Renaître de ses cendres au Nord Kivu
12 mai 2025
Francine se tient devant la tente qu'elle a construite sur les cendres de sa maison après être retournée dans son village du Nord-Kivu il y a quelques semaines. Leader et survivante, elle continue de soutenir sa communauté alors qu'ils se reconstruisent après la dévastation
Francine se tient droite, devant une tente plantée sur ce qui fut autrefois sa maison. Tout autour d’elle, des cendres. Mais dans son regard, une détermination brûlante. Elle est de retour à Kimoka, son village du Nord-Kivu, après des mois d’errance, de peur et de perte.
Ce retour, elle l’a partagé avec ses voisins. Ensemble, ils ont repris cette route incertaine et n’y ont plus trouvé que les vestiges de vies interrompues : des maisons réduites à néant, des champs occupés ou saccagés, des commerces partis en fumée.
Kimoka n’était plus un village, juste un souvenir blessé.
Avant les multiples vagues de violence qui ont secoué l’est de la République démocratique du Congo, Francine était une force tranquille. Présidente de l’Association villageoise d’épargne et de crédit Faida Yetu « notre intérêt », elle pilotait une initiative de microcrédit qui soutenait près de 400 personnes, dont plus de 300 femmes. Grâce à de petits prêts, ces femmes achetaient des terres, lançaient de petits commerces, faisaient tourner des moulins ou cousaient des vêtements à vendre. « Beaucoup d’hommes n’avaient pas de travail. C’étaient les femmes qui faisaient vivre les foyers », explique-t-elle.
Mais le 11 février 2024, tout bascule. Une nouvelle flambée de violence force Francine et ses voisins à fuir. Encore. Et encore. Cinq fois. Chaque fuite est une déchirure. Ils abandonnent couvertures, casseroles, économies, n’emportant avec eux que leur courage.
Une femme déplacée et son enfant dans la cour d'une école de Sake, au Nord Kivu, où plus de 1 000 personnes ont trouvé refuge. La nuit, elles dorment dans les salles de classe. Pendant la journée, elles attendent sous le soleil dans la cour tandis que les enfants de la communauté hôte utilisent l'école.
Dans les camps de déplacés, la vie est rude. Trop peu d’eau, de nourriture, de sécurité. Des femmes agressées en cherchant du bois. Des enfants morts de faim ou de maladie. Pourtant, Francine ne baisse pas les bras. Elle rassemble, elle organise. Même là, elle crée des groupes de solidarité, pour que personne ne soit seul.
« Nous n’avions rien. Mais nous nous sommes accrochées les unes aux autres. »
Quand les combats atteignent Goma, le camp est démantelé. Francine doit retourner à Kimoka. Mais elle ne revient pas seule. D’autres femmes l’accompagnent, animées par la même volonté : reconstruire, ensemble.
« Nos maisons sont parties. Nos champs aussi. Mais notre force, elle, est intacte. Et nous allons la faire pousser ici, à nouveau. »
Ce retour est fragile. Sans appui, tout peut s’effondrer. C’est là que le PNUD intervient : pas seulement pour l’urgence, mais pour l’avenir.
Le PNUD vient de lancer un plan de réponse à la crise à l’Est de la République démocratique du Congo, qui prévoit, entre autres :
🔹 des abris pour les déplacés dont les maisons ont été endommagées
🔹 des semences et des outils pour faire renaître les cultures
🔹 un soutien pour relancer les activités économiques des femmes
Francine et les femmes de sa communauté sont bien plus que des survivantes. Elles sont des bâtisseuses d’espoir. Des femmes qui croient encore, là où tout semble détruit. Ce qu’elles attendent aujourd’hui, c’est un partenaire qui croit, lui aussi, en un lendemain possible.
Patrick d’Oliveira, Chef du sous-bureau du PNUD à Goma, s’entretient avec les membres du comité des femmes qui sont récemment revenues dans leur village, désormais réduit en cendres. Ensemble, ils discutent de ce qu'il est nécessaire de faire pour reconstruire des vies, des moyens de subsistance et de l’espoir.