La CEDEAO et le PNUD lancent le développement de la Stratégie de résilience pour l'Afrique de l'Ouest

13 février 2024
Lake Chad House

Lac Tchad

© Courtoisie Creative Commons/Kino Glax

Abuja, Nigeria, 13 février - La Commission de la CEDEAO, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a lancé aujourd'hui un atelier régional de trois jours visant à développer la Stratégie régionale de résilience pour l'Afrique de l'Ouest. Cet événement, qui se tient au Centre de conférence de la NAF à Abuja, représente une étape importante pour relever les défis de la région et promouvoir la résilience et le développement durable.

Malgré l'abondance des ressources naturelles de l'Afrique de l'Ouest, l'exploitation durable et la distribution équitable des bénéfices aux communautés restent des défis. La région, qui contribue à hauteur de 1,8 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, est confrontée à une hausse des températures et à des phénomènes météorologiques extrêmes, exacerbés par une gouvernance et un développement inadéquats, ainsi que par des problèmes de sécurité.

Dans son discours d'ouverture, S.E. Professeur Fatou Sow Sarr, Commissaire au développement humain et aux affaires sociales de la Commission de la CEDEAO, a rappelé la vulnérabilité de l'Afrique de l'Ouest aux risques météorologiques et autres catastrophes, y compris les impacts du changement climatique, les conflits, la pauvreté et les épidémies, en insistant sur l'importance de la réduction des risques de catastrophe, d'un relèvement résilient post-catastrophe et d'un développement durable tenant compte des risques.

"Cet atelier marque une avancée substantielle dans nos efforts pour renforcer la résilience en Afrique de l'Ouest. Grâce à notre collaboration avec le PNUD et nos parties prenantes, nous allons formuler des stratégies solides pour relever les défis multiples auxquels nos régions sont confrontées", a-t-elle déclaré, exprimant sa gratitude aux partenaires et aux pays donateurs pour leur soutien, et réaffirmant l'engagement de la CEDEAO à renforcer la résilience face aux risques multiples en Afrique de l'Ouest.

L'honorable Alhaji Mustapha Habib Ahmed, directeur général de l'Agence nationale de gestion des urgences du Nigeria (NEMA), a souligné la nécessité pour l'Afrique de l'Ouest de développer une stratégie de résilience régionale efficace et efficiente. Cette stratégie guidera les actions d'anticipation et l'utilisation de données qualitatives et quantitatives pour prendre des décisions informées par les risques. Il est impératif que la région tire parti de son riche capital naturel et humain pour réaliser des investissements intelligents afin de répondre à ses aspirations futures.

Les discussions de l'atelier porteront sur six domaines thématiques : la bonne gouvernance, la paix et la sécurité ; la résilience macroéconomique ; les moyens de subsistance durables ; la protection sociale et la résilience ; le genre et l'inclusion sociale ; et le changement climatique et la réduction des risques de catastrophe.

Blessed Chirimuta, représentant résident adjoint du PNUD au Nigeria, a souligné l'importance des partenariats pour le développement durable et le renforcement de la résilience : "La capacité de prévenir, de résister, d'absorber, de s'adapter, de répondre et de se remettre positivement de divers risques est essentielle pour le développement durable, la paix, la sécurité, les droits de l'homme et le bien-être de tous". 

"Notre partenariat avec la CEDEAO et le soutien de la Suède et du Danemark sont essentiels dans notre mission de renforcement de la résilience en Afrique de l'Ouest. Ensemble, nous devons tirer parti de notre expertise et de nos ressources pour ouvrir la voie à un avenir plus résilient et plus prospère pour tous", a souligné M. Chirimuta.

Dans le cadre des projets de Résilience dans le Sahel et de Sécurité climatique, financés respectivement par les gouvernements suédois et danois, l'atelier réunit des acteurs clés d'Afrique de l'Ouest, notamment la Commission de la CEDEAO et ses directions, les États membres, ainsi que des organisations régionales, continentales et internationales, y compris les Nations unies.

