Première session ordinaire du Conseil d'administration

1 février 2023
  1. Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d’administration Mesdames et Messieurs les Membres des délégations siégeant en qualité d’observateurs, Chers collègues, J’ai l’immense plaisir de vous retrouver ce jour à l’occasion de la première session ordinaire du Conseil d’administration du PNUD, du FNUAP et de l’UNOPS pour l’année 2023. Permettez-moi de commencer par vous féliciter, Excellence Monsieur. Martin Kimani, Représentant permanent de la République du Kenya, pour votre élection à la présidence du Conseil d’administration du PNUD, du FNUAP et de l’UNOPS. Permettez-moi également d’exprimer mes félicitations aux vice-présidents du Conseil et aux membres du Bureau pour 2023, à savoir les ambassadeurs Muhith du Bangladesh, Chan du Costa Rica, Kyslytsya de l’Ukraine et Sinirlioğlu de la Türkiye. Nous nous réjouissons à la perspective de travailler en étroite collaboration avec vous durant cette année.
  2. Je tiens également à exprimer ma gratitude aux membres sortants du Bureau, à savoir les ambassadeurs Al-Thani du Qatar, Rodriguez Cuadros du Pérou et le Président sortant, l’ambassadeur Brandt du Royaume des Pays-Bas, pour leur leadership et leurs conseils en 2022.
  3. Je suis également très heureux de souhaiter la bienvenue à leur première réunion du Conseil d’administration à deux nouveaux membres de mon équipe de direction, à savoir : Ivana Zivkovic, directrice du Bureau régional pour l’Europe et la Communauté des États indépendants, et Michelle Muschett, directrice du Bureau régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Je suis aussi heureux du fait que notre nouvelle directrice du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud (UNOSSC), Dima Al-Khatib, prendra prochainement ses nouvelles fonctions. Je profite par ailleurs de cette occasion pour remercier Khalida Bouzar, directrice du Bureau régional pour les États arabes, qui nous quittera bientôt, pour son soutien et son engagement indéfectibles durant son mandat au PNUD. J’aimerais également saisir cette occasion pour remercier Svetlana Iazykova, qui a été l’épine dorsale du secrétariat du Conseil d’administration depuis 28 ans et qui prend une retraite bien méritée !
  4. Je nous souhaite à tous une bonne année, surtout au regard de l’année que nous venons de traverser. Lorsque j’ai pris la parole à cette session du Conseil au début de 2022, nous pensions que le relèvement à la suite de la COVID-19 et de ses conséquences sociales et économiques avait commencé. Les vaccins nous donnaient des raisons d’espérer et de croire que le pire était peut-être derrière nous. Tout au long de la pandémie, le PNUD s’est mobilisé et a joué un rôle essentiel dans les efforts mondiaux de grande envergure qui ont permis de soutenir les systèmes de santé, d’élargir la couverture des dispositifs de protection sociale et de protéger des emplois.
  5. Cette période semble maintenant être le premier chapitre des crises que nous connaissons aujourd’hui. Le relèvement et le moment où il s’achèvera sont incertains dans un contexte marqué par un cumul de guerre, de tensions politiques mondiales, d’explosion du coût de la vie, de famine, de crise de la dette, de catastrophes climatiques et de recul des progrès dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Le Rapport sur le développement humain 2022 du PNUD décrit avec justesse un ensemble d’incertitudes, où de multiples tensions se renforcent mutuellement et compromettent le développement.
  6. Depuis plus de trois décennies déjà, le PNUD calcule l’indice de développement humain. C’était la première fois qu’il déclinait dans le monde pendant deux années consécutives. Nous avons été ramenés à 2016, lorsque nous avons commencé à mettre en œuvre les ODD. Personne n’a été épargné. Quatre-vingt-dix des pays ont vu cet indice baisser, une proportion impressionnante. Tous les pays sont confrontés aux incertitudes de l’économie et à l’inquiétude et l’insécurité généralisées. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines.
  7. En dépit de ces obstacles – de leur fait en réalité, devrais-je dire – le PNUD n’a jamais marqué de pause. Partout dans le monde, nos équipes se mobilisent aux côtés des pays en développement partenaires pour aider à endiguer l’évolution de la pauvreté et continuer de faire avancer le développement. En conséquence, des millions de personnes ont obtenu un emploi, gagné accès à des services essentiels et retrouvé sécurité, dignité et espoir.
  8. Je vous invite à garder à l’esprit ces points positifs, car toute nouvelle année offre un moment de renouveau, même en ces temps difficiles. C’est ainsi que j’ai le privilège de vous rendre compte aujourd’hui des progrès accomplis par le PNUD après une année de mise en œuvre de notre tout dernier Plan stratégique. Aujourd’hui, le PNUD travaille dans le cadre de partenariats étroits, à la faveur de l’approfondissement de la collaboration avec les institutions spécialisées du système des Nations Unies et divers acteurs du développement, publics et privés. Nous apportons des réponses à un large éventail de besoins des pays, en conjuguant travail intellectuel, expérience pratique et souplesse opérationnelle accrue pour relever des défis complexes à grande échelle. Et nous sommes prêts pour l’avenir, après avoir investi dans les capacités pour le développement de la nouvelle génération, allant des énergies vertes aux services numériques.
  9. Au PNUD, avec votre soutien, nous recherchons constamment des moyens de faire avancer le développement humain, tout en tirant sans cesse les enseignements de l’expérience et en nous améliorant par la même occasion. À l’approche du Sommet des ODD de septembre, nous sommes arrivés à un moment particulièrement crucial pour relancer l’action en faveur des Objectifs mondiaux. Aujourd’hui, j’évoquerai quelques-unes des manières dont un PNUD intelligent face à l’avenir (#futuresmart) emploie ses ressources le plus efficacement pour impulser des changements plus rapides et même transformateurs.

