Le PNUD et ONU Femmes lancent le nouvel outil COVID-19 Global Gender Response Tracker

28 septembre 2020

 

New-York – La majorité des pays de la planète ne déploient pas des mesures suffisantes pour atténuer l’incidence économique et sociale de la crise de COVID-19 sur les femmes et les filles, selon de nouvelles données publiées aujourd’hui par le PNUD et ONU Femmes dans l’outil COVID-19 Global Gender Response Tracker (en anglais).

L’outil de suivi, qui couvre plus de 2 500 mesures dans 206 pays et territoires, analyse spécifiquement les mesures gouvernementales sous l’angle de l’égalité des sexes dans trois domaines : celles qui s’attaquent à la violence à l’égard des femmes et des filles, celles qui soutiennent la prestation des soins non rémunérés et celles qui renforcent la sécurité économique des femmes.

Les résultats signalent que 42 pays, soit un cinquième (20 pour cent) des pays analysés, sont totalement dépourvus de mesures soucieuses de l’égalité des sexes en réponse à la COVID-19. 25 pays seulement, soit 12 pour cent des pays du monde, ont adopté des mesures couvrant ces trois domaines. Il peut s’agir de la mise en place de lignes d’assistance téléphonique, de refuges ou de réponses judiciaires pour contrer la montée de la violence à l’égard des femmes et des filles pendant la pandémie, de transferts d’argent liquide directement destinés aux femmes, de la mise en place de services de garde d’enfants ou de congés familiaux et de maladie payés.

« La crise de COVID-19 offre aux pays l’opportunité de faire évoluer leurs modèles économiques existants vers un contrat social renouvelé qui donne la priorité à la justice sociale et à l’égalité des sexes. Ce nouvel outil de suivi des interventions en matière d’égalité des sexes peut contribuer à accélérer la réforme des politiques en orientant les efforts et les financements nationaux sur les lacunes et en valorisant les meilleures pratiques », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD.

« Les femmes sont clairement affectées par la pandémie de COVID-19, qu’elles soient victimes de violence domestique en étant enfermées avec leurs agresseurs, soignantes non rémunérées auprès de leur famille et de leur communauté, ou travailleuses occupant des emplois dépourvus de protection sociale. Cet outil de suivi à caractère mondial assiste les gouvernements dans leur prise de décisions politiques en partageant les bonnes pratiques et en suivant les avancées réalisées dans les politiques en matière de soins et dans les mesures de lutte contre la violence à l’égard des femmes », a déclaré Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes.

Les nouvelles données indiquent que dans leur gestion de la crise de COVID-19, les gouvernements ont principalement concentré leurs actions liées aux inégalités entre les sexes sur la prévention et/ou la réponse à la violence à l’égard des femmes et des filles – ces mesures représentent 71 pour cent de toutes les actions identifiées, soit 704 mesures appliquées dans 135 pays. Sur ce total, 63 pour cent se concentrent sur le renforcement des services essentiels, tels que les refuges, les lignes d’assistance téléphonique et autres mécanismes de signalement. Mais seuls 48 pays, soit moins du quart des pays analysés, ont intégré les services liés à la violence à l’égard des femmes et des filles dans leurs plans d’intervention nationaux et locaux pour répondre à la COVID-19, et très peu d’entre eux ont financé ces mesures dans des proportions suffisantes.

Dans le même temps, la réponse à la crise pesant sur la protection sociale, la santé et l’emploi est restée largement indifférente aux besoins des femmes, comptabilisant seulement 177 mesures (10 pour cent du total) dans 85 pays visant explicitement à renforcer la sécurité économique des femmes, et moins d’un tiers des pays (60 au total) adoptant des mesures pour soutenir les prestations de soins non rémunérées et renforcer les services de soins aux enfants, aux personnes âgées ou aux personnes en situation de handicap.

L’outil de suivi révèle également que les interventions en matière d’égalité des sexes varient considérablement d’un pays et d’une région à l’autre.

L’Europe est la plus volontariste dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles et le soutien des prestations de soins non rémunérées, qui représentent près de 60 pour cent de l’ensemble des mesures de lutte contre la violence et 72 pour cent de l’ensemble des mesures de dispense de soins non rémunérées. Le continent américain compte le plus grand nombre de mesures visant à renforcer la sécurité économique des femmes, suivi par l’Afrique.

Quelques exemples positifs :

·       La Bosnie-Herzégovine a instauré un plan destiné à soutenir les organisations de la société civile qui gèrent des refuges ; et en Colombie et en Suède, des ressources financières ont été ou seront mises à disposition pour soutenir les femmes victimes de violences.

·       En réponse à la crise sanitaire, l’Argentine a augmenté les allocations familiales mensuelles ; l’Australie et le Costa Rica ont veillé à ce que les services de garde d’enfants restent ouverts malgré la fermeture des écoles ; l’AutricheChypre et l’Italie ont accordé un congé familial supplémentaire aux parents affectés par la crise et qui poursuivent leur activité professionnelle, et le Canadal’Espagne et la République de Corée ont accordé des prestations en espèces aux parents touchés par la fermeture des écoles et des garderies.

·       Des pays comme le Togo, la Géorgie et le Maroc effectuent des transferts en espèces ou des subventions aux femmes entrepreneurs et aux commerçantes informelles.

Recommandations formulées sur la base des résultats de l’outil de suivi

Les résultats démontrent que même lorsque les pays ont adopté un nombre impressionnant de mesures en faveur de l’égalité des sexes, celles-ci ne sont efficaces que si elles sont financées de manière adéquate et pérennisées dans le temps. Parmi les autres recommandations, on peut citer les mesures suivantes :

·       Les services d’intervention et de prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles doivent être gérés comme des services essentiels, devraient être financés en conséquence et faire partie intégrante des plans d’intervention nationaux et locaux pour répondre à la COVID-19 ;

·       Des mesures fiscales doivent être adoptées pour garantir que les femmes ne soient pas laissées pour compte dans la lutte contre la pandémie et dans la relance ; et

·       Les gouvernements doivent renforcer la participation active des femmes aux processus de direction et de prise de décisions dans le cadre de leurs interventions pour répondre à la COVID-19 et investir dans des données ventilées par sexe afin de garantir que les impacts de la pandémie, différenciés selon le sexe, soient identifiés et gérés efficacement.

Pour plus d’informations

ONU Femmes : Maria Sanchez, spécialiste des médias d’ONU Femmes

Téléphone : +16467814507 | Courriel : maria.sanchez@unwomen.org  | Courriel : media.team@unwomen.org

PNUD : Sangita Khadka, Spécialiste de la communication, Bureau du PNUD pour l’appui aux politiques et aux programmes

Téléphone : +12129065043 | Courriel : sangita.khadka@undp.org | Courriel : undp-newsroom@undp.org

Note aux éditeurs :

L’outil COVID-19 Global Gender Response Tracker est basé sur des informations accessibles au public, notamment des documents officiels, des enquêtes menées par des experts d’ONU Femmes et du PNUD dans le monde entier, et il s’inspire d’autres outils de suivi des politiques de COVID-19.

L’outil sera introduit lors d’une rencontre en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies par ONU Femmes et le PNUD, « From Recovery to Transformation: Launch of the COVID-19 Global Gender Response Tracker » le lundi 28 septembre, de 12 h 00 à 13 h 30 (heure de l’Est).

Cliquez ici pour plus d’informations.

Une fiche d’information mondiale et six fiches d’information régionales contenant les résultats détaillés de l’outil de suivi sont disponibles sur cette page web.