Sur le Mont Ntringui, chaque pas est un engagement: Portrait d’Abdouroihamane, éco-garde à Ouzini

15 août 2025
Person planting a young seedling in a green, grassy area, wearing a blue shirt and cap.

Sur les hauteurs brumeuses du Mont Ntringui, à Anjouan, un homme sillonne la forêt avec patience et détermination. Il s’appelle Abdouroihamane Omar, il a 33 ans, et depuis 2017, il est l’un des piliers de la protection de cet écosystème unique. Affecté au site d’Ouzini, il incarne cette nouvelle génération d’éco-gardes engagés dans la défense de la biodiversité comorienne.
« En grandissant à Dindri, j’ai vu la nature se dégrader. J’ai compris que je ne pouvais pas rester spectateur. J’ai choisi d’agir. »
Et agir, il le fait chaque jour. Patrouilles forestières, contrôle des activités humaines, lutte contre les feux ou le braconnage, suivi d’espèces rares comme le maki, le pigeon des Comores, ou les plantes endémiques Tambourissa comoriensis et Khaya comoriensis... Abdouroihamane est sur tous les fronts.
Depuis l’implantation du projet RNAP 2 (Renforcement du Réseau des Aires Protégées), appuyé par le Gouvernement comorien, le PNUD et le FEM/GEF, le travail des éco-gardes a pris une autre ampleur.
« Avant, on manquait de moyens. Aujourd’hui, grâce au projet, on a des outils de suivi, des formations, et surtout un cadre structurant qui nous valorise. »
Le RNAP 2 ne se contente pas de renforcer la conservation sur le terrain. Il encourage aussi la collaboration avec les ONG, les comités villageois et les techniciens du parc. Pour Abdouroihamane, cette approche intégrée est essentielle: « Protéger la forêt, ce n’est pas le travail d’un seul homme. C’est un travail d’équipe, avec la communauté. »
Le métier n’est pas de tout repos. Le manque d’équipements, la pression humaine, la nécessité de sensibiliser en continu : autant de défis quotidiens. Mais l’éco-garde garde la foi. Une anecdote le marque encore : le jour où un maki capturé a été relâché grâce à la collaboration des villageois.
« Ce jour-là, on a senti que notre travail portait ses fruits. Les gens ont compris, ont agi. C’est ce qui me motive à continuer. »
Abdouroihamane rêve de forêts restaurées, d’espèces sauvées, et surtout d’une population consciente de la richesse de son environnement. Il milite pour plus de sensibilisation dans les écoles, plus de projets durables pour les jeunes, et une vraie reconnaissance du métier d’éco-garde.
« Ce n’est pas un métier par défaut. C’est un engagement. Une responsabilité. Une source de fierté. »
À ceux qui hésitent, il dit simplement : « Si tu aimes la nature et que tu veux protéger ce que nous avons de plus précieux, alors deviens éco-garde. C’est un métier qui demande du cœur. Mais il donne un vrai sens à la vie. »
Et de conclure, les yeux posés sur la canopée du Mont Ntringui : « Protéger la nature, c’est protéger notre avenir. »