Rompre le cycle des crises

10.    Toute vision du progrès repose sur la rupture du cycle de la fragilité. Pour dire les choses telles qu’elles sont, nous n’avancerons jamais si ce cycle se poursuit. Environ 15 % de la population mondiale vit dans une zone en conflit. Plus de la moitié de l’humanité, soit 4 milliards de personnes, a connu une catastrophe naturelle au cours des 20 dernières années.

11.    Le PNUD mène des opérations dans les 60 pays classés comme fragiles. Notre nouvelle offre face aux crises constitue notre plan — et notre plaidoyer — pour un changement de paradigme, où le développement participe pleinement à la rupture du cycle de la fragilité. L’apport d’une aide alimentaire, d’abris et de logements à un stade précoce des crises restera une mission essentielle, qui ne devrait cependant pas être perpétuelle. Nous devons tourner la page des situations où des personnes vivent dans des camps pendant 20 ans.

12.    L’offre du PNUD pour faire face aux crises fixe une orientation en s’inspirant de l’expérience et en s’appuyant sur les partenariats avec tous les principaux acteurs des secteurs de l’humanitaire et de la paix. Elle recoupe les fondamentaux du développement que sont notamment la création d’emplois, l’approvisionnement énergétique, la prestation de services et une gouvernance plus à l’écoute. Quelques exemples :

•    En Iraq, les efforts massifs déployés pour stabiliser les zones touchées par l’État islamique en rétablissant les services et les infrastructures ont largement contribué au retour au bercail de 4 millions de personnes. Nous avons adopté cette approche en Libye, qui repose sur des solutions locales inclusives de consolidation de la paix et de développement. Nous la réadaptons à présent dans le bassin du lac Tchad, dans la région du Liptako Gourma et au Mozambique.
•    En Ukraine, le PNUD, membre à part entière de l’équipe de pays des Nations Unies, a apporté un appui au maintien des services publics qui a permis de fournir des solutions de services numériques à plus de 18 millions de personnes, donnant accès à ces dernières aux prestations monétaires, aux subventions au logement et à d’autres produits essentiels, tout en mettant en place les conditions d’un meilleur accès pendant le relèvement et au-delà. Les petites et moyennes entreprises employant plus de 7 millions de personnes, le PNUD a aidé des organisations professionnelles regroupant plus de 10 000 entreprises à fournir des services d’appui destinés à des opérations résilientes. Depuis octobre, nous aidons à réparer les infrastructures énergétiques afin de maintenir durablement les approvisionnements en électricité, gaz et eau.
•    En Afghanistan, le PNUD travaille sur les moyens de subsistance, en particulier pour les femmes et les jeunes, au niveau local, en collaborant étroitement avec les collectivités locales et 18 institutions spécialisées des Nations Unies et 36 organisations non gouvernementales (y compris des obligations internationales). Nous avons aidé à consolider les économies locales et à accroître les revenus des ménages, et à remettre en état les infrastructures et services d’énergie, d’eau et d’atténuation des effets des catastrophes. Les premiers résultats sont prometteurs. Dans le cadre du programme ABADEI, nous avons soutenu les moyens de subsistance de plus de 700 000 personnes en 2022 et apporté des solutions énergétiques propres à plus de 100 000 personnes. Nous continuons de plaider en faveur du droit des femmes et des filles à l’éducation, au travail et à la vie publique, par exemple en accordant la priorité à la réouverture de 34 000 petites entreprises appartenant à des femmes au moyen de microfinancements et de formations. Malgré les circonstances très difficiles, nous avons exécuté la quasi-totalité de notre programme en 2022, et nous devons poursuivre cette lancée cette année.
•    En République centrafricaine, nous nous sommes associés à la mission de maintien de la paix des Nations Unies pour soutenir la Cour pénale spéciale. En 2022, cette cour a franchi une étape décisive pour la justice : la prononciation du premier verdict contre des personnes accusées de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.

