Les ressources énergétiques durables abondantes au Sahel pourraient améliorer le futur de plus de 340 millions de personnes et stimuler l’industrialisation verte

Compte tenu de son potentiel important en ressources énergétiques renouvelables, le Sahel pourrait devenir la première région africaine à devenir championne d’une révolution industrielle alimentée par des investissements dans les énergies renouvelables qui vont au-delà de l’usage domestique, en établissant et en tirant parti de chaînes de valeur vertes qui réduisent la pauvreté et créent des emplois.

16 février 2024
Sahel HDR launch event

Addis-Abeba, le 16 février 2024 – L’énergie est à l’origine de transformations qui stimulent la productivité socio-économique, favorisent le développement humain durable et jettent les bases d’un avenir plus prospère et plus résilient. L’investissement dans l’énergie durable pourrait régénérer la zone sahélienne de l’Afrique en utilisant l’important potentiel d’énergie propre de la région pour transformer des vies, diversifier les économies, donner de l’espoir et protéger la planète.

Une nouvelle étude du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Rapport sur le développement humain au Sahel 2023 : Une énergie durable pour la sécurité économique et climatique dans le Sahel, révèle que les combustibles fossiles (55,9 %) – majoritairement le pétrole et le gaz – dominent la production d'énergie; tandis que les sources renouvelables comme l’hydroélectricité, le solaire et l’éolien restent marginales. Un changement d’ici le milieu des années 2030, avec une dépendance réduite au pétrole (30 %) et une production accrue de gaz (70 %), pourrait ouvrir la voie au solaire et à l’éolien, qui constitueraient, à terme, une part substantielle (54 %) de la production d’énergie d’ici 2063.

« Nous sommes dans une période cruciale pour la région très prometteuse qu’est le Sahel. Ce rapport traite des questions fondamentales pour encourager des voies de développement optimales et respectueuses de la planète, l’utilisation plus efficace des ressources énergétiques plus propres et l’abondance d’options d’énergie renouvelable dans la région. Il dévoile également une série de pistes concrètes, comblant efficacement le fossé entre les objectifs de développement et le besoin urgent d’adaptation au changement climatique, » déclare Mme Ahunna Eziakonwa, directrice régionale du PNUD pour l'Afrique.

Le Rapport sur le développement humain au Sahel (RDH Sahel) explore la relation causale entre l’énergie et le développement. Au cours de la dernière décennie, la demande énergétique au Sahel a augmenté de plus de 4% par an, en partie à cause de la croissance démographique et en partie à cause de l’activité économique croissante. Alors que l’accès à l’électricité dans les zones urbaines augmente, il reste totalement inexistant dans la plupart des zones rurales dû au coût plus élevé de production de l’électricité pour ces zones. 

L'énergie est un bien public qui doit être garanti à tous les citoyens. Le rapport montre comment une croissance verte équilibrée, centrée sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, est réalisable et pourrait constituer une voie viable vers un avenir résilient au changements climatiques, tout en donnant la priorité aux résultats en matière de bien-être humain. L’énergie verte jouera un rôle central pour répondre à la croissance estimée de 950 pétajoules de la demande ; cependant, les voies à suivre pour y parvenir différeront selon les États sahéliens.

« Grâce au RDH Sahel, nous pouvons multiplier les progrès qui bénéficieront à l’ensemble du continent. Embrassons un esprit de solidarité et de coopération pour avancer vers un Sahel où chaque individu peut vivre une vie digne, » souligne Ing. Abubakar Ali-Dapshima, directeur des Energies renouvelables et rurales du ministère fédéral de l'Énergie du Nigeria.

Le rapport recommande de transformer les opportunités et les synergies régionales en une voie de réussite pour lutter contre la pauvreté énergétique de plus de la moitié de la population du Sahel et une dépendance excessive à l'égard d'hydrocarbures coûteux et très polluants, qui a retardé le progrès socio-économique et contribué à la dégradation de l'environnement. Le rapport note toutefois que, même si l’énergie durable pourrait libérer l’immense potentiel du Sahel, une approche équilibrée et coordonnée est nécessaire pour permettre une transition réussie du système énergétique de la région et éviter les déficits à mesure que la capacité du renouvelable augmente.

« L'accent mis par le RDH Sahel sur les combinaisons énergétiques pour promouvoir de nouvelles solutions génère non seulement des dividendes socio-économiques substantiels, mais soutient également la gestion de l'environnement », a déclaré SE Seedy Keita, ministre des Finances et des Affaires économiques de la Gambie.

