PNUD - le Burundi trace sa feuille de route stratégique pour l'Intelligence Artificielle

28 novembre 2025
PNUD - Le Burundi trace sa Feuille de Route Stratégique pour l'Intelligence Artificielle

Participants de l'évaluation du paysage de l'Intelligence artificielle au Burundi

©UNDP Burundi/Gakuba Landry, 2025

Par GAKUBA Landry

Le Burundi a franchi une étape stratégique de sa transformation numérique en accueillant l'atelier national AILA/EPIA (Artificial Intelligence Landscape Assessment) du 25 au 27 novembre 2025 à Bujumbura. Cet événement a rassemblé des acteurs publics et privés, la société civile, des universitaires et des partenaires internationaux. L'atelier national AILA/EPIA marque une étape décisive pour l'intégration de l'IA dans la Vision Burundi 2040-2060

L'objectif principal était de diagnostiquer le niveau de préparation du pays en matière d’IA en validant collectivement les scores, les constats et les analyses issus des enquêtes, en identifiant les priorités nationales, en tenant compte des besoins sectoriels et des réalités institutionnelles, enfin en co-créant les premières initiatives structurantes, qui alimenteront ultérieurement la Stratégie Nationale d’IA. L'IA est considérée comme un puissant moteur capable d'accélérer la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), d'améliorer les services publics et de stimuler l’innovation. Pour le Burundi, l'enjeu est d'aligner ce développement sur sa Vision : pays émergent en 2040 et pays développé en 2060.

Des enjeux sociétaux et de gouvernance soulignés

Dans son discours d’ouverture, Mme Isidora Ntakiyiruta, Assistante du Ministre des Finances, du Budget et de l’Économie numérique, a insisté sur le rôle de l'IA comme un accélérateur majeur du développement, offrant des possibilités pour améliorer la gouvernance, les services administratifs, l'éducation, la santé et la performance économique nationale.

« Le Burundi, à l'instar de nombreuses nations, connaît aujourd'hui une accélération de sa transformation numérique, une dynamique essentielle pour atteindre sa vision : Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060. »

De son côté, Mme Rose Nitunga, Cheffe d’Unité Gouvernance et État de droit au PNUD Burundi, a rappelé que l'Intelligence Artificielle transforme profondément les économies et les systèmes sociaux. Elle a toutefois mis en garde, soulignant que l’IA peut aussi accentuer les inégalités, créer de nouvelles fractures numériques et soulever des défis éthiques considérables si elle n'est pas encadrée de manière inclusive et responsable.

« L’IA n’est pas uniquement une question technologique, c’est un enjeu de société, de gouvernance et de souveraineté nationale. », a souligné Mme Rose.

Une approche axée sur trois piliers

Comme souligné par Daisy Gladys Iteriteka, la Point focale IA au PNUD Burundi « l’approche AILA est cruciale pour un pays dans sa préparation et le développement en matière de l’IA et est articulée selon trois piliers fondamentaux : l'écosystème IA, son usage pour la gouvernance, ainsi que la réglementation et l'éthique. Il s'agit de co-créer des initiatives prioritaires avec les parties prenantes, de renforcer la coordination intersectorielle et, enfin, de produire une feuille de route concrète pour l'action et le financement. » 

L'atelier a utilisé l'outil AILA/EPIA du PNUD, conçu pour diagnostiquer la préparation des pays et co-créer des initiatives concrètes. L'approche AILA est fondée sur les trois piliers fondamentaux :

  • Écosystème IA : évaluation de la préparation générale du pays.

  • IA pour la gouvernance : identification des usages pour les services publics et la prise de décision.

  • Réglementation et éthique : gestion des risques et établissement d'un cadre légal.

La première journée a été consacrée dans un premier temps, aux présentations des différentes initiatives de transformations digitales en cours au niveau national, présentées par le Ministères des Finances, du Budget et de l’Economie Numérique. Par la suite, s’en est suivi la présentation des initiatives conduites par le PNUD pour accompagner le secteur public dans la digitalisation. En plus des présentations, l’équipe du PNUD a présenté, la méthodologie d’évaluation AILA, sa démarche participative, ainsi que les résultats préliminaires des premières consultations.  Les deux jours suivants ont servi aux travaux de co-création avec les parties prenantes, en identifiant des problèmes prioritaires avec des solutions recommandées. 

Dans un second temps, le PNUD a présenté les actions qu’il mène depuis plusieurs années pour appuyer la digitalisation du secteur public, notamment dans les domaines de l’e-gouvernement, de l’état civil numérique, de la justice digitale ou encore de la santé. L’équipe a ensuite introduit la méthodologie AILA (Artificial Intelligence Landscape Assessment), un cadre d’évaluation participatif permettant de mesurer la maturité d’un pays en matière d’intelligence artificielle. Cette présentation a été l’occasion de partager les premiers résultats issus des consultations préliminaires.

Les deux journées suivantes ont été entièrement consacrées à des sessions de co-création réunissant l’ensemble des parties prenantes : institutions publiques, secteur privé, organisations de la société civile, monde académique et experts techniques. Les discussions ont permis d’identifier collectivement les problématiques prioritaires, d’analyser les enjeux d’adoption de l’IA au Burundi, et de proposer des solutions concrètes pour renforcer les infrastructures, les compétences et la gouvernance des données.

Cet atelier a également servi à affiner le diagnostic du paysage numérique, à valider les critères de succès et à définir les grandes orientations d’une future feuille de route opérationnelle. Celle-ci servira de base pour guider les actions, les investissements et les partenariats nécessaires à l’intégration progressive et responsable de l’IA dans les secteurs clés du pays.

« Cet atelier est de grande importance pour le Burundi car il permettra de donner des propositions au Gouvernement et les différents acteurs du secteur sur la nécessité de mettre en place un cadre national de gouvernance encadrant le développement et l'utilisation responsables de l'IA. Et sur l'urgence de mettre en place de lois nationales encadrant le développement et le déploiement des solution IA de manière éthique, sûre et bénéfique pour la société. », témoigne Dr. Julius Niyongabo, participant à l’atelier.

Résultats clés et perspectives d'avenir

Après l’atelier, plusieurs résultats concrets sont attendus, visant à établir le socle de la future Stratégie Nationale en Intelligence Artificielle :

  • Diagnostic national clair : une note stratégique sur le niveau de l’IA au Burundi.

  • Poursuite des consultations pour approfondir certaines thématiques

  • Feuille de route et initiatives préliminaires 

  • Mobilisation : une mobilisation renforcée des partenaires techniques et financiers.

Le Gouvernement a réaffirmé sa volonté de collaborer étroitement avec les partenaires nationaux et internationaux pour faire du numérique un moteur central du développement socio-économique. L'engagement est de promouvoir l’intégration progressive de l’IA dans les secteurs clés pour bâtir un avenir sécurisé et prospère pour le Burundi.

« Nous sommes convaincus qu'elle représente une opportunité unique pour accélérer la transformation socio-économique du Burundi. Nous franchissons une étape importante du processus, avec la consolidation d’une feuille de route stratégique issue d’un travail collectif et participatif. Cette dynamique nous permettra d’élaborer une Stratégie Nationale de l’Intelligence Artificielle qui reflète fidèlement les réalités, les besoins et les priorités du pays, en cohérence avec les ambitions de la Vision Burundi 2040-2060.