13.    Le nouveau Programme d’action en 10 points du PNUD pour l’égalité des sexes dans les situations de crise établit un lien entre nos interventions contre les crises et nos réponses à la question de la parité femmes-hommes. En collaboration avec ONU Femmes et d’autres partenaires, notre Mécanisme d’intervention en faveur de l’égalité des sexes et contre les crises et notre Plateforme de justice pour l’égalité des sexes partagent leurs connaissances et accélèrent l’action collective sur le leadership des femmes, leur autonomisation économique, leurs droits humains et leur accès à la justice.

Un développement résilient et décarboné

14.    L’un de nos choix les plus importants que nous devons opérer aujourd’hui, c’est celui de décarboner. Nous avons encore du chemin, mais l’action climatique nationale est plus ambitieuse que jamais, notamment grâce à la Climate Promise du PNUD. Il s’agit probablement du programme le plus complet de ce type, parce qu’il répond aux besoins des secteurs économiques de premier plan et de divers groupes de population, en prêtant la même attention à l’adaptation et à l’atténuation et à une transition juste.

15.    Des plans d’action climatique plus ambitieux ou des contributions déterminées au niveau national (CDN) étaient en grande partie en place en 2022 dans les 120 pays et territoires bénéficiant de la Climate Promise à ce jour. Il incombe désormais aux États du monde entier de les financer, les mettre en œuvre et les suivre à l’échelle et à la vitesse qu’exige l’action climatique. Le PNUD se félicite de l’engagement pris récemment lors des négociations mondiales sur le climat de mettre en place un mécanisme de financement pour compenser les « pertes et dommages » liés au climat. Qu’à cela ne tienne, il reste un impératif constant et distinct, qui est d’honorer l’engagement international d’affecter 100 milliards de dollars par an à l’action climatique dans les pays en développement.  

16.    La Climate Promise du PNUD a aidé 56 pays à élaborer des stratégies de financement afin d’utiliser au mieux les fonds climatiques. Le Libéria a à la fois conçu une stratégie globale de financement de l’action climatique et formé des fonctionnaires à la préparation des propositions budgétaires liées au climat afin que l’action climatique soit financée pas seulement pour un ministère, mais pour beaucoup d’entre eux. Le Bangladesh a établi une nouvelle norme mondiale pour un plan national d’adaptation détaillé qui fait des investissements à long terme une priorité, en mettant à contribution les ressources publiques comme privées. Un partenariat mondial avec le Fonds monétaire international a permis de mettre au point des techniques de nouvelle génération pour intégrer le climat dans les fondamentaux de la comptabilité nationale.

17.    Grâce à la Climate Promise, plus de 75 pays — nombre qui augmente chaque année — ont acquis de meilleurs systèmes de données et de mesure climatiques afin de maintenir les progrès sur la bonne voie. Le Viet Nam dispose d’outils de suivi du secteur privé dans son inventaire national des émissions. Malgré des années de troubles politiques et économiques, le Liban a produit l’un des inventaires des émissions les plus robustes et les plus transparents qui soient à ce jour.

18.    L’initiative phare du PNUD sur les paiements carbone au service du développement (Carbon Payments for Development), mise en œuvre en collaboration avec la Suisse, met 120 millions de dollars à disposition pour financer des paiements basés sur la performance dans le but de réduire les émissions. En 2022, ce programme a aidé les pays à commencer à mettre en application l’article 6 de l’Accord de Paris, qui vise à stimuler l’ambition climatique grâce à une collaboration accrue. Le premier projet au monde lié à l’article 6 a été lancé au Ghana pour encourager la plantation de cultures climato-intelligentes sur 15 000 hectares.

19.    Dans plus de 140 pays, le PNUD soutient l’action en faveur de l’adaptation au changement climatique en partenariat avec le Fonds pour l’environnement mondial et le Fonds vert pour le climat. Au Timor-Leste, des femmes ingénieures et des entreprises de construction locales réalisent des infrastructures à l’épreuve du climat dont bénéficieront 15 % de la population. Aux Tuvalu, la technologie de pointe montée sur des avions appelée LIDAR a permis de recueillir des informations de base détaillées sur les aléas marins et les processus côtiers qui seront précieuses pour l’adaptation à l’élévation du niveau de la mer.

