YIMBA, L’EXPLORATION DIGITALE AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT

10 janvier 2023

Consultante et agents du PNUD échangeant lors de la présentation du logiciel

PNUD | Côte d'Ivoire

« Si le PNUD envisage à l’horizon 2030 d’accélérer et d’intensifier considérablement les résultats en matière de développement en soutenant les pays dans le changement, il revient aux bureaux pays de prendre des initiatives innovantes pour réimaginer et améliorer l’accompagnement au développement. Le bureau pays du PNUD Côte d’Ivoire très attaché à l’innovation a rêvé l’application digitale YIMBA comme outil d’aide à la décision pour plus d’inclusion et pour ne laisser personne de côté. YIMBA est née pour contribuer à transformer le regard sur l’environnement et à intégrer toutes les émotions, perceptions et analyses. »

 

1. Au commencement…

 

Au commencement, le bureau pays du PNUD Côte d’Ivoire, au service des peuples et des nations, voulait systématiquement, tenir compte dans ses interventions, des préoccupations réelles des populations.
Dans la pratique, le PNUD inscrit son action dans le Plan Cadre des Nations Unies pour l’assistance au développement de la Côte d’Ivoire (CPU), arrimé sur les priorités nationales décrites dans le Plan National de Développement (PND). Son Programme de coopération avec le Gouvernement (CPD) est ensuite mis en œuvre à travers des projets de développement.

Dans cette logique, le PNUD a organisé un atelier pour revisiter la feuille de route pour l’élaboration du CPD 2021-2025, proposer une théorie du changement et s’accorder sur les principes qui doivent guider le développement du prochain programme de coopération 2021-2025, tenant compte de l’évolution du contexte marqué par la crise de la COVID-19.

Il y avait comme d’habitude, des experts, des élites, des rencontres avec l’ensemble des parties prenantes du cadre de coopération. Nous sommes en 2020.
Or, à partir de 2019, l’Accelerator Lab se mouvait désormais dans le contexte. 2020 est donc l’année où l’Accelerator Lab du PNUD déroule sa batterie d’outils pour rompre avec les pratiques classiques. S’appuyant sur son principe de tenir compte des publics non évidents, l’équipe entreprend d’emprunter une voie moins conventionnelle. L’équipe réalise donc une exploration à partir de l’analyse émotionnelle des réseaux sociaux pour apporter sa contribution active à la détermination des priorités nationales.

L’idée était de s’enquérir des préoccupations et priorités réelles des populations et de s’assurer qu’elles coïncident avec les axes identifiés par les pouvoirs publics.
L’analyse réalisée avec l’appui de blogueur.euse.s de renom et de professionnel.le.s du digital permet de recueillir les avis de centaines d’internautes, utilisateur.trice.s des réseaux sociaux principalement Facebook.

Ces personnes composées de femmes et hommes, de jeunes et d’adultes, avec ou sans emploi, retraitées et actives, ont partagé, comme l’indique le diagramme leurs priorités dans quatorze (14) domaines que sont: l’éducation, la santé, la sécurité, l’emploi et l’entrepreneuriat, la bonne gouvernance, le civisme et le patriotisme, l’eau et l’électricité, les infrastructures, l’immobilier, la digitalisation de l’administration, l’industrialisation du secteur agricole, le genre et l’égalité des sexes, la gestion foncière et la paix sociale.

La partie nationale émerveillée par ces résultats, vit que l’approche était pertinente parce que les résultats de cette méthode dite non conventionnelle cadraient parfaitement avec les priorités identifiées par le Ministère du Plan et du Développement ainsi que le secteur privé et prenaient en compte toutes les préoccupations des organisations de la société civile. Les partenaires s’accordèrent sur la nécessité de la poursuivre pour enrichir des démarches classiques.

Les conclusions de cet atelier allèrent jusqu’à recommander expressément que l’Accelerator Lab soit désormais sollicité par les différents acteurs nationaux dans l’élaboration du prochain CPD et des stratégies en vue d’un développement plus inclusif en Côte d’Ivoire.

L’intervention de l’Accelerator Lab, à l’atelier sur le CPD a également permis de rectifier l’image du PNUD auprès de certains partenaires qui estimaient qu’il ne prenait pas en compte le point de vue des populations dans l’élaboration de ses différentes stratégies.

 

2. Mais l’Accelerator Lab demeurait partiellement satisfaite

 

Pendant que toutes les parties prenantes approuvaient cette nouveauté, l’Accelerator Lab, toujours en quête d’innovation, se rendit compte que la réalisation manuelle de cette exploration présentait encore des limites.

