Renforcer la résilience communautaire face à l’extrémisme violent : l’action conjointe du PNUD et de la FAO au Bénin
30 juin 2025
Des jeunes mobilisés pour les travaux à haute intensité de main d'oeuvre dans le Nord Bénin
Dans les zones frontalières du Nord Bénin et du Sud-Ouest Niger, le Projet transfrontalier d’appui au renforcement de la sécurité communautaire, à la gestion et la prévention des conflits liés à la transhumance et la gestion des ressources naturelles (PEV Bénin - Niger), financé par le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies, mobilise le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) pour répondre aux défis sécuritaires, économiques et sociaux croissants auxquels font face les populations. Dans les communes de Kandi, Karimama et Malanville, les divers appuis apportés aux populations par les agences onusiennes leur offrent des opportunités socio-économiques pour réduire leur vulnérabilité face à l’extrémisme violent tout en stimulant l'économie locale.
Face aux fragilités observées au niveau de la frontière entre le Bénin et le Niger que sont entre autres : l’existence de conflits communautaires, le problème de transhumance, le manque de perspectives pour les jeunes et les femmes, le Projet conjoint transfrontalier d'appui au renforcement de la sécurité communautaire, à la gestion et la prévention des conflits liés à la transhumance et la gestion des ressources naturelles (PEV Bénin-Niger) a été initié et rendu opérationnel en mai 2023. Mis en œuvre par le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, ce projet vise à contribuer à la prévention et la gestion des conflits autour de la frontière nigéro-béninoise, en assurant une collaboration transfrontalière entre les communautés (particulièrement les agriculteurs et les éleveurs, les jeunes et les femmes), les services de l’Etat, les autorités locales, les leaders coutumiers et religieux et le secteur de la sécurité et en favorisant une gestion équitable des ressources naturelles qui permette aux populations d’accéder à des opportunités socio-économiques durables dans des secteurs porteurs.
Des opportunités socio-économiques pour les couches vulnérables
La prévention de l’extrémisme violent nécessite la combinaison des mesures sécuritaires et la prise en compte des questions de développement pour réduire les facteurs de vulnérabilité des populations. Dans le cadre de ce projet, le PNUD agit en chef de file pour renforcer la sécurité communautaire et la cohésion sociale. À travers l’approche HIMO (Haute Intensité de Main d’Œuvre), le projet a permis la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, tout en injectant des ressources dans l’économie locale. Les bénéficiaires exécutent des travaux d'intérêt communautaire rémunérés (salubrité, rechargement de voies, entretien d’ouvrages d'assainissement, élagage d’arbres, réalisation d’ouvrages de franchissement avec des matériaux locaux, entretien d’espaces verts…), conjuguant génération immédiate de revenus, développement local et promotion du vivre-ensemble. Selon le dispositif mis en place, 40% de leur rémunération est systématiquement épargné. Ce montant est ensuite doublé pour constituer un capital de démarrage significatif destiné à leurs initiatives entrepreneuriales.
Ainsi, 1650 bénéficiaires ont été directement touchés dont 1033 femmes dans le cadre des activités HIMO dans les communes de Kandi, Karimama et Malanville. Par ailleurs, des équipements tels que tricycles, motopompes, décortiqueuses et congélateurs ont été remis aux bénéficiaires pour soutenir des activités génératrices de revenus.
AMIDOU LABO est une veuve vivant à Molla, dans l’arrondissement de Tombouctou à Malanville. Elle témoigne : "Ce projet m’a beaucoup aidé à la prise en charge de mes enfants orphelins, car j'ai commencé par préparer et commercialiser du riz "watché" avec mes allocations. A la fin des activités HIMO, nous avons formé un groupement appelé «ANFANI DE MOLLA » pour la culture et l’étuvage de riz sur une superficie de 5 hectares ".
A Kompa dans la commune de Karimama, Aoudou SENI est le Président du groupement « IMA TCHERE DI. Il raconte : " Les activités HIMO nous ont permis de faire une cotisation hebdomadaire de huit mille (8 000) FCFA par personne pour acheter une décortiqueuse de riz. Aujourd’hui, les producteurs de Kompa utilisent aisément notre décortiqueuse pour leurs besoins et le groupement fait déjà des recettes ".
Remise d'équipements de transformation à des coopératives de femmes par la FAO
Renforcement des capacités des transformatrices de produits agrosylvopastoraux et halieutiques
De son côté, la FAO s’est concentrée sur la gestion durable des ressources naturelles et la prévention des conflits agro-pastoraux. Elle a formé plus de 143 acteurs locaux dont 26 femmes à la médiation et à la gestion des conflits. Par ailleurs 7213 producteurs, dont 1577 femmes, ont bénéficié de 17,5 tonnes de semences et 140 tonnes d'engrais spécifiques au cours des deux dernières campagnes. Pour soutenir les efforts de réduction des conflits et faciliter l’accès aux ressources, le projet a fourni des kits de production animale à plus de 220 éleveurs de ruminants dont 84 femmes et trois forages pastoraux à but multiples ont été installés au profit des communautés d’Alfakoara, Karimama et Issèné.
Des équipements de transformation ont été offerts à trente (30) coopératives de femmes de douze (12) villages dans les communes de Kandi, Malanville et Karimama. Au total, 773 femmes ont bénéficié de cette initiative, qui répond aux attentes exprimées par leurs coopératives en matière d'amélioration des activités liées à la transformation des produits agrosylvopastoraux et halieutiques. Cette action vise à alléger la pénibilité du travail, à renforcer la productivité et à promouvoir la cohésion entre les membres des coopératives bénéficiaires.
Les équipements remis concernent plusieurs chaînes de valeur, notamment le riz étuvé, le fromage à base de soja et de lait de vache, ainsi que les galettes et l'huile d’arachide. Lors des cérémonies officielles, organisées à Kandi et Malanville, les autorités locales ont salué l’impact significatif de ce projet, qui place les bénéficiaires au cœur de la démarche.
Le Chef de la Cellule communale de l'ATDA Kandi a déclaré : " Dans la chaîne de valeur regroupant la production, la transformation et la commercialisation, c’est le maillon de la transformation qui reste le moins développé. Grâce à ce don, les femmes pourront désormais générer des revenus supplémentaires et améliorer leurs conditions ".
Tamou Méri, membre de la coopérative Nonsina de Bôrô Gamakou spécialisée dans la production de fromage à base de soja, témoigne : "Ces équipements vont nous faciliter le travail et nous permettre de produire davantage afin de mieux subvenir aux besoins de nos familles ".
La remise des équipements a également permis aux autorités locales d’encourager les coopératives à maintenir un esprit de cohésion. À travers ce don, les femmes des communes de Kandi, Malanville et Karimama disposent désormais des outils nécessaires pour transformer leurs efforts en opportunités économiques solides et durables.
Le projet PEV Bénin-Niger travaille en étroite collaboration avec les autorités locales, les forces de défense et de sécurité, les leaders religieux et communautaires, et les organisations de la société civile pour garantir la bonne exécution des activités et maximiser leur impact positif sur les communautés.