Déchets revalorisés et matériaux locaux : construire durablement autrement

29 janvier 2020

Hello World, c’est l’Accelerator Lab Togo avec une annonce : nous lançons un challenge. Par cet anglicisme, comprenez un appel à participation à une compétition en vue de faire émerger une solution innovante ou de qualité supérieure aux alternatifs disponibles. Tout est tellement plus catchy en anglais, non ?

Objectif : mettre en lumière toutes les solutions développées au Togo ou par un togolais pour construire des infrastructures d’habitation ou de transport à base de déchets réutilisés ou de matériaux locaux. Plus les solutions décelées s’inscrivent dans la durabilité et sont à la portée des bourses de nos concitoyens, mieux elles seront.

Pourquoi ? Parce que le togolais aime construire. On vous met au défi d’infirmer cette hypothèse. Et parce que, comme y aspire le Plan National de Développement dans son axe 3, tout togolais devrait pouvoir avoir « accès à un meilleur cadre de vie et à des logements décents » sans hypothéquer son avenir.

Les solutions ne manquent pas

On sait que des solutions existent. Lors de notre rencontre avec les équipes des Organisations non gouvernementales ENPRO et STADD, il y a eu mention de pavés autobloquants faits à base de déchets plastiques revalorisés. En Côte d’Ivoire, l’UNICEF construit des écoles avec des briques en plastiques issues de déchets.

On sait aussi qu’il existe des institutions vouées à identifier, tester et développer d’avantage des matériaux et techniques alternatifs de construction. Par exemple, l’Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs (ENSI) a expérimenté avec les maisons construites à partir de sons de riz. Un trésor nutritionnel méconnu en voie de devenir bientôt un joyau architectural ?

Le Centre de la Construction et du Logement (CCL) explore les moyens de minimiser les coûts en utilisant des agglomérés composés d’intrants proches ou provenant des sites de construction. Il produit d’ailleurs des blocs de terres comprimées ou encore des briques cuites à base d’argile rentrant dans l’édification des incinérateurs des centres médico-sociaux financés par l’Organisation Mondiale de la Santé.

L’ENSI et le CCL sont donc deux institutions expertes dans le domaine avec lesquels nous allons nous associer sur ce challenge pour nous aider à évaluer la qualité des solutions soumises sur la base du respect des normes de mélange entre liant et matériaux ou encore l’empreinte carbone desdites solutions sur l’environnement.

Construire dans la durée

Il est donc évident que nous pouvons construire autrement ; autre qu’avec le sable et le ciment. Il y a clairement des détenteurs de solutions qui n’attendent que l’opportunité de faire valoir leurs connaissances. Il y a surtout une volonté réelle d’acteurs de la recherche, de l’Etat voire du secteur privé de voir ce domaine de construction se développer au point de rentabilité.

Si le challenge, de prime abord est de faire concourir les porteurs de solutions et faire connaitre les matériaux et techniques alternatifs, à long terme les réels défis sont, d’une part, de vulgariser l’utilisation de ces matériaux localement disponibles et donc plus abordables, et d’autre part, promouvoir une politique de revalorisation des déchets et de promotion de la consommation / production locale.

Et si par cette compétition, nous arrivons à faire des émules dans le monde de la construction d’infrastructures d’habitation et de transport au Togo, alors l’Accelerator Lab aura réussi son pari de contribuer par l’innovation et dans une approche vraiment participative à cartographier les solutions les plus pertinentes pour accélérer l’atteinte des objectifs de développement ainsi que la réalisation du Plan national de développement.