Une amélioration de la représentativité des femmes à la 9ème législature de l’Assemblée nationale du Bénin

19 janvier 2023

Vue partielle des femmes élues de la 9éme législature pour siéger à l'Assemblée nationale

Crédit: PNUD Bénin | Roger Attemba

Le Bénin vient de faire des progrès notables en termes de représentativité des femmes à l’Assemblée nationale avec une augmentation de 18,4% par rapport à la législature précédente. Au terme des élections législatives du 08 janvier 2023, on compte 28 femmes sur les 109 députés pour le compte de la 9ème législature (2023-2026), soit un taux de 25,69%, contre 7, 23% des femmes élues pour la 8ème législature (2019-2023).

Depuis l’avènement de la démocratie au Bénin, le taux de représentativité des femmes au parlement n’a jamais atteint les 10 %. De 1991 à 2019, on a enregistré un taux respectivement de 4,69% (1991) ; 7,32% (1995) ; 6,02% (1999) ; 7,23% (2003) ; 7,23% (2007) ; 9,63% (2011) ; 8,43% (2015) et 7,23% (2019).

Pour améliorer la représentativité des femmes élues à l’Assemblée nationale, quelques initiatives ont été prises en 2011 et 2013 sans succès notamment à travers des lois électorales spécifiques (loi de quota en 2011, ensuite la loi de parité 2013) qui ont été rejetées respectivement par la Cour constitutionnelle (la loi de quota en 2011) et par l’Assemblée nationale (la loi pour la parité en 2013).

L’avancée constatée en 2023 lors des élections législatives est imputable à la réforme entamée en 2019, par le biais de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990[1] en son article 26 et du code électoral[2] en son article 144. Cette réforme obtenue à la suite de nombreuses années de lutte, de revendications et de lobbying des réseaux de femmes leaders ; des organisations de la société civile et des Institutions Internationales au Bénin, a manifestement permis au Bénin de se rattraper sur le terrain de l’amélioration du taux de présence des femmes dans les instances de prise de décision.

Depuis 2012, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Bénin a contribué à la dynamisation des femmes leaders et de la société civile, qui ont organisé plusieurs ateliers et rencontres pour une relecture ; une analyse approfondie de la constitution du Bénin. Les appuis apportés ont également permis :

  •  la mise en place de stratégies de plaidoyer en faveur de mesures autorisables par la constitution pour une meilleure représentation des femmes dans les instances de prise de décision ;
  • une modernisation du Parlement et de ses procédures,
  • une meilleure organisation des élections,
  • une meilleure prise en compte du Genre dans les partis politiques, ….etc.  

Ces lois et mesures prises pour assurer aux populations l’égalité entre les hommes et les femmes en politique, la non-discrimination pour donner effets aux droits et libertés reconnus par les Conventions, notamment, la Convention sur l’élimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF), marquent une volonté des institutions étatiques d’accompagner les femmes. Elles ont redonné confiance, courage et motivation aux femmes béninoises de se porter massivement candidates pour siéger au parlement. Sur l'ensemble des 1190 candidatures pour les sièges réguliers, on compte 91 femmes, soit 15,3% de candidates sur les listes soumises à la CENA, en dehors des 336 candidates au 24 sièges réservés. Sur un ensemble de 1526 candidatures (titulaires et suppléants), on compte 427 candidates (titulaires et suppléants), soit 27,98% voire 28% de femmes candidates sur les listes en 2023. On note une nette amélioration de la participation des femmes aux élections comparativement à 2019, où le taux de candidature était de 9,43%.

N'eut été cette mesure spécifique de sièges réservés aux femmes, le taux de représentativité des femmes serait de 4 Femmes sur 85 députés, soit 4,70%.  

Eu égard à ces avancées dans le domaine du genre au Bénin, il est souhaitable que de mesures spécifiques soient prises pour l’amélioration du taux de participation et de représentativité des femmes dans les conseils communaux et municipaux de 2026.

 

 


[1] La loi n°90-32 du 11 décembre 1990 modifiée par la loi n°2019-40 du 7 novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin, stipule en son article 26 que « L'Etat assure à tous, l’égalité devant la loi, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale. L’homme et la femme sont égaux en droit. Toutefois, la loi peut fixer des dispositions spéciales d’amélioration de la représentation du peuple par les femmes. L’Etat protège la famille, particulièrement la mère et l’enfant.  Il porte assistance aux personnes porteuses de handicap ainsi qu’aux personnes âgées. »

[2] Ce code dispose : article 144 : le nombre de députés à l’Assemblée nationale est de cent-neuf (109) dont vingt-quatre sièges exclusivement réservés aux femmes. Selon l’article 145 « Les partis politiques, désireux de prendre part aux élections législatives, présentent des listes de candidats dans toutes les circonscriptions électorales. Chaque liste comprend un nombre de candidats égal à celui des sièges à pourvoir dont une femme et sa suppléante spécialement présentées au titre des sièges réservés. Ainsi, 24 femmes et leurs suppléantes seront donc obligatoirement retenues sur les listes électorales, en dehors des 85 sièges à pouvoir en hommes et femmes, soit une femme et sa suppléante par circonscription électorale ».