cette année, sélectionnés parmi plus de 500 nominations provenant de 109 pays, représentent les profondes transformations sociales et économiques nécessaires pour réinitialiser notre trajectoire actuelle.

Cette année, la Journée internationale des peuples autochtones du monde vient à point nommé nous rappeler les profondes transformations qui doivent être opérées maintenant, ainsi que la nécessité d'encourager le rôle vital des femmes dans la transmission intergénérationnelle des savoirs au cœur de l'identité, de la culture et du patrimoine autochtones. Les lauréats du Prix Équateur de cette année sont la preuve que ces transformations sont déjà en cours et que des solutions efficaces fondées sur la nature et des pratiques traditionnelles dirigées par des femmes sont à portée de main.

Sauvegarder les droits autochtones, sauvegarder notre avenir

Le RED TICCA « Territorios de Vida en Argentina » est un consortium de peuples autochtones de toute l'Argentine qui conserve plus de 3,5 millions d'hectares de « territoires de vie », grâce au plus grand réseau de conservation autochtone et d'aires conservées du pays. Ce réseau leur permet de maintenir leurs droits légaux et de garantir l'intégration de leurs valeurs culturelles dans les politiques publiques.

Renforcer la résilience par la diversité des semences

L’Associação Rede de Sementes do Xingu, au Brésil, rassemble des femmes de 25 communautés autochtones et agricoles pour collecter et commercialiser plus de 220 espèces différentes de semences en vue d’une reforestation écologique à grande échelle de l’Amazonie et du Cerrado. Ce faisant, elles ont généré plus de 700 000 dollars de revenus locaux, renforçant ainsi l’autonomie financière des femmes autochtones dans toute la région.

Créer de nouveaux cadres juridiques pour une gouvernance inclusive des ressources naturelles

L'initiative Mbou-Mon-Tour, en République démocratique du Congo, a mis au point un système de conservation des écosystèmes dirigé par des peuples autochtones qui favorise la coexistence des peuples autochtones et des communautés locales avec les populations locales de bonobos, une espèce menacée, grâce à un cadre juridique de concessions forestières communautaires locales conçues pour protéger la biodiversité locale et respecter les coutumes locales.

Restaurer la nature, restaurer notre avenir

La Coordinadora Nacional para la Defensa del Ecosistema Manglar d'Équateur (C-CONDEM) encourage le reboisement communautaire des forêts de mangroves, en récupérant les zones déboisées par l'aquaculture industrielle et en promouvant un modèle alternatif d'utilisation durable et inclusive des terres. Cette initiative dirigée par des femmes a fait pression pour la restauration des mangroves à l'échelle nationale et mondiale, ce qui a contribué à la proclamation d'une Journée internationale de l'UNESCO pour la conservation des écosystèmes des mangroves.

Placer les femmes autochtones à l'avant-garde des efforts de conservation

L’Organización de Mujeres Indígenas Unidas por la Biodiversidad de Panamá, au Panama, est une organisation autochtone dirigée par des femmes qui renforce les capacités en matière de biodiversité, de changement climatique et de techniques de conservation traditionnelles, en mettant l’accent sur la protection des jaguars et la préservation de leur territoire et de leur culture.

Créer une génération de jeunes leaders autochtones

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Mauberema Ecotourism, Nature Conservation, Education Research & Training Center, dirigé par des jeunes, brise les barrières dans le domaine de la conservation en dirigeant un consortium d'organisations communautaires autochtones pour conserver leurs écosystèmes. Il s'associe à des universités locales pour encourager les jeunes autochtones à devenir les futurs agents de conservation en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Planifier un avenir positif pour la nature grâce à des plans et des lois sectoriels

L'Organisation Écologique des Lacs et de l'Ogooué du Gabon (OELO) a réussi à créer une solution durable pour la gestion des ressources en eau douce dans et autour du plus grand site Ramsar du Gabon - le Bas Ogooué - en créant le premier plan de gestion durable de la pêche en eau douce écrit par la communauté. Le plan, signé en 2018, a amélioré la vie des pêcheurs locaux et créé de nombreuses opportunités économiques alternatives dans la région.

Changer les récits sur les personnes et la nature

L'initiative Ocean Revolution Moçambique donne aux communautés locales entourant la baie d'Inhambane les moyens de jouer un rôle central en décidant de la meilleure façon de conserver leurs ressources marines. En encourageant la communauté à participer activement à ses efforts de conservation, l'organisation redéfinit l'écotourisme et réécrit le récit du rôle de la nature dans le développement local.

Créer une nouvelle économie respectueuse de la nature

Dans la région de Trincheira Bacajá, au Brésil, l'Associação Bebô Xikrin do Bacajá a mis au point un système de production durable d'huile de noix de coco. Les femmes Xikrin ont transformé le savoir ancestral de la communauté en une opportunité de génération de revenus qui finance la conservation de leurs terres.

Construire des chaînes d'approvisionnement durables centrées sur la communauté

La Sunkpa Shea Women's Cooperative du Ghana, une coopérative autochtone dirigée par des femmes, donne l'exemple de la production durable de commodités grâce à sa coopérative de production de beurre de karité. Le groupe a réussi à intégrer sa production biologique dans les chaînes d'approvisionnement internationales, tout en améliorant la vie de 800 femmes.

Renseignez-vous sur les lauréats sur le site Web de l'Initiative Équateur, et rejoignez-nous pour une célébration le 30 novembre dans le cadre du Nature for Life Hub.