20.    La transition vers un développement décarboné ouvre d’immenses possibilités de renforcer la résilience et de briser les cycles d’inégalité et d’exclusion. Le PNUD a déjà pris des mesures pour atteindre son objectif collectif d’accroître l’accès de 500 millions de personnes à une énergie propre et d’un coût abordable. Notre plus vaste initiative d’élargissement de l’accès aux énergies vertes, le Programme de mini-réseaux en Afrique, présente un énorme potentiel. Avec le financement du Fonds pour l’environnement mondial et l’expertise de RMI, l’un des principaux promoteurs de la transformation des systèmes énergétiques, ainsi que de la Banque africaine de développement, ce programme aidera à saisir une opportunité d’investissement de 65 milliards de dollars qui pourrait permettre de réaliser 114 000 mini-réseaux de batteries solaires dans 21 pays. Ces projets pourraient permettre d’apporter de l’électricité moderne à 265 millions de personnes, à plus de 200 000 écoles et dispensaires et à plus de 900 000 entreprises. Le programme aura un impact véritablement transformateur sur les communautés rurales pauvres qui autrement pourraient devoir attendre des décennies pour que les réseaux électriques traditionnels arrivent chez eux. Les mini-réseaux peuvent être construits en six semaines à peine, ce qui constitue le moyen le plus rapide et le moins onéreux d’accéder à l’électricité verte.

Le numérique comme force pour l’intérêt général

21.    L’avenir, c’est le numérique, qui définit comment nous allons vivre, travailler et interagir les uns avec les autres. Les choix que nous ferons maintenant détermineront si la technologie devient une force d’autonomisation positive ou une source de nouvelles divisions et exclusions. C’est la raison pour laquelle le PNUD a investi dans son propre développement numérique pour aussi bien appliquer les technologies les plus récentes à son travail et aider les pays en développement à tirer parti de la révolution numérique. Le numérique occupe une place de choix dans nos programmes de préparation pour l’avenir, qui visent à réaliser des gains humains, et pas seulement des gains purement technologiques. 

22.    À l’heure actuelle, 2,7 milliards de personnes, principalement dans les pays en développement, se trouvent du mauvais côté de la fracture numérique. Si elles y sont laissées, leur retard ne fera que se creuser. Selon une étude phare du PNUD et de l’Université de Denver, des investissements ciblés dans la numérisation, la protection sociale et l’économie verte pourraient réduire de 146 millions le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté d’ici 2030.  

23.    Le PNUD aide actuellement 100 pays à mettre au point des solutions numériques qui s’alignent étroitement sur les priorités nationales de développement, comme au Malawi, où un système d’identification numérique ultramoderne et centré sur la personne a permis d’améliorer les informations fiscales, de renforcer les mécanismes de vérification des comptes bancaires et d’économiser 20 millions de dollars de deniers publics grâce à la réduction de la fraude aux pensions de retraite. Les fonds économisés ont été affectés à un nouveau programme national de subventions aux agriculteurs vulnérables. Plus de 40 bureaux de pays du PNUD ont mis en place de nouveaux moyens d’action pour des initiatives de justice numérique. Dans l’État de Palestine, par exemple, un système open source de gestion des affaires judiciaires améliore l’efficacité et l’accès à la justice, en privilégiant les femmes réticentes à signaler les violences domestiques.

24.    Lors de l’Assemblée générale de 2022, le PNUD a coorganisé une manifestation de haut niveau avec la Digital Public Goods Alliance (l’Alliance pour les biens publics numériques) qui a contribué à galvaniser les soutiens à l’appui de l’infrastructure publique numérique. Des dirigeants du gouvernement, de la société civile, du monde des affaires, des organisations philanthropiques et des organisations internationales ont engagé près de 300 millions de dollars pour construire des « routes et réseaux électriques » numériques qui permettent l’interconnexion de diverses plateformes numériques et la fourniture par ces dernières de services fiables, de paiements, le partage de données, etc. Le PNUD a montré comment un système d’échange de données en Ukraine, basé sur des modèles éprouvés en Estonie et en Sierra Leone, a soutenu la protection sociale et la prestation de services malgré la guerre. La poursuite de la collaboration avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui concerne les 54 États membres de l’Union africaine, est en train de donner naissance à un protocole numérique pour des échanges de données et des paiements sûrs et sécurisés qui accéléreront le commerce numérique à travers le continent.  

25.    Le PNUD co-dirige la Digital Public Goods Alliance pour mettre 160 solutions de développement open source (et ce nombre est appelé à évoluer) à la disposition de tous, pour tous les ODD. iVerify, par exemple, est un outil de vérification des faits animé par l’intelligence artificielle qui vise à lutter contre la mésinformation électorale et que le PNUD a expérimenté avec succès en Zambie avant de l’appliquer au Honduras, au Kenya et au Libéria. Notre partenariat de longue date avec Singapour a permis de diffuser les contributions notables de ce pays à la technologie dans l’administration publique, à l’instar d’un outil d’examen automatique permettant un meilleur accès des personnes handicapées aux services numériques.

