Nous sommes tous des DukDukDiya

Comme le colibri d'une vieille légende Quechua, changeons le monde une goutte d'eau à la fois

14 janvier 2019

 

Une vieille légende Quechua racontant l’histoire d’un colibri appelé DukDukDiya reste d’actualité de nos jours. Alors qu’un incendie dévaste la forêt et que les animaux sont paralysés par la peur, seule DukdukDiya essaie de sauver son habitat naturel en aspergeant les flammes d’eau. Cependant, du fait de sa petite stature, elle ne peut porter qu’une seule goutte à la fois. Lorsqu’on lui demande pourquoi elle déploie des efforts si dérisoires, elle répond qu’elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour éteindre les flammes.

Au cours des derniers mois, la publication de 3 rapports mondiaux, chacun lié à l'une des 3 conventions de Rio, nous a fait ressentir la solitude de Dukdukdiya, luttant contre le double défi de la perte de biodiversité et du changement climatique au goutte à goutte.

Le rapport Planète Vivante 2018 a mis en exergue les négociations de la Conférence biennale des Nations Unies sur la Diversité Biologique en brossant un tableau sombre de la perte de biodiversité, avec un déclin général de 60% de la population de plus de 4 000 espèces depuis 1970.

Un nouvel atlas sur la désertification mondiale (en anglais), lié à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, décrit un monde qui peine à faire face à la raréfaction de l'eau et à la dégradation des sols.

Juste avant la Conférence annuelle des Nations Unies sur le climat, un rapport spécial sur le climat a envoyé des ondes de choc dans le monde entier - déclarant sans équivoque que nous n'avions plus que 12 ans pour lutter contre le changement climatique avant qu’il ne soit irréversible et n’altère profondément notre monde.

Ces rapports ont fait les gros titres des médias et pourtant le monde semble paralysé à l'idée de passer à l'action. Par exemple, 2018 sera la pire année de la décennie en termes de perte de forêts tropicales. En outre, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 2,7% en 2018.

Ce qu'il faut, ce n'est rien de moins qu'une transformation systémique et radicale de trois éléments fondamentaux de la société : comment fournir suffisamment de nourriture, d'eau, d'énergie et de biens de consommation à 7,7 milliards de personnes; comment utiliser au mieux un capital d’investissement global de plus de 100 trillions de dollars et enfin, comment protéger, gérer et restaurer notre bien le plus précieux, la nature.

Il y a déjà des signes encourageants. Certaines grandes corporations comme Wilmar, qui fournit 40% de l’huile de palme mondiale, ont décidé d’adopter un modèle économique respectueux de l’environnement.

De même, le Salvador mène le monde vers une décennie mondiale de restauration des écosystèmes. Récemment, 415 investisseurs représentant des actifs de 32 trillions de dollars ont adressé une lettre ouverte aux gouvernements lors de la conférence sur le climat, les exhortant à prendre des mesures en matière de lutte contre le changement climatique.

La refonte de notre système sociétal exige un leadership audacieux, non seulement de la part des entreprises, des gouvernements et des investisseurs, mais aussi de tout-un-chacun. Greta Thunberg, une suédoise de 15 ans atteinte du syndrome d’Asperger, est devenue l’une des figures les plus courageuses et emblématiques du mouvement écologique durant la conférence sur le climat de l'ONU. Son émouvant discours aux délégués des Nations Unies commence par une vérité que chacun devrait faire sienne : "on n'est jamais trop petit pour faire une différence."

Par exemple, nous pourrions demander à nos employeurs et à nos institutions religieuses si notre épargne-retraite est investie dans des entreprises liées à la déforestation ou aux combustibles fossiles, et si elles sont bien protégées des risques liés au changement climatique - pour la plupart, ce n’est pas le cas.

Nous pouvons veiller à ce que les événements que nous organisons de manière professionnelle offrent des options végétariennes et évitent le gaspillage alimentaire, deux des moyens les plus efficaces de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Il y a tellement d'actions que nous pouvons entreprendre et autant de conversations que nous pouvons avoir dans notre vie personnelle et professionnelle qui pouvent transformer notre monde. Même si parfois, nos ailes semblent si chétives qu’elles ne nous permettent que de transporter une goutte d’eau à la fois, chaque effort compte.

L’important est de faire tout ce qui est en notre pouvoir et, devant le nombre grandissant de DukDukDya, les gouttes d’eaux formeront bientôt un océan.