Discours de Mme Noëlla RICHARD à la Conférence internationale de l’IPAM : « Vers des métriques robustes pour mesurer et accélérer l’adaptation climatique »
30 septembre 2025
Conférence internationale de l’IPAM : « Vers des métriques robustes pour mesurer et accélérer l’adaptation climatique » au Centre International Hassan II de Formation à l’Environnement, Bouknadel, Maroc.
Excellences, distingué.e.s invité.e.s, cher.e.s collègues,
C’est un grand honneur pour moi de prendre la parole à l’occasion de cette conférence internationale de l’IPAM, ici à Bouknadel, dans le magnifique Centre International Hassan II de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement. Je remercie très chaleureusement nos hôtes pour leur accueil et les co-organisateurs pour leur précieuse collaboration.
Je salue la présence des Hautes Personnalités ici réunies, dont l’engagement illustre le rôle moteur du Maroc dans l’action climatique et la promotion de la résilience.
Depuis la COP22, tenue à Marrakech en 2016, le Maroc a joué un rôle pionnier en plaçant l’adaptation au cœur de l’agenda international. À cette occasion, le Royaume du Maroc avait attiré l’attention sur le déséquilibre persistant entre financement de l’atténuation et financement de l’adaptation, et avait initié les premières conférences internationales dédiées exclusivement aux métriques de l’adaptation.
Au PNUD, nous sommes profondément engagés à accompagner le Maroc dans ses efforts d’adaptation et de résilience. Notre travail se fait en étroite collaboration avec le gouvernement, les collectivités territoriales, la société civile, y compris les organisations portées par les jeunes et par les femmes, le secteur de la recherche et le secteur privé.
Je souhaiterais ici mettre en lumière un projet-phare de cette coopération : le PNA-FVC (Plan National d’Adaptation financé par le Fonds Vert pour le Climat), mis en œuvre, depuis 2022, en étroite collaboration avec le Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable et plusieurs autres départements ministériels concernés par la question de l’adaptation. Le projet compte déjà plusieurs réalisations majeures qui ont déjà contribué de manière significative à intégrer la question de l’adaptation au changement climatique dans la planification territoriale.
Il a également jeté les bases d’un système pérenne de collecte de données et d’informations en continu, destiné à évaluer la vulnérabilité et à identifier les actions d’adaptation prioritaires, en vue d’élaborer une stratégie de financement associant les secteurs public et privé.
Je tiens à mettre en avant en particulier :
Le renforcement de la gouvernance et de la coordination : le projet a consolidé les structures nationales et régionales de pilotage pour l’adaptation, en favorisant la coordination institutionnelle et en créant des synergies entre les acteurs sectoriels et territoriaux.
Les systèmes de suivi, évaluation et reporting : le PNA-FVC développe des outils et indicateurs robustes, en cohérence avec les travaux de l’IPAM et du UAE-Belém Work Programme. Il renforce également les systèmes d’information nationaux et régionaux -Système d’Information National de l’Environnement (SINE) et Systèmes d’Information Régionaux de l’Environnement et du Développement Durable (SIREDD)-, en y intégrant la dimension adaptation. Enfin, il appuie la consolidation de la plateforme nationale MRV pour l’intégration du volet adaptation, garantissant transparence et comparabilité. Grâce à ces avancées, le Maroc se positionne comme un pionnier africain du suivi-évaluation de l’adaptation.
Plans territoriaux climato-résilients : Dans cinq régions pilotes (Souss-Massa, Marrakech-Safi, Béni Mellal-Khénifra, Drâa-Tafilalet et Oriental) le projet accompagne l’intégration de l’adaptation dans les stratégies de développement régional. À ce titre, il traduit en pratique les Hautes orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui, dans son discours du Trône, a insisté sur l’importance d’intégrer pleinement la dimension climatique dans la nouvelle génération de plans de développement territorial, tout en plaçant la rationalisation et la valorisation de la ressource en eau au cœur des politiques publiques.
Le secteur privé et les systèmes d’assurance : L’adaptation ne peut réussir sans la mobilisation de l’ensemble des acteurs, et en particulier du secteur privé et des systèmes d’assurance. Nous avons besoin de surcroit d’indicateurs fiables et mesurables : pertes évitées, réduction des risques, résilience des filières. Les métriques d’adaptation doivent devenir un langage commun entre décideurs publics, investisseurs et assureurs. Elles permettront de traduire les risques climatiques en paramètres financiers et d’orienter les investissements vers les solutions les plus efficaces.
Au-delà de l’appui opérationnel, le PNUD joue en effet un rôle central dans la conceptualisation des métriques d’adaptation. Nous avons produit des orientations méthodologiques et accompagné plusieurs pays dans la mise en place de leurs systèmes nationaux de suivi et d’évaluation. Dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CNUCC), nous appuyons la mise en œuvre du Global Goal on Adaptation, contribuons activement au UAE-Belém Work Programme sur les indicateurs, et soutenons le processus du Global Stocktake.
L’expérience du PNUD au niveau national et global, conjuguée aux travaux de l’IPAM, illustre bien comment relier les cibles globales aux réalités nationales et locales, et transformer les métriques en leviers concrets de planification, de financement et de mise en œuvre. Dans ce contexte, nous attendons avec intérêt la publication du rapport « Accélérer la résilience climatique mondiale grâce à des métriques robustes d’adaptation », qui sera débattu lors de cette conférence et présenté avant la COP30 à Belém. Ce rapport constituera une référence précieuse pour enrichir les travaux du Global Goal on Adaptation et du Global Stocktake sous la CNUCC.
En conclusion, je réaffirme tout l’engagement du PNUD à accompagner le Maroc et l’IPAM dans leurs efforts pour que les indicateurs d’adaptation deviennent des outils au service de l’action et des résultats tangibles.
Ensemble, « let’s measure what we treasure ». Transformons ces indicateurs en progrès réels, pour bâtir une résilience accrue des territoires, des communautés et des générations actuelles et futures, au Maroc, en Afrique et dans le monde.
Je remercie l’IPAM et l’Initiative AAA pour leur mobilisation et souhaite à toutes et à tous une conférence fructueuse et inspirante.
L’expérience du PNUD au niveau national et global, conjuguée aux travaux de l’IPAM, illustre bien comment relier les cibles globales aux réalités nationales et locales, et transformer les métriques en leviers concrets de planification, de financement et de mise en œuvre.