Sortir les femmes de l’isolement, principale voie de sortie de la pauvreté

27 juillet 2023
PNUD-autonomisation socio-économique des femmes rurales

Une femme leader partage aux autres des messages sur l'autonomisation socio-économique de la femme

©UNDP Burundi/Aaron Nsavyimana, 2023

Par NSAVYIMANA Aaron

Dans Rusaka, province Mwaro, elles sont 1346 exerçant le petit commerce avec le soutien financier et opérationnel du projet d’appui à l’autonomisation socio-économique des femmes du PNUD. Nous avons rencontré certaines d’entre elles à Nkundusi qui affirment que « tout commence par sortir de l’isolement, changer de mentalités et oser entreprendre une activité, se mettre en symbiose avec les autres et la voie de s’échapper de la pauvreté se trace ». Auparavant, la majorité d’entre elles n’a jamais rêvé   qu’elles vont se retrouver un jour dans le monde du commerce qu’elles croyaient plutôt réservé aux hommes et autres femmes dites « éveillées ». 

La première chose est la plus grande que nous a apporté le PNUD a été de nous sensibiliser pour sortir de notre isolement, d’oser entreprendre et de ne pas nous sous-estimer en tant que personnes sans moyens d’assurer une survie correcte pour nous-mêmes et nos familles. Il nous a aussi mises ensemble, ce qui nous a permis de surmonter la peur et d’autres barrières psychologiques qui nous faisaient nos propres prisonnières, témoignent ces femmes. Aujourd’hui, nous avons changé de comportement, le changement intervenu dans notre façon de faire en sortant de notre isolement est la principale voie de sortie de la pauvreté, renchérissent-elles.

Dans ce projet, le PNUD a donné à chaque femme, par voie de transfert monétaire électronique, 120.O00 FBU pour entreprendre une activité génératrice de revenus. Avec ce capital, la quasi-totalité s’est lancée dans le petit commerce.

Comme l’affirme Ange Muyubira, de Kazozah, une organisation qui s’occupe de leur encadrement, un changement tangible s’observe chez ces femmes ; 1O86 parmi elles ont été formées sur la gestion de l’argent et de groupements tandis que 220 parmi elles ont appris comment monter un plan d’affaires visuel et sont toutes en train de mettre en pratique les connaissances acquises et on le voit sur terrain.

Son organisation les a également soutenues pour que les 44 groupements dans lesquels elles se retrouvent aient une reconnaissance légale et fiscale en facilitant l’acquisition d’un numéro d’identification fiscale (NIF), d’un registre de commerce et l’adhésion à l’ANACOP (Agence nationale de promotion et de régulation des sociétés coopératives au Burundi). Une reconnaissance qui leur ouvre l’accès au crédit auprès des institutions financières et les place au milieu de l’activité économique et de développement du pays en contribuant aux taxes. 

Après six mois d’exercice effectif de leurs activités, Ange était très heureuse de constater des améliorations intervenues au niveau des bénéficiaires et de leurs familles, comme quoi donner une chance à une femme de s’affranchir de la pauvreté, c’est transformer en un clin d’œil la vie de la famille, de la communauté et de la nation.

Elle note qu’alors que 45% des membres étaient touchés par l’insécurité alimentaire, au bout de six mois, ce taux est descendu à 4%, celles qui ne mangeaient pas 2 fois par jour sont passées de 74 à 46 %, leur adhésion au système d’assurance maladie est en nette croissance, passant de 15 à 76%, 10% d’entre elles disposent d’un système d’éclairage (lampes), tandis le nombre de celles qui sont arrivées sans projets clairs pour prendre en mains leur autodéveloppent est vite passé de 44 à 98%. 220 parmi elles sont fières de donner régulièrement de l’emploi aux hommes, notamment ceux qui assurent le transport de leurs marchandises par vélo et surtout de verser des taxes aux communes de Ndava et Rusaka de retour de leur approvisionnement dans cette commune voisine.

Rosalie Mfanuguhora, cheffe du petit marché de Nkundusi où ces femmes exercent leur commerce de produits agricoles particulièrement note avec satisfaction le rapprochement social des femmes qui travaillent ensemble pour se libérer du joug de la pauvreté. « Notre considération sociale a augmentée. Plus question de travailler dans les champs des voisins pour se procurer quoi manger, nous ne sommes plus des fardeaux pour nos maris de qui nous attendions tout avant d’entrer au projet. Nous sommes heureuses d’avoir passé de statut de femmes consommatrices à celui de femmes productrices pour la famille. Avec le commerce que nous faisons, nous luttons contre la pauvreté dans nos ménages. Nous sommes éligibles au système d’épargne et crédit qui est une route du succès pour toute la famille, surtout pour nos enfants qui se voyaient couper du droit à l’apprentissage en vue de préparer leur avenir à la suite du manque de moyens qui gangrenait leurs parents en les plongeant dans l’impossibilité de financer leur scolarité », dit Rosalie.

Arakaza Nadège comme Gloriose Ndayisaba abondent dans le même sens. Sortir de chez soi, se mettre ensemble avec les autres les a ouvert les yeux. Elles sont fières de prendre en mains leur destinée et celle de leurs familles. « Qui aurait pensé que j’aurais, là où vous me voyez, quitté mon statut de prolétaire pour exercer un commerce ici à Nkundusi ? Je suis dans 3 groupements où je m’acquitte aisément de mes cotisations hebdomadaires obligatoires, mon avenir est de plus en plus assuré », déclare Nadège.

Pour maintenir leur solidarité et surtout assurer la pérennité de leurs activités, le projet vient de distribuer des lapins aux groupements, à raison de 4 lapins par groupement. Un petit ruminant qui se reproduit vite, ce qui laisse envisager que chacune des membres aura dans un laps de temps inférieur à une année, son lapin. Et elles sont habitées par cette conviction que de ces lapins naitront l’élevage de porcs, de chèvres et de vaches, et d’autres projets de développement.