26.    Le numérique étant en évolution constante — le futur c’est maintenant en effet —, le PNUD a mis au point de puissantes ressources telles que son Digital Development Compass (la boussole du développement numérique). Il s’agit du plus vaste recueil d’indicateurs numériques nationaux qui ait jamais existé, qui contribue à guider une transformation numérique inclusive qui touche l’ensemble de la société. La plateforme Digital X met en relation des solutions publiques et privées prêtes à l’emploi à des problèmes de développement urgents, plus de 100 solutions éprouvées étant ainsi disponibles. Notre partenariat avec EDISON Alliance a donné lieu au Digital Inclusion Navigator (le navigateur numérique pour l’inclusion), qui organise des ressources fondées sur des données probantes aux fins des services numériques dans les soins de santé, des services financiers et de l’éducation.

27.    Toutes les activités numériques du PNUD cadrent avec le Pacte numérique mondial et Notre Programme commun du Secrétaire général des Nations Unies. Sous la direction du Rwanda et de la Suède, ainsi que de l’envoyé spécial des Nations Unies pour les technologies, le PNUD continuera d’appliquer une approche centrée sur les pays dans le cadre de ce pacte et d’appeler à placer les personnes et leurs droits au cœur de la transformation numérique.

Toute idée peut changer demain
    
28.    Si nous voulons répondre aux besoins maintenant et prétendre à un avenir meilleur, nous devons penser et agir différemment. Le réseau de laboratoires d’accélération de classe mondiale du PNUD repose sur l’idée qu’avec 8 milliards d’habitants sur la planète, nous disposons probablement d’un grand nombre de réponses aux problèmes actuels qu’il ne reste plus qu’à trouver, déployer à grande échelle et diffusion largement. Dans 115 pays, les laboratoires brisent le mode traditionnel de production des idées. Des communautés aux salles de conférence, ils mettent en relation des personnes qui souhaitent expérimenter, apprendre et déclencher le changement, dans les secteurs public et privé.

29.    Les laboratoires ont changé le mode de fonctionnement du PNUD, en améliorant sa souplesse d’intervention et sa réactivité, et ils sont rapidement devenus une ressource pour les gouvernements dans toutes les régions. Les travaux des laboratoires ont permis de mettre à jour les données sur la qualité de l’air à Buenos Aires (Argentine), d’améliorer la lutte contre la pollution atmosphérique en Inde et de renforcer la résilience climatique des petits agriculteurs en Égypte. Le Réseau des laboratoires d’accélération, le HoneyBee Network et la School of International and Public Affairs de l’Université Columbia collaborent à l’élaboration d’une cartographie novatrice des solutions énergétiques pour les communautés longtemps laissées en dehors des réseaux énergétiques nationaux.

30.    Toujours attentifs aux dernières tendances du développement, les laboratoires sont de plus en plus le moteur du leadership éclairé du PNUD. Lorsque la collaboration internationale entre six laboratoires a révélé 30 signaux qui changeaient la nature du travail, par exemple, le PNUD a publié à ce sujet un rapport qui a été largement couvert par les médias grand public et mis en vedette lors du Forum économique mondial. La collaboration actuelle de 24 laboratoires porte sur l’examen de l’activité économique informelle, qui s’est fortement développée depuis la pandémie, afin de redéfinir les réponses à apporter au sein du PNUD et avec des partenaires tels que l’Organisation internationale du Travail.

31.    Les laboratoires sont devenus un point de départ pour la collaboration croissante du PNUD avec le secteur privé. Près de la moitié des nouveaux partenaires des laboratoires sont des acteurs privés, avec un potentiel considérable d’accroissement des investissements dans les ODD à mesure que de nouveaux écosystèmes d’innovation prennent leur envol. À l’université Harvard, les étudiants en MBA utilisent une étude de cas sur les laboratoires pour examiner les stratégies d’investissement dans les technologies. Le PNUD est fier de collaborer avec Hyundai sur la plateforme « For Tomorrow », qui présente 72 innovations créées par des personnes provenant de 44 pays. Un documentaire auquel l’actrice Daisy Ridley prête sa voix, disponible sur Amazon et YouTube, raconte l’histoire d’innovateurs locaux et montre à quoi l’avenir peut ressembler si les décideurs écoutent et tirent des leçons. Des millions de personnes ont regardé ce documentaire et ses bandes-annonces.

Montrer la voie avec nos valeurs

32.    Excellences, le PNUD montre la voie avec des idées et des programmes pour briser le cycle des crises et réaliser un développement de nouvelle génération. Nous montrons également la voie avec les valeurs inscrites dans la Charte des Nations Unies et le droit international, dans le droit fil de notre mandat et tenant compte de la réalité qui est que le développement inclusif et durable dépend d’une meilleure gouvernance, de la réalisation des droits humains et de la mise en phase étroite de tous les flux de financement.

