PNUD - Lutte contre le paludisme : une intense semaine de distribution de moustiquaires pour mettre fin à ce fléau

4 décembre 2025
PNUD - Lutte contre le paludisme : une intense semaine de distribution de moustiquaires pour mettre fin à ce fléau

Mme Angeline Ndayishimiye, la Première dame du Burundi et Mme Emma Ngouan-Anoh, la Représentante Résidente du PNUD Burundi, remet des moustiquaires aux bénéficiaires

©UNDP Burundi/Ninteretse Daniella, 2025

Par Aaron NSAVYIMANA

Du 26 novembre au 2 décembre 2025, le Burundi a vécu une intense semaine de distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide en vue de protéger toute la population burundaise contre ce fléau meurtrier au Burundi.

Organisée par le ministère de la santé publique en collaboration avec le PNUD à travers le Fonds mondial contre le paludisme, la tuberculose et le VIH, cette campagne digitalisée pour la première, au Burundi, a été minutieusement préparée. Autorités sanitaires, responsables administratifs, animateurs sociaux, communautés, chaque partie prenante a été sensibilisée afin que personne ne soit laissée de côté, et surtout que la moustiquaire reçue serve à la protection et non à autre usage.

Cette campagne a aussi montré combien la digitalisation, est efficace pour suivre la distribution en temps réel et apporter des solutions idoines en cas de nécessité pour relever d’éventuels défis. Cette synchronisation du travail de terrain a été la clé de réussite en dépit des failles liées à la connectivité du pays par endroit et l’utilisation à la perfection de l’outil digital par toutes les personnes impliquées dans la distribution. Cette interconnexion a permis de vite relever les écueils enregistrés au début au niveau de certains utilisateurs en partageant les astuces pour mieux manipuler ces tablettes à multiples fonctions. Il a était vite repéré  par exemple que trop de lumière ou une lumière insuffisante n’était pas favorable pour une manipulation avec efficacité de cet outil, à savoir cette tablette a multifonctions, reconnaissance du ménage bénéficiaire et du nombre de moustiquaires qui lui sont destinées, selon les informations enregistrées lors du dénombrement, par le scanning de coupons donnés lors de ce recensement préalable, scanning de moustiquaires, conservation de données sur les ménages et les moustiquaires distribuées dans les communautés, diffusion de données sur le serveur central, …. ce qui permettait chaque jour de connaitre l’état d’avancement de cette campagne à travers tout le pays et d’évaluer les progrès faits au niveau national ou dans une région donnée.

Les superviseurs de cette CDM ont noté avec grande satisfaction les facilités offertes par la digitalisation car pouvant suivre en temps réel tout le travail qui se déroule dans  leur air de responsabilité. Cela leur a permis d’être efficaces et en cas de besoin d’apporter l’appui en présentiel ou à distance.

A sa deuxième participation à la campagne de distribution de moustiquaires (CDM), Mme Jacqueline Mukeshima, de Cankuzo trouve extraordinaire le recours la digitalisation. « C’est extraordinaire, c’est très pratique, la rapidité, moins de canche de se tromper, on n’est pas obligé de reprendre les données sur des fiches et de compter manuellement comme en 2022, c’était fatiguant. Aussi par un simple clic on sait les quantités distribuées et le nombre de bénéficiaires servis».

Les confidences des pères et mères de familles venus retirer les moustiquaires à différents centres fixes de distribution, les responsables administratifs et sanitaires ont par ailleurs démontré combien le paludisme, appelé communément malaria au Burundi est un véritable handicap pour la santé et un fléau qui mine le développement du pays. Tous sont unanimes pour dire qu’il rend pauvres les familles car une personne malade devient improductive et les charges en termes de frais de soins  de santé pèsent beaucoup dans la balance du budget familial déjà précaire compte tenu du niveau bas de revenus de beaucoup de burundais vivant dans la campagne dont certains ne tirent leurs revenus que de la vente de leur force de travail en cultivant notamment pour les voisins moyennent un salaire minimum.

Diogène Ntirampeba de Mwakiro témoigne. « Ma famille est devenue pauvre à cause de la malaria.  Aujourd’hui, c’est moi et ma fille de 2 ans et quatre mois qui avons été testés positifs à la malaria. Dans mon ménage, la malaria est une véritable peste parce que nous n’avons pas de moustiquaires. C’est rare qu’on passe deux semaines sans que moi, ma femme ou un  de mes 6 enfants n’attrape la malaria. Et chaque fois qu’un membre de ma famille tombe malade, je m’enfonce dans la pauvreté, car je dois dépense mes maigres ressources pour les soins de santé. Faute de moyens financiers, parfois on fait même l’automédication parce que nous savons que nous sommes devenus un terrain favorable pour cette maladie. La distribution de la moustiquaire vient nous sortir de cette situation. Nous disons merci au gouvernement et à vous ses partenaires qui étaient venus nous sauver. Nous allons être protégés de la mort avec cette distribution de moustiquaires en cours ». 

Les batwa et les réfugiés congolais qui font face à une expansion de la maladie trouvent le salut dans cette distribution gratuite et massive de moustiquaires, car vivant déjà dans la précarité n’ont pas assez moyens pour se payer les soins médicaux. Macumi Angelina de Gahekenya de Kiyanza, membre de la communauté Batwa et Makubwa Milibu, réfugié congolais du camp de Kavumu, nous fait cette confidence.

Un tour dans les sites de distribution nous a par ailleurs offert l’occasion d’apprendre de la population que ce rideau de tulle dont on entoure les lits pour se préserver des moustiques est aussi une denrée rare pourtant indispensable pour préserver la santé de la population.

Certaines femmes affirment qu’elles ont eu la chance de se protéger de la malaria grâce aux moustiquaires distribuées aux femmes enceintes pendant leur période de maternité. Comme il n’existe pas de points de vente dans les communautés, la distribution faites tous les 3 ans comptent pour eux comme le seul bouclier pour combattre le paludisme, une période jugée de trop long pour renouveler l’opération car les moustiquaires s’usent, se trouent, laissant passer les moustiques, ce qui favorisent l’augmentation des cas de paludisme avec son cortège de conséquences. Cette affirmation est partagée par les autorités sanitaires et administratives qui assistent impuissantes à la situation, car sans aucun moyen d’arrêter sa progression.

Les habitants du nord du Burundi qui bénéficient régulièrement des campagnes de pulvérisations intradomicilaires se réjouissent aussi de cette distribution à grande échelle. La dernière pulvérisation date d’octobre 2024, trois à quatre mois après, nous avons encore assisté à la prolifération de moustiques et à une augmentation de cas de malades de malaria, avec la moustiquaire nous sommes assurés d’avoir au moins une année de répit, souligne Venant Ndayizeye de Gasorwe.

Soulignons que pour marquer l’engagement du gouvernement à protéger la population contre le paludisme et mobiliser l’ensemble de la population à adhérer à cette campagne, cette dernière a été lancée au plus haut niveau, à Kibumbu, par la première dame du Burundi, S.E Angéline Ndayishimiye.