Des solutions locales face aux problèmes de développement au Niger

10 mai 2021

 

Séchoir solaire de l’entreprise sahel sahara foods à Zinder (photos mars 2021)

 

Les populations locales déploient plusieurs innovations locales dans les domaines agricole, et environnemental.

En sillonnant les régions de Tahoua, Agadez, Maradi et Zinder au cours d’une mission de quinze (15) jours, l’Accelerator Lab du PNUD Niger y a découvert, notamment grâce à la pratique de Safari de solutions, l’existence de nombreuses solutions locales à des problèmes de développement.  

A Madaoua, Ourno et à Bouza, l’existence des variétés de semences améliorées de mil à cycle rapide comme le HKP ont été notifiées.

Dans la région d’Agadez, plusieurs pratiques innovantes ou idées de solutions ont été identifiées.

Il s’agit par exemple de l’introduction de la Nigelle (Nigella sativa ou cumin noir) dans la commune de Tabelot, connue pour ses vertus thérapeutiques par les communautés locales.

Et l’entreprise "l’Aïr les miracles" est aussi une autre entreprise qui œuvre dans le domaine de l’innovation locale dans la ville d’Agadez. Elle a conçu cinq solutions locales. La première innovation est l’appareil de détection des fuites de gaz. Cet appareil s’enclenche quand il y a des fuites de gaz ou un incendie. Il peut même avertir (appeler)le sapeur-pompier en cas d’incendie. Cette innovation peut bien jouer un rôle dans la prévention des incendies. La seconde innovation est un robot pour les enfants, une sorte de jouet qui a pour objectif principal d’amener les enfants à apprendre en s’amusant. Ce robot peut stimuler les enfants dans leur apprentissage. La troisième innovation est relative au système d’irrigation à distance. Il suffit de suffit biper l’appareil téléphonique pour déclencher le dispositif d’irrigation. L’arrosage se fait ainsi sans coût. L’appareil pourrait également signaler si une partie du jardin a besoin d’être irriguée.

Cette technique innovante d’irrigation peut alléger certaines difficultés des jardiniers en économisant du temps et d’énergie. C’est une innovation qui a reçu le prix du salon de l’agriculture et de l’élevage en 2019.

La quatrième innovation développée par cet innovateur d’Agadez est un logiciel qui permet d’assurer une assistance médicale aux malades hospitalisés. C’est un appareil qui permet à un patient d’appeler son médecin traitant en un clic de là où il est couché. Cet appareil peut assister un malade dans les situations d’urgence. La cinquième innovation est aussi relative à la sécurité. Celle-ci consiste à détecter tous mouvements suspects dans une boutique fermée. Cette innovation permet de savoir quand un voleur entre dans une boutique et avertit automatiquement le propriétaire de la boutique. Ce qui permettra de minimiser les risques de vol dans les boutiques.

En matière de la gestion des déchets plastiques, un jeune innovateur aide les autorités communales de la ville d’Agadez à transformer les déchets plastiques en chaises, bureaux ou pavés.

Dans la région de Zinder, la mission a rencontré le responsable régional de l’Association Nigérienne pour la Promotion de l’Invention et de l’Innovation (ANPII). Cet innovateur a plusieurs années d’expérience. L’essentiel de ses œuvres est relatif aux matériels culinaires et agricoles. Il s’appuie aussi sur les innovations industrielles pour créer des matériels adaptés à leur environnement, à leur mode de vie. Il s’agit par exemple de séchoir solaire, de four à charbon, des moules pour le modelage des pâtes de sucre, etc.

L’entreprise « Sahara Sahel Foods » contribue beaucoup à la promotion des innovations locales dans la région de Zinder. Elle développe deux techniques innovantes. Il s’agit d’une part de la transformation des produits d’arbres indigènes et la propagation des plantes vivaces indigènes par le semis directs d’autre part.