Le RDH Sahel suggère que tracer une voie qui sous-tend la révolution des énergies renouvelables dans le Sahel, nécessitera des investissements soutenus avant d’être viable commercialement. Le rapport note en outre que sans un financement concessionnel et tolérant au risque, avec une vision à long terme, les projets bancables resteront rares, les flux de transactions seront limités, et la pauvreté énergétique sera encore plus ancrée dans la région. Parvenir à un accès universel à l’énergie dans le Sahel nécessite de stimuler les investissements commerciaux, et non seulement des subventions temporaires qui pourraient fausser les marchés.

« Le RDH Sahel offre une vision pragmatique de la manière de parvenir à un accès fiable à l’énergie pour une région où la moitié de la population n’a actuellement pas accès à l’électricité. L’un des points clés à retenir est que pour réussir, il faut un financement cohérent et une vision régionale commune, et non une fragmentation », déclare le Dr Alex Vines, directeur du Programme Afrique de Chatham House.

Le rapport appelle à des priorités politiques comprenant l’expansion des options énergétiques hors réseau, l’accélération de la connectivité des ménages et un engagement politique pour aider les communautés et les pays à raccorder les deux bouts pour assurer une meilleure connectivité énergétique. La bonne combinaison de stimuli intelligents contribuera également à réduire l’écart énergétique entre les sexes et à combler le fossé entre zones rurales et urbaines en matière d’accessibilité et d’accès abordable à l’énergie.

Le RDH Sahel encourage à donner la priorité à l’interconnectivité transfrontalière et aux pools énergétiques régionaux qui exploitent les ressources collectives de la région. Les gouvernements sahéliens devraient envisager d’harmoniser les réglementations du secteur de l’électricité, de réduire les barrières douanières sur les importations d’équipement, et de planifier conjointement une production au moindre coût, conformément aux objectifs des initiatives régionales telles que le Pool énergétique de l’Afrique de l’Ouest.

 

Pour en savoir plus, téléchargez le Rapport sur le développement humain au Sahel 2023 en français ou en anglais.

 

Pour d’éventuelles questions et demandes d’entretien, veuillez contacter

Addis Ababa: Ngele Ali | Conseillère régionale en communication | ngele.ali@undp.org 

Dakar: Ugochukwu Kingsley Ahuchaogu | Analyste régional en communication | ugochukwu.kingsley@undp.org 

New York: Eve Sabbagh | Spécialiste en communication stratégique | eve.sabbagh@unpd.org

 

Note aux rédacteurs :

  • Le Sahel est une sous-région dotée d'un écosystème diversifié, avec des pays (Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria et Sénégal) à différents stades de développement et de consommation d'énergie. L’analyse des voies viables vers une énergie durable pour la sécurité économique et climatique au Sahel est au centre du rapport. Même si le rapport identifie une voie optimale, les recommandations sont adaptées à chaque pays.

  • Le RDH utilise des techniques empiriques et des analyses d'économie politique pour considérer les stratégies énergétiques optimales qui pourraient être les plus appropriées pour cette sous-région. Les mix énergétiques qui favorisent une transition énergétique juste pour le Sahel tout en apportant des gains socio-économiques tangibles et en réduisant les pressions planétaires sont prioritaires.

  • Le RDH Sahel explore également les synergies régionales qui permettent des investissements accrus, des économies d'échelle et des marchés énergétiques plus larges. Il examine les défis et les exigences liés à la mise en œuvre de ses recommandations dans les pays du Sahel. Il utilise un modèle qui examine l’ambiguïté politique et les conflits au sein de chaque pays, facteurs cruciaux qui déterminent les obstacles à la mise en œuvre.

  • Le RDH Sahel propose une feuille de route décrivant les premières étapes permettant aux acteurs de lancer le processus. Il propose une injection immédiate de ressources dans des domaines ayant des objectifs clairs et un alignement politique, tels que la production d’énergies renouvelables, l’autonomisation des femmes, l’éducation, l’accès à l’eau et la mise à profit des initiatives de coopération régionale et internationale. Dans les domaines marqués par de nombreux conflits et défis, tels que la fragilité et la gouvernance, le renforcement des capacités de l’État et la promotion des processus démocratiques sont essentiels.

  • En prenant en compte l'économie politique et les compromis inhérents aux transitions énergétiques, le RDH Sahel trace une voie tangible pour la priorisation des politiques – une approche très prometteuse pour atteindre les objectifs de développement, améliorer les moyens de subsistance et guider le Sahel vers une prospérité durable. Il devient impératif de saisir les occasions actuelles pour mettre en œuvre efficacement les recommandations et exploiter l’énergie comme catalyseur du développement.
  • Le RDH Sahel suggère que plutôt que de faire un choix impossible entre faire progresser le développement humain et développer des sources d'énergie durables sur le plan environnemental, le Sahel peut simultanément progresser dans les deux domaines en tirant parti des synergies uniques entre le développement et l'énergie et en s’assurant que les efforts vers l'un de ces deux domaines renforcent également l’autre.