33.    Notre prochaine stratégie en matière de gouvernance est axée sur la réduction des fractures, l’accès à la justice et l’élargissement des choix pour que chacun puisse prospérer. La stratégie associe innovation et longue expérience, ce qui amplifie les succès récents, tels que le travail sur la lutte contre la corruption, qui s’intéressent à des secteurs entiers pour y décourager la corruption et améliorer les résultats de développement. L’application de cette approche au secteur de la santé en Tunisie a permis de réduire les frais médicaux et d’accroître la satisfaction des patients dans certains hôpitaux publics. Des outils numériques ont été déployés dans le cadre de plusieurs initiatives dans le but d’améliorer la participation citoyenne, à l’instar de la plateforme Agora du Panama, qui a fait participer plus de 200 000 personnes à la formulation d’une nouvelle vision du développement national. En Somalie, nous sommes à la fois en train de renforcer les capacités de gouvernance locale et de changer le discours sur la fragmentation sociale en mettant l’accent sur les changements positifs et autonomisants que les individus apportent dans leurs communautés.

34.    Comme l’indique le Plan stratégique du PNUD, notre travail est essentiellement consacré aux personnes qui peuvent avoir le plus de mal à réaliser leurs droits parce qu’elles sont pauvres, enlisées dans des conflits ou piégées par des normes sociales discriminatoires. Nous nous félicitons de la récente évaluation formative de l’application du principe de ne laisser personne de côté, qui reconnaît que l’équité et l’égalité sont intrinsèques au travail du PNUD. Et nous accueillons favorablement les recommandations de cette évaluation, qui renforceront notre capacité à nous concentrer sur les causes profondes de la marginalisation.

35.    Dans le cadre de notre nouvelle stratégie relative à l’égalité des sexes pour 2022-2025, qui vise à débloquer de nombreuses sources de discrimination croisées, les progrès sont déjà manifestes dans le travail sur les violences sexistes, où nous intégrons des stratégies de prévention dans des programmes axés sur d’autres préoccupations fondamentales concernant le développement. Les premiers projets expérimentaux menés en Iraq et au Liban, qui s’inscrivent dans des programmes d’autonomisation économique et promotion de moyens de subsistance dans les communautés marginalisées, ont manifestement amélioré les attitudes à l’égard de l’égalité des sexes, modifié les normes qui considèrent les violences sexistes comme acceptables, et amené les hommes à être plus disposés à assumer un plus grand nombre de tâches ménagères. Cette innovation pourrait donner une impulsion importante à la fois à l’élimination de la violence et à l’accélération de nombreux ODD.

36.    Le PNUD a également apporté une contribution essentielle à l’élimination des violences sexistes par le biais de l’initiative Spotlight de l’Union européenne et de l’Organisation des Nations Unies, en étroite collaboration avec ONU Femmes, le FNUAP et l’UNICEF. Dix-sept pays d’Amérique latine, par exemple, pénalisent désormais les féminicides dans leur législation ou les ont ajoutés comme infraction pénale dans leur code pénal.

37.    En ce qui concerne les droits humains, les efforts déployés par le PNUD pour aider les pays à appliquer les recommandations de l’Examen périodique universel s’alignent davantage sur les plans nationaux pour les ODD. L’Albanie s’est appuyée sur ces recommandations pour adapter la riposte à la COVID-19 aux femmes aux prises avec de multiples formes de discrimination, notamment les Roms, et les femmes handicapées ou vivant en milieu rural. La Sierra Leone a aboli la peine de mort et promulgué des lois visant à élargir l’espace civique.

38.    En 2022, les institutions nationales des droits de l’homme soutenues par le PNUD ont joué un rôle majeur dans l’approbation par l’Assemblée générale des Nations Unies du droit universel à un environnement propre, sain et durable. Nous avons publié une stratégie pour la justice environnementale afin de faire avancer cet engagement, en nous appuyant sur des réalisations telles que celles obtenues dans le cadre du Programme de microfinancements du FEM. Dans 127 pays, cette stratégie offre des possibilités aux peuples autochtones, aux femmes, aux jeunes et aux personnes handicapées d’exercer leurs droits et d’ouvrir la voie à un équilibre durable entre les peuples et la planète.

Mettre en phase tous les flux de financement

39.    Excellences, l’avenir de la finance doit être celui où nous alignons tous les flux, publics et privés, sur un développement durable et inclusif. Dans l’intervalle, nous continuerons, par choix ou par inertie, de financer les fractures qui divisent notre monde et les pratiques qui menacent de le détruire. Comme point de départ crucial, le PNUD soutient l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, notamment dans Notre Programme commun, à réformer l’architecture financière internationale afin de mieux servir les pays en développement.

