Changer les habitudes de consommation au Congo : des déchets au charbon de bois écologique

15 septembre 2021

Destin BIBILA KIMPOLO est un militant écologiste et entrepreneur congolais vivant à Pointe-Noire. Il a été découvert lors de la caravane de l’innovation organisée par le PNUD en 2019.

Il a à cœur de contribuer au relèvement des défis mondiaux que sont les besoins en énergie, la pauvreté et le réchauffement climatique.

Pour ce faire, il initie le projet WUMELA en réponse aux carences énergétiques rencontrées en République du Congo. Il se lance dans la fabrication de bio charbon qu’il obtient en recyclant les déchets récoltés dans différentes décharges de la ville. “J’ai pensé au combustible qu’est le charbon parce qu’on le consomme tous les jours dans les foyers. Trouver une solution énergétique et valoriser les déchets qui sont autour de nous et en grande quantité, c’est ça l’idée

Traduit en lingala, langue nationale en République du Congo : Le nom WUMELA est relatif à la résistance, en d’autres termes, c’est un charbon qui reste longtemps“.

Le processus de récolte des déchets se fait en 5 étapes : la collecte ; le tri ; le traitement ; la carbonisation ; la production. “Dans l’étape de production, s’ajoutent le broyage, le malaxage et le moulage. Une fois ces étapes réalisées s’en suit le séchage qui se fait naturellement et nécessite 3 jours au soleil. Le processus entier dure 1 semaine et nous permet de produire 2 tonnes“.

WUMELA est une structure composée de 6 personnes avec d’autres intervenants externes. Elle dispose de 2 sites d’exploitation, dont un au quartier Massengo à Brazzaville. La liaison entre ces sites à 3 km de distance, est assurée par une moto qui est un don du PNUD contribuant à garantir l’opérationnalisation du projet. Cette moto sert aussi à effectuer les livraisons des clients lorsque leur commande est supérieure à 2 sacs.  La commercialisation du charbon écologique de WUMELA a débuté en juillet 2020, et depuis lors presque 100 tonnes ont déjà été écoulées. Prenant en compte les revenus moyens des populations congolaises, le prix du kilogramme de bio charbon a été fixé à 200 francs CFA, le positionnant sur le marché à un prix attractif comparé au charbon de bois vendu entre 400 et 600 francs CFA selon le milieu où l’on s’approvisionne. 

"Nous ciblons les foyers, les restaurants… et notre vision sur le long terme est d’atteindre les industriels tels que les fonderies. On constate tout de même que les foyers sont les plus grands consommateurs, ce sont ceux qui nous rapportent le plus. Nous développons aussi une chaîne de distribution avec des grossistes".

Le projet WUMELA a été subventionné par le PNUD parce qu’il est bénéfique aux populations et contribue à la réalisation des ODD -7 « ENERGIE PROPRE ET D’UN COÛT ABORDABLE » et -12 « CONSOMMATION ET PRODUCTION RESPONSABLE. »

Il contribue également à la préservation de l’environnement puisqu’il s’agit du recyclage des déchets, pratique peu commune dans la ville. Cependant, quelques remarques liées au temps d’allumage trop long ont été faites par les consommateurs. Le charbon écologique mets 15 minutes avant de s’allumer tandis que le charbon de bois classique s’allume en 10 minutes. Il y aussi le problème lié aux techniques de vente. Au Congo, le charbon est vendu par tas avec des prix aléatoires en fonction des quantités et nous, nous le vendons au Kg à prix fixe, ce qui n’est pas bien accueilli par tous. Changer les habitudes de consommation des foyers n’est pas une chose évidente à faire“.

Si la jeune entreprise rencontre des difficultés dans le développement de son projet, celles-ci sont liées à plusieurs facteurs : 

  • La gestion des déchets. Les foyers mélangent tout et ne trient pas leurs déchets, ce qui ralenti le processus au niveau de la structure ;
  • L’absence de moyens de transport qui retarde l’acheminement des déchets vers le point de traitement ;
  • L’achat des équipements à l’étranger qui nécessite de mobiliser des fonds importants ;
  • Le manque d’électricité. Elle est indispensable pour finaliser certaines étapes du processus.

Aujourd’hui, Destin BIBILA aimerait obtenir une aide du PNUD afin qu’il lui soit délivré des autorisations d’exploitation par le ministère rattaché à son activité notamment le ministère de l’Environnement. Celles-ci lui permettront d’assurer le développement et la pérennisation de son unité. Il souhaite également obtenir des certifications dans le cas où il serait emmené à exporter sa production en dehors du pays. “Aujourd’hui la consommation est locale. Si on pense faire une exportation, nous devons forcément avoir des accréditations, des affiliations avec des organismes qui agréent tout ça. Nous aimerions également avoir la reconnaissance du ministère de l’innovation parce que nous travaillons quand même sur un projet qui valorise le pays et répond aux attentes des ménages