Cette consultation technique représente un moment crucial pour ouvrir la voie à un avenir prospère pour l'Afrique de l'Ouest dans un contexte de transformations démographiques, sociales, économiques, environnementales et politiques significatives. La population de la région devrait dépasser les 900 millions d'habitants d'ici 2050, dont plus de 64 % auront moins de 25 ans. Des approches novatrices et des stratégies adaptatives sont donc nécessaires pour répondre aux besoins de ces jeunes communautés.

Pour plus d'informations

Reshmi Theckethil, responsable du projet de Résilience dans le Sahel

 

Atelier de consultation régionale CEDEAO-PNUD sur la Stratégie de résilience de l'Afrique de l'Ouest, 13–15 février 2024, Abuja, Nigeria © Courtoisie CEDEAO

 

A propos de la stratégie

La Commission de la CEDEAO a mis en œuvre diverses politiques et stratégies pour atténuer l'impact des catastrophes météorologiques et anthropiques en Afrique de l'Ouest, notamment la Politique de réduction des risques de catastrophe en 2009, la Stratégie de gestion des inondations, la Stratégie et le plan d'action de la CEDEAO en matière de genre en 2020, et le Programme Hydromet. Malgré ces efforts, la région continue de subir des catastrophes de plus en plus fréquentes, qui affectent les secteurs clés et les moyens de subsistance. En collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement, la CEDEAO a initié le développement d'une Stratégie de résilience pour l'Afrique de l'Ouest.

La région est caractérisée par une diversité linguistique et culturelle, couvrant des pays anglophones, lusophones et francophones sur 5,12 millions de km². Riche en ressources minières telles que l'or, le diamant et le pétrole, la région s'engage dans diverses activités économiques, mais la pauvreté reste un défi persistant. Avec une population de 410 millions d'habitants en 2021, qui devrait dépasser les 900 millions en 2050, elle est confrontée à des disparités socio-économiques qui ont été exacerbées par des circonstances telles que la pandémie du virus COVID-19.

Des études comparatives sur les niveaux de pauvreté révèlent des tendances alarmantes, en particulier chez les jeunes, qui représentent plus de 64 % de la population. Si l'augmentation de la population en âge de travailler offre des possibilités de développement économique, elle contribue également à des problèmes de sécurité tels que l'extrémisme violent et le terrorisme. L'accès limité aux services de base met encore plus à l'épreuve les capacités gouvernementales.

Pour relever ces défis, il faut des politiques sectorielles globales qui donnent la priorité à l'autonomisation des jeunes, à l'éducation, aux soins de santé et aux possibilités d'emploi. En exploitant le potentiel du dividende démographique et en mettant en œuvre des approches holistiques de lutte contre la pauvreté, l'Afrique de l'Ouest peut parvenir à une croissance inclusive et à la résilience dans un contexte d'évolution des dynamiques économiques, sociales et sécuritaires.

Objectifs de la Stratégie régionale de résilience

La Stratégie régionale de résilience pour l'Afrique de l'Ouest vise à renforcer la résilience des institutions et des communautés face aux différents chocs et tensions qu'elles subissent. Elle fournit un cadre stratégique à la CEDEAO, aux États membres et aux parties prenantes pour coordonner les actions anticipatives aux niveaux régional, national et communautaire. En donnant la priorité aux populations vulnérables, la stratégie aborde les défis liés aux conflits, au changement climatique, aux catastrophes sanitaires, à l'instabilité économique et aux systèmes de protection sociale peu développés. La région est confrontée à une multitude de chocs, notamment des conflits pour les ressources, des catastrophes liées au climat, des crises sanitaires comme Ebola et COVID-19, et une instabilité économique exacerbée par les événements mondiaux. Ces chocs ont perpétué la pauvreté, l'insécurité alimentaire et affaibli la résilience des groupes vulnérables tels que les femmes, les enfants et les personnes âgées. La stratégie vise à fournir des orientations pour atténuer ces effets grâce à des interventions ciblées qui renforcent la résilience et favorisent le développement durable.