40.    Le Pôle de financement durable du PNUD est unique en sa capacité à aider à aligner et débloquer des financements publics et privés à l’appui du développement durable dès maintenant et dans la poursuite d’un objectif de 1 000 milliards de dollars en faveur des ODD. Dans 145 pays, les initiatives de financement durable mettent en relation les gouvernements, le secteur privé et les institutions financières internationales afin d’accélérer les progrès sur les ODD grâce à des mesures telles que la réforme fiscale, les politiques de développement des marchés financiers, les cartes des investisseurs et la budgétisation tenant compte du genre. Les cadres de financement nationaux intégrés dans 86 pays constituent une plateforme toute faite pour le nouveau Plan de relance des ODD du Secrétaire général, qui vise à affecter 2 % du PIB mondial, soit environ 500 millions de dollars par an, au développement, aux interventions humanitaires et à l’action climatique, grâce à des prêts des banques de développement, à l’allégement de la dette, à la fourniture de liquidités et aux financements des bailleurs de fonds.

41.    Le PNUD collabore avec plus de 40 pays sur la restructuration de la dette et les obligations thématiques. À la fin de 2022, ces initiatives avaient généré plus de 11 milliards de dollars à l’appui des ODD et de l’action climatique. L’Uruguay vient d’émettre une obligation innovante de 1,5 milliard de dollars liée au développement durable qui prolonge l’échéance de la dette existante et permet de lever de nouveaux fonds tenant compte des objectifs climatiques et environnementaux. En évitant les projets prédéfinis, l’obligation garantit la souplesse dans l’adaptation des choix de dépenses à mesure que les besoins évoluent ou se font jour. Des incitations intégrées pour atteindre les objectifs aident à encadrer les dépenses. L’Uruguay n’est que le deuxième pays à émettre ce type d’obligations, qui a été très favorablement accueilli par le marché, générant près de 4 milliards de dollars d’ordres de la part de 188 investisseurs.

42.    Dans le cadre de l’approfondissement de la collaboration du PNUD avec les institutions financières internationales dans 77 pays, nous restons étroitement alignés sur les priorités de développement nationales en aidant à préparer des propositions d’investissement rationnelles et à exécuter des dons et des prêts. En Équateur, nous avons aidé le ministère des Finances à mettre en place des outils de marquage budgétaire pour suivre les financements nationaux consacrés à l’action climatique dans le cadre de l’accès à près d’un milliard de dollars de prêts des banques de développement, dont le premier prêt à l’appui des politiques de développement pour une reprise verte et résiliente de la Banque mondiale. Une assistance technique aide les villes ukrainiennes à utiliser un prêt de 300 millions d’euros de la BEI pour remettre en état des infrastructures énergétiques qui à la fois sont plus efficaces et atteignent un plus grand nombre de personnes.

43.    Le financement mixte public-privé sera l’un des grands axes de la Facilité pour la transition verte dans les États arabes que le PNUD lance avec la Banque islamique de développement. Il offre aux gouvernements, aux institutions financières, au secteur privé et aux partenaires de développement une ressource pour transformer les objectifs climatiques en projets rentables dans une région où seulement 1,5 % de l’énergie est renouvelable. L’un des nouveaux accords qui façonnent le marché a été conclu avec la Kuwait Finance House pour aligner les investissements de cette institution sur les ODD. Elle est l’une des plus grandes institutions financières islamiques au monde et dispose d’une capitalisation boursière de près de 30 milliards de dollars.

44.    Le Mécanisme de financement des assurances et des risques du PNUD met en relation des partenaires publics et privés pour couvrir les risques climatiques futurs pour les populations les plus vulnérables. Ciblant 20 pays dans un premier temps, il a commencé à déployer des solutions d’assurance protégeant près de 40 millions de personnes, et est en bonne voie pour atteindre 80 millions de personnes en 2023. Il s’agit là d’un excellent exemple du PNUD intelligent face à l’avenir (#futursmart), où nous réduisons les risques de pauvreté en déployant des stratégies de pointe en étroite collaboration avec les acteurs publics et privés. Et ce n’est que le début. Les nouveaux partenariats complémentaires comprennent une collaboration avec la Fondation Bill & Melinda Gates portant sur 14 millions de dollars pour expérimenter des solutions de résilience financière pour les petits exploitants agricoles. La collaboration avec Milliman, Inc. aidera les pays à développer la science et les compétences actuarielles ainsi que les marchés de l’assurance.

Un partenaire de choix imprégné dans une culture de haute performance

45.    Tout ce dont j’ai parlé jusqu’ici montre comment le PNUD emploie les ressources que vous lui confiez pour faire promouvoir le développement humain, à grande échelle, dans le droit fil des ODD. Bien que nos comptes financiers pour l’exercice n’aient pas encore été clos, l’année 2022 a enregistré le deuxième plus haut niveau d’exécution des programmes en plus d’une décennie, atteignant environ 4,7 milliards de dollars. En Afrique, nous avons dépassé notre objectif annuel, en apportant 102 % de l’appui aux programmes prévu. En Amérique latine et dans les Caraïbes, nous avons atteint 114 %. Au plus fort de la pandémie, nous avons dépassé nos résultats institutionnels de 2021.

