Trois idées pour placer la migration au service du développement durable

20 janvier 2020


Le Forum mondial sur la migration et le développement ( GFMD, en anglais ) qui se tient à Quito, en Équateur, offre aux délégués l’opportunité de se concerter et d’établir des partenariats efficaces ainsi qu’une action collective pour trouver des solutions de développement inclusives aux problèmes liés aux déplacements de population.

Pour la première fois, le GFMD offre une plate-forme partagée par la société civile, les chefs d'entreprise et le Forum des maires (PDF, en anglais) pour explorer les complémentarités de deux Pactes mondiaux : l'un sur les réfugiés (Global Compact on Refugees -GCR) et l'autre pour des migration sûres, ordonnées et régulières (Global Compact on Migration - GCM) adoptés en 2018, conformément aux engagements pris dans la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants.

Il ne reste que 10 ans pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD), c’est pourquoi la Décennie d'action appelle à accélérer les solutions durables pour surmonter, entre autres, les inégalités, la pauvreté et la crise climatique. Atteindre les cibles des ODD signifie répondre à presque tous les objectifs clés du Pacte mondial pour les migrations.

Les migrants représentent à eux seuls 3,5% de la population mondiale mais contribuent à près de 10% du produit intérieur brut. Ce sont donc des acteurs clé de cette entreprise et ils doivent être consultés en tant que tels.

Voici donc 3 idées pour placer la migration au service du développement durable :

1. La migration doit être un choix. Il faut s'attaquer aux facteurs structurels et négatifs qui forcent les gens à quitter leur pays, dans des conditions dangereuses et souvent désespérées. Les conflits violents, le manque d'emplois et les catastrophes naturelles provoquées par le climat sont considérés comme les principales causes de migration. Un état de droit solide, des institutions étatiques responsables, des actions climatiques ciblées et le développement des compétences sont autant d’éléments clés de solutions.

2. L'intégration des migrants dans les pays d’accueil est un avantage socio-économique. Par exemple, acclimater les migrants de manière sûre, ordonnée et régulière dans l'éducation, la santé, les transports et l'agriculture pourrait rapporter à l'économie mondiale entre 800 millions et 1 milliard de dollars chaque année. Bien gérée, la migration internationale peut devenir socialement et culturellement enrichissante pour les communautés, tout en diminuant les risques  et en protégeant les droits de l'homme.

3. Renforcer les capacités et  connecter les jeunes aux emplois dans leur pays d’origine et d’accueil permettra de créer de nouvelles opportunités . L'introduction de nouvelles technologies peut permettre aux jeunes d'être compétitifs et connectés à l'échelle mondiale. Cela les aide à maximiser leurs options de travail et à minimiser les risques encourus en tant que migrants non qualifiés. La diaspora peut jouer un rôle important en transférant de nouvelles compétences précieuses pour le développement vers leur pays d'origine.

La réalisation des ODD dépend plus que jamais de la capacité des gouvernements locaux et régionaux à promouvoir un développement intégré, inclusif et durable. En collaboration avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le PNUD soutient onze pays – le Bangladesh, l’Équateur, la Jamaïque, le Kirghizistan, la Moldavie, le Maroc, le Népal, les Philippines, la Serbie, le Sénégal et la Tunisie – afin qu’ils continuent à se soucier du sort des migrants et de leurs communautés d'accueil en aidant les institutions locales à intégrer la migration dans leurs objectifs de développement.

Le Belize, par exemple, aide à résoudre les problèmes pratiques qui pourraient constituer des obstacles à l'emploi, par exemple l’obtention de papiers d'identité légaux. Au Tadjikistan, avec le soutien du Japon, un centre d’innovation pour la jeunesse sert de plate-forme à 50 000 jeunes pour réseauter et échanger leurs expériences.

Avec le soutien de la Suisse, la Moldavie a organisé un dialogue bilatéral entre diaspora/migrants et les autorités locales. À ce jour, plus de 300 000 personnes bénéficient de meilleurs services dans leurs villes et villages.

En Zambie, un programme de réinsertion durable travaille avec le gouvernement local, les agences des Nations Unies, les organisations de la société civile et le secteur privé pour permettre aux personnes déplacées et aux communautés d'accueil de passer de l'aide humanitaire à des initiatives de développement à moyen et à long terme. L’intégration et la cohésion sociale, culturelle et économique qui en résulte donne aux nouveaux arrivés une plus grande liberté de mouvement et la possibilité de gagner un revenu.

Nous avons besoin de plus d'études factuelles sur la migration. Notre rapport Au-delà des barrières  donne la parole à près de 2 000 migrants irréguliers d’Afrique en Europe et illustre le liens étroit qui existe entre migration et développement.

Il faut aussi tirer parti du soutien au Fonds d'affectation spéciale multipartenaires pour la migration - une initiative collective du système des Nations Unies, des États membres et d'autres partenaires pour atteindre les ODD, en particulier la cible 7 de l’Objectif 10.

Le PNUD s'est engagé à travailler avec ses partenaires, l'OIM, la Banque mondiale et d'autres membres du réseau des Nations Unies, pour apporter des contributions significatives à une migration sûre, ordonnée et régulière, où les gens ont le choix. Sur ce point, la communauté internationale peut compter sur nous en tant que partenaire de confiance.