À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, célébrons l’alchimie de la farine, de l’eau, de la levure et du sel.
Le pain, c’est la vie
15 octobre 2025
Le pain occupe une place sacrée dans de nombreuses religions et cultures du monde en tant que marqueur de fertilité et de renouveau.
Le pain a longtemps été étroitement lié à la nature humaine. Les hommes du Néolithique ont commencé à mélanger et à cuisiner des céréales sauvages et de l’eau il y a environ 14 000 ans, soit 4 000 ans avant l’avènement de l’agriculture.
Dans les centaines de formes sous lesquelles il se présente, qu’il s’agisse par exemple de l’injera, de la pita, de la baguette, de la naan, de la tortilla ou de l’arepa, le pain est un puissant symbole de vie, de fraternité et de communauté.
Le pain était utilisé comme monnaie d’échange dans l’Égypte ancienne ; il déterminait strictement le statut social dans l’Europe médiévale ; et il a façonné l’histoire.
Les Romains de l’Antiquité appelaient l’épeautre (Triticum spelta) « le grain de la marche » en raison de sa teneur élevée en protéines hautement nutritives, idéales pour nourrir les armées en mouvement. Les prix injustes du pain ont été l’un des principaux points de départ de la Révolution française de 1789.
Cela dit, le pain représente bien plus que la simple subsistance. Il occupe une place sacrée dans de nombreuses religions et cultures du monde en tant que marqueur de fertilité et de renouveau.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, nous rendons hommage aux personnes qui fabriquent le pain et qui, ce faisant, nourrissent leurs communautés et perpétuent notre patrimoine et nos traditions anciens, tout en s’adaptant à des temps difficiles et en mutation.
République de Moldova
Ivan Cernicenko a ouvert « Le Pain d’Ivan » il y a six ans à Tiraspol, dans le sud de Moldova. Chaque produit est fabriqué avec le plus grand soin, uniquement à base d’ingrédients naturels.
À cause des crises régionales de ces dernières années, Ivan a failli jeter l’éponge à plusieurs reprises. Le soutien financier et l’encadrement de l’Union européenne et du PNUD lui ont apporté les ressources et l’impulsion dont il avait besoin pour poursuivre son activité.
Un four à haut rendement, un réfrigérateur pour la fermentation à froid et une étuve de fermentation lui ont permis de lancer une nouvelle gamme de produits sans levure et sans gluten pour répondre à la demande croissante de nouveaux clients.
« Le financement de l’Union européenne représente une aide immense sans laquelle je n’aurais pas pu moderniser mon processus de production tout seul », dit Ivan.
Ivan Cernicenko a ouvert « Le Pain d’Ivan » il y a six ans à Tiraspol, dans le sud de Moldova. Le soutien financier et l’encadrement de l’Union européenne et du PNUD lui ont apporté les ressources et l’impulsion dont il avait besoin dans cette entreprise.
La boulangerie « Le Pain d’Ivan » innove constamment pour répondre à la demande de ses clients en proposant de nouveaux produits sans levure et sans gluten.
« Notre pain est délicieux. Il a un arôme et un goût qui lui sont propres et qu’on ne retrouve pas dans le pain proposé dans les commerces. »– Ivan Cernicenko
Syrie
Qu’il s’agisse de la pita, du tannour ou du marouk – cette galette sucrée généralement associée au mois sacré du Ramadan –, le pain joue un rôle essentiel dans la société et la culture syriennes.
Et à Al Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, la tradition est la pierre angulaire de la boulangerie que trois amis, Hawas, Maher et Mansour, ont ouverte par défiance face à l’insécurité alimentaire, à l’instabilité économique et à la baisse de la production locale de blé.
Avec des familles à nourrir et des problèmes de chaîne d’approvisionnement à résoudre, Hawas, Maher et Mansour ont trouvé un nouvel élan pour leur boulangerie dans le soutien que leur a apporté le PNUD et le Gouvernement japonais.
« Nous avons appris tout ce qu’il faut savoir pour créer et gérer une entreprise. Le matériel et le loyer étant garantis grâce au projet, nous étions prêts à nous lancer », explique Maher.
Trente-trois boulangeries sont également en train d'être rénovées et équipées dans toute la Syrie dans le cadre d'une nouvelle initiative du PNUD avec le concours du Centre d’aide humanitaire et de secours Roi Salmane. Le projet, financé à hauteur de 5 millions de dollars et qui a permis d'augmenter la capacité de production de 265 à 473 tonnes par jour, bénéficiera directement à environ 1,4 million de personnes dans huit des 14 gouvernorats de la Syrie, notamment dans les zones à forte concentration de déplacés internes, de rapatriés et de populations vulnérables.
De gauche à droite : Mansour, Ahmad, Maher et Hawas présentent les produits de leur travail dans leur boulangerie à Al-Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie.
Maher et Hawas apportent les dernières touches à des pains traditionnels syriens avant la cuisson. Leur entreprise a bénéficié d’un soutien au démarrage de la part du PNUD et du gouvernement du Japon.