Son besoin était certes d’identifier les préoccupations et les centres d’intérêt des populations en temps réel mais il lui fallait dans cette exploration des réseaux sociaux, de relever à travers un plus grand nombre de posts, les sujets qui intéressent, les commentaires qui sont faits mais aussi d’avoir la possibilité de lancer un débat pour recueillir un plus grand nombre de réponses au-delà des cercles d’amis individuels qui sont trop restreints.

La collecte de données telle que pratiquée à partir des réseaux ne touchait que des personnes présentes dans un cercle de personnes proches. Il importait d’élargir le champ de la collecte en spécifiant des indices liés à des thématiques, des défis, des périodes, des centres d’intérêts, situation socio-politique ou socio-économique.
De plus, l’équipe rêvait de collecter automatiquement les données des réseaux sociaux pour sortir de cette collecte manuelle harassante.

Par ailleurs, les réseaux utilisés étaient essentiellement Facebook et Twitter. Il fallait augmenter le nombre de plateformes de recherche et résoudre la difficulté d’aller au-delà d’autres réseaux. Il convenait d’automatiser les statistiques des données collectées en temps réel pour obtenir entre 10.000 et 20.000 mentions par mois et aussi d’analyser les émotions face à une thématique donnée.
Alors, l’équipe retourna dans son laboratoire en se demandant comment simplifier cette analyse ? Comment aller au-delà de cette recherche manuelle ? Comment toucher un plus grand public ?

Et si on l’automatisait ? Et si on la digitalisait ?
Elle organisa une session d’intelligence collective avec sa plateforme de spécialistes du digital et Eurêka ! Cette rencontre rassura sur le fait que les préoccupations pouvaient être résolues avec le digital et l’intelligence artificielle.

 

3. Que la lumière soit… et la lumière fut !

 

La consultante présentant l'application YIMBA

PNUD | Côte d'Ivoire

Un appel d’offres fut alors lancé pour recruter une consultante afin de créer une plateforme digitale pour l'analyse émotionnelle des médias et réseaux sociaux comme outil de « sense making » et d’intelligence collective.
Le PNUD appela sa plateforme digitale YIMBA avec :

  • Y comme Yeux,
  • I comme Intelligents,
  • M comme Multiples sources de données,
  • B comme Bouger les lignes dans l’analyse du contexte et
  • A comme Accélération.


C’est une plateforme avec une triple fonctionnalité : (1) Écoute sociale et veille instantanée, (2) rapports et analyses, (3) interaction avec les internautes.

En réalité, Yimba désigne « l’œil » en langue locale Baoulé.
A travers YIMBA, le PNUD :

  • Se donne des Yeux pour observer, analyser et interagir avec son environnement au quotidien pour construire une relation. L’application dispose d'un générateur de requêtes pour aider à combiner des mots-clés et des opérateurs sans avoir à vous soucier des règles de combinaison. Nous pouvons aussi sélectionner les filtres de suivi pour affiner davantage nos recherches par source, pays et langue.
  • Opte pour des yeux Intelligents : Avec Yimba, c’est l’intelligence artificielle qui explore et qui collecte les données en fonction des centres d’intérêts de l’entité qui mène la recherche
  • Utilise de Multiples sources de données : YIMBA permet d’écouter et suivre en temps réel, des milliards de conversations en ligne sur les réseaux sociaux (Facebook, Linkedin Twitter et Instagram), les blogs, les foras ou sur les sites d’actualités. Avec YIMBA, nous allons au-delà de nos cercles d’amis.
  • Fait Bouger les lignes dans l’analyse du contexte : Il est question donc d’explorer les réseaux et médias sociaux pour relever les posts, les sujets qui intéressent, les commentaires, la source des commentaires, les régions ou pays, les sentiments exprimés pour un sujet, un article ou une publication, les termes utilisés, les hashtags, la démographie de l’audience (genre, âges, professions, institutions, les personnes physiques ou morales qui influencent le plus sur le sujet, etc). YIMBA permet aussi de lancer un débat pour recueillir un grand nombre de réponses
  • Et se positionne dans une dynamique d’Accélération : Avec YIMBA, dès qu’une alerte ou requête est lancée, l’on peut collecter aussitôt au moins 5000 commentaires ainsi que des émotions. Des statistiques sont produites, des rapports sont automatiquement et rapidement générés et transmis ou peuvent être programmés pour être envoyé par courriel par jour, par semaine ou par mois, selon les options choisies pour ce qui est des périodicités de réception. Ces rapports sont transmis en format HTML, Powerpoint, PDF, etc. YIMBA permet enfin de publier et programmer des contenus pertinents depuis une seule plateforme.


Le PNUD vit que cela est très bon. YIMBA facilite désormais l’exploration et l’analyse et contribue ainsi au processus de prise de décisions pertinentes pour une meilleure gouvernance et un développement plus durable.