Portée de la Stratégie régionale de résilience

La Stratégie régionale de résilience pour l'Afrique de l'Ouest adopte la définition de la résilience du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, qui met l'accent sur la capacité des individus, des communautés, des institutions et des systèmes à prévenir, résister, absorber, s'adapter, répondre et se remettre d'un large spectre de risques tout en assurant le développement durable et le bien-être de tous.

Cette définition garantit l'inclusivité et prend en compte les perspectives des différentes parties prenantes, en particulier celles des plus vulnérables. Le renforcement de la résilience en Afrique de l'Ouest nécessite une approche systémique reconnaissant les risques interconnectés aux niveaux international, régional, national et local. Elle agit à la fois sur les niveaux humains individuels et collectifs et sur les niveaux institutionnels, en mettant l'accent sur les fonctions de prévention, d'intégration, de promotion et de transformation.

La stratégie souligne l'importance des interventions d'absorption, d'anticipation et d'adaptation, en particulier dans le contexte du changement climatique. En outre, elle vise à obtenir des résultats immédiats et à long terme, notamment en matière de développement durable, de paix, de sécurité, de droits de l'homme et de bien-être pour tous, en mettant l'accent sur la nécessité de ne laisser personne de côté. Il est important de reconnaître que la vulnérabilité et la marginalisation sont des concepts fluides, qui nécessitent une adaptation continue à l'évolution des risques tels que le changement climatique, les catastrophes et les conflits.

Domaines thématiques et interactions

La Stratégie régionale de résilience pour l'Afrique de l'Ouest englobe six thèmes alignés sur des cadres internationaux tels que l'Agenda 2030 sur le développement durable et la Vision 2050 de la CEDEAO. Ces thèmes sont les suivants :

  1. Bonne gouvernance, la paix et la sécurité : Aborder les questions de gouvernance pour réduire les risques associés au terrorisme et aux conflits.
  2. Résilience macroéconomique : Renforcer les politiques fiscales et monétaires pour réduire la dépendance économique et résister aux chocs.
  3. Moyens de subsistance durables : Garantir des opportunités économiques inclusives et résilientes, en particulier dans l'agriculture et les secteurs connexes.
  4. Protection sociale et résilience : Se concentrer sur des modèles de protection sociale couvrant la majorité des personnes engagées dans l'agriculture de subsistance et l'économie informelle.
  5. Sensibilité au genre et inclusion sociale : Intégrer la sensibilité au genre et l'inclusion sociale dans tous les thèmes.
  6. Changement climatique et réduction des risques de catastrophe : Renforcer le développement tenant compte des risques pour faire face aux effets du changement climatique et aux catastrophes dans tous les secteurs.

Ces thèmes visent à renforcer les capacités de résilience à différents niveaux, notamment au sein de la CEDEAO, des États membres, des institutions, des communautés, des ménages et des individus, afin de faire face aux divers risques de la région.

Analyse de la situation

L'atelier de consultation régionale vise à informer les domaines prioritaires de la Stratégie régionale de résilience de la CEDEAO grâce à l'analyse de situation menée par un groupe de travail de spécialistes pour chaque domaine thématique, qui ont évalué les pratiques actuelles et proposé des solutions politiques et stratégiques alignées sur la vision de la CEDEAO pour 2020-2050. L'analyse examine l'exposition et les vulnérabilités à divers risques et chocs, y compris la gouvernance, la paix, la sécurité, la croissance démographique, l'agriculture, l'urbanisation, le commerce, l'économie, l'inégalité des sexes, le changement climatique et l'extrémisme violent. À l'aide d'une analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces (SWOT), elle identifie les lacunes en matière de développement durable et propose des recommandations politiques préliminaires.