« Cela fait maintenant cinq ans que je fais dans la boulangerie. Ce n’est pas facile, mais je le fais pour ma famille. »– Maher
Cuba
Le pain cubain, ou « pan cubano », est similaire au pain français ou au pain italien. Idéal pour les sandwichs, il peut être confectionné avec du saindoux, qui donne à sa mie une texture riche et dense.
Mais l’essentiel du blé de Cuba est importé, et les produits du pays peuvent contenir du gluten, qui n’est pas digeste pour certaines personnes.
Gabriel Pérez, qui a une ferme agricole tout juste à la périphérie du quartier Guanabacoa à La Havane, a trouvé une solution à ce problème en expérimentant des farines artisanales à base de riz, de manioc, de plantain et de noix de coco. Pour son travail, il bénéficie du matériel et de fournitures offerts par le PNUD et l’Agence italienne de coopération au développement.
Gabriel et son équipe comblent de manière vitale un vide sur le marché, et ses farines de haute qualité à grains fins sont largement recherchées par les personnes atteintes de la maladie cœliaque et celles qui apprécient la bonne nourriture.
Gabriel considère par ailleurs les sous-produits de son travail comme une autre façon de contribuer à sa communauté.
« Nous apportons notre soutien en partageant les ressources que nous produisons dans notre petite ferme. Nous faisons don de l’huile de coco pour traiter les brûlures et de l’amidon de manioc pour les éruptions cutanées sur les jambes des bébés. Nous créons des emplois et nous partageons nos connaissances », dit Gabriel.
Gabriel Pérez, agriculteur à la périphérie du quartier de Guanabacoa à La Havane, produit des farines artisanales à base de riz, de manioc, de plantain et de noix de coco.
Gabriel comble de manière vitale un vide sur le marché, et ses farines de haute qualité à grains fins sont largement recherchées.
« Pour nous, la priorité, ce sont les rapports de bon voisinage »– Gabriel Pérez
Honduras
Dans la petite boulangerie de la région d’Ojojona au Honduras, la leader communautaire Evelyn Cerrato Gonzáles et ses collègues transforment la farine en délicieuses semitas, un pain doux enrobé de sucre, ainsi qu’en petits pains et en biscuits.
Les femmes ont également acquis des compétences en organisation et gestion communautaires, qu’elles mettent en pratique dans leur boulangerie et à contribution dans l’entretien et la protection des forêts qui les entourent, en veillant à ce que le bois utilisé dans leurs fours soit récolté de manière durable.
Le projet est soutenu par le PNUD et le Secrétariat aux ressources naturelles et à l’environnement avec un financement du Fonds pour l’adaptation.
« Avant, nous dépendions de l’homme. S’il ne ramenait pas de quoi manger pour la maisonnée, alors nous ne pouvions rien faire. Cette initiative est très importante pour nous parce que nous pouvons maintenant contribuer pour la famille, et en tant que femmes, nous sommes indépendantes ; si nous avons besoin de quelque chose, nous savons où l’obtenir », dit Evelyn.
Une petite boulangerie gérée par des femmes dans la région d’Ojojona, au Honduras, offre une grande variété de pains et de biscuits, et ses propriétaires entretiennent durablement la forêt environnante, qui leur sert également de source de combustible.
Dans la région d’Ojojona, au Honduras, des femmes ont appris à transformer la farine en délicieuses « semitas », petits pains, biscuits et autres gourmandises qu’elles vendent à leurs voisins.
« [Cette initiative de boulangerie] nous a beaucoup aidés dans cette communauté, car ici il n’y a pas d’emploi pour les hommes ou les femmes. Les hommes travaillent dans l’agriculture et cela les aide ; mais en tant que femme, vous n’avez pas d’options pour soutenir financièrement votre famille. »– Evelyn Cerrato Gonzáles
Ukraine
La paska est un pain sucré à base d’œufs et de levure spécialement conçu pour Pâques, la plus grande fête religieuse d’Ukraine.
Le projet ukrainien Soul of Soil (en français, « Âme du sol ») permet de récupérer des terres déminées et de les utiliser à nouveau pour cultiver du blé dans ce qui demeure l’un des plus grands pays producteurs de blé au monde.
Kateryna Ohuryaeva, directrice marketing de la chaîne de magasins Silpo, fabrique son propre pain tous les jours et comprend ainsi la valeur des céréales ukrainiennes, cultivées malgré la guerre.
« C’est notre façon de dire aux gens qui redonnent vie aux territoires désoccupés : nous savons, nous apprécions et nous sommes infiniment reconnaissants », dit Kateryna.
Doux et sucré, le pain ukrainien conçu pour Pâques, appelé « paska », occupe une place centrale dans la plus importante fête religieuse du pays.
Les Ukrainiens récupèrent les terres déminées pour y cultiver et exporter à nouveau du blé, malgré le conflit.
« Avec l’aide des master class sur la fabrication du pain de Pâques, nous voulons dire à nos invités — non pas à travers des textes et des chiffres, mais par une expérience partagée — la vraie valeur du pain confectionné avec de la farine provenant de champs déminés »– Kateryna Ohuryaeva