D’une part, l’entreprise transforme et valorise des fruits, graines et feuilles des espèces d’arbres alimentaires indigènes comme le Hanza (Boscia senegalensis), le Dania, le aduwa ou garbey (Balanites aegyptiaca, le Faru (Lannea microcarpa), le Kurna (Ziziphus spina-christi), le Magaria (Ziziphus mauritiana), le Gawasa (Neocarya macrophylla, etc. Ces espèces végétales sont environ au nombre de quelques douzaines dans leur ensemble. Elles ont des saisons de récoltes décalés, permettant de créer de l’activité en milieu rural tous les mois de l’année.

Les aliments d’arbres transformés, bien qu’ayant été utilisés dans l’histoire, ont été abandonnés en temps modernes et souvent fortement stigmatisés comme aliments de pénurie et de famine.
Cette initiative reprend ces aliments oubliés, méprisés d’arbres indigènes saharao-saheliens à morphologie souvent épineuse et ratatinée, et à saveurs bruts souvent sérieusement amères, afin de les transformer en aliments de qualité pouvant être appréciés comme des délices et pratiques à consommer pour l’homme du 21ème siècle.

 

La Bouillie de Hanza aux Fruits (photo avril 2021)

 

D’autre part, l’entreprise « Sahara Sahel Foods » participe à la propagation des plantes vivaces indigènes par le semis directs. C’est une technique simple mais précise, qui mimique les conditions de propagation des plantes naturelles, en respectant la génétique sauvage des plantes, ne demandant ni irrigation, ni engrais. Elle permet de faire pousser des arbres et d’autres espèces vivaces indigènes à moindre coût, et fonctionne particulièrement bien sur les terres agricoles pour les fins d’agroforesterie.

Le semis direct est une technique de reboisement très adaptée aux zones arides, parce qu’elle permet l’épanouissement du système racinaire, essentiel à l’adaptation de la plante à son milieu.
La technique développée par Rewild.Earth est basée sur 35 ans de recherches sur les types d’espèces qui peuvent être établies, les configurations d’ensemencement, les profondeurs de semis, les traitements de semences, les modes et durées de conservation des semences et bien d’autres paramètres. Elle a permis de trouver les techniques optimales pour reboiser les champs de culture céréalières avec des essences indigènes, sans nécessiter irrigation ni engrais, et à bas coût, tout en conservant la diversité génétique naturelle des espèces. Plus de 100 espèces différentes ont été expérimentées. Ces espèces sont ensuite de grandes valeurs alimentaires, économiques et écologiques, permettant de renforcer la résilience et la sécurité alimentaire, diversifier l’alimentation, protéger la biodiversité, séquestrer le carbone et reverdir des terres dégradées.

 

La propagation des plantes vivaces indigènes par la technique du semis direct(photo avril 2021)

 

Le groupement féminin Gaalo de la ville Zinder est aussi très dynamique dans la transformation des produits agricoles. Ces femmes ont initié des techniques innovantes dans la conservation de la tomate fraiche, le séchage, la conservation des légumes et la transformation du haricot en farine ou en couscous.

Dans la région de Maradi, la mission a également découvert plusieurs pratiques innovantes. Il s’agit par exemple, de l’utilisation du gaz butane pour les motopompes en lieu et place de l’essence. L’utilisation du gaz butane est plus économique que l’essence pour le producteur.

Les femmes de Maradi sont également très actives dans la transformation des produits agricoles. Elles sont réunies au niveau du centre Godiya de Maradi. Elles font des farines enrichies pour l’alimentation des enfants, la fabrication des jus à partir des plantes locales, la fabrication du savon et la transformation du moringa.

La mission de cartographie des solutions a permis de constater les potentialités qui existent dans les régions de Tahoua, Agadez, Maradi et Zinder. Il reste maintenant à finaliser le processus de la cartographie de toutes ces innovations déjà identifiées d’une part et monitorer (activité de veille) les activités des innovateurs pour identifier les innovations porteuses de solutions sur toute l’étendue du territoire national d’autre part.