46.    Nous restons hautement responsables dans nos dépenses et nous suivons l’impact des fonds de développement, ayant reçu notre dix-septième opinion d’audit sans réserve consécutive concernant nos états financiers pour 2021. Le PNUD se félicite du rapport du Comité des commissaires aux comptes des Nations Unies et de sa conclusion générale selon laquelle le PNUD a clôturé l’année 2021 en bonne santé financière grâce à de saines pratiques de gestion financière, y compris des processus et des contrôles conçus pour maintenir ses dépenses dans les limites des ressources financières disponibles.

47.    Nous faisons partie des organisations les plus transparentes au monde, selon l’Indice international de transparence de l’aide. La qualité de nos évaluations décentralisées — un test décisif sur la façon dont nous tirons les leçons de notre travail sur le terrain et l’améliorons — continue de s’améliorer. Des évaluations externes indépendantes réalisées par le Réseau de mesures des performances des organisations multilatérales (MOPAN), le Gouvernement japonais et Publish What You Fund ainsi que l’enquête en cours du PNUD sur les partenariats ont confirmé que le PNUD est un partenaire de choix pour les pays donateurs et les pays bénéficiaires du programme.

48.    En 2022, le PNUD a donné la priorité aux efforts déployés par les entreprises pour diversifier ses partenariats pour le développement, en mettant clairement l’accent sur les institutions financières internationales et le secteur privé. Dans le but de faciliter la collaboration avec les entreprises, nous avons mis en place une nouvelle politique de garantie de crédit, une politique d’octroi de licences de propriété intellectuelle et des outils de vérification préalable numérisés. Des politiques nouvelles et renforcées sont en place pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

49.    Au sein de la famille élargie du PNUD, le Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), le Programme des Volontaires des Nations Unies (VNU), l’UNOSSC et le Bureau des fonds d’affectation spéciale pluripartenaires (MPTO) —toutes des organisations que le PNUD héberge et soutient — continuent d’apporter des contributions essentielles en tant que partenaires de développement. En 2022, mécanisme de financement catalytique pour les pays les moins avancés, le FENU a soutenu des fonds mixtes de tierces parties pour lever plus de 400 millions de dollars de capitaux d’investissement, principalement pour les petites et moyennes entreprises et les municipalités. Le Programme VNU met plus de 12 000 volontaires au service de plus de 55 entités des Nations Unies et, pour promouvoir l’inclusion, a mobilisé près de 200 VNU handicapés et des volontaires représentant 177 nationalités, et a maintenu la parité entre les sexes parmi les VNU.
 
50.    L’UNOSSC, par le biais de l’Exposition mondiale pour le développement Sud-Sud, de South-South Galaxy et des fonds d’affectation spéciale, renforce l’appui du système des Nations Unies aux États membres pour tirer parti de la coopération Sud-Sud et triangulaire en vue d’un relèvement résilient et d’un développement durable. Le Bureau des fonds d’affectation spéciale pluripartenaires fournit des services de financement communs à l’ensemble du système des Nations Unies, ce qui permet d’obtenir des résultats conjoints transparents et intégrés dans un portefeuille diversifié. En 2022, le Bureau a fourni un montant record de 1,7 milliard de dollars à 120 institutions du système des Nations Unies et partenaires d’exécution pour soutenir des coalitions interinstitutionnelles importantes et innovantes afin de faire avancer les ODD.

51.    Le passage accéléré du PNUD des projets aux portefeuilles fait intervenir un nouveau cadre d’initiation aux portefeuilles. Il nous aide, ainsi que nos partenaires, à intégrer l’innovation et la réflexion sur les systèmes dans la manière dont nous programmons, suivons, évaluons et mobilisons les financements. Quarante-cinq pays ont déjà appliqué une approche par portefeuille logique, notamment pour élaborer plusieurs nouveaux programmes de pays. Les gouvernements nationaux, comme au Malawi, et les autorités locales, comme en Arménie, en Géorgie et en Macédoine du Nord, font partie des premiers à adopter cette approche. Les investisseurs précoces incluent le Danemark, qui a largement initié le changement grâce à un soutien de la Facilité pour l’innovation du PNUD, et l’Union européenne, qui a engagé 10 millions d’euros au titre de la poursuite d’une approche par portefeuille de la transformation urbaine en Europe et en Asie centrale. J’encourage davantage de partenaires à nous rejoindre dans cette démarche importante.

52.    Je suis heureux que le PNUD continue de redoubler d’efforts pour incarner les valeurs que nous défendons, par exemple en obligeant tous les bureaux à planifier et à rendre compte de l’innovation et de la numérisation, à créer un lieu de travail sûr, inclusif et équitable, et à respecter les normes sociales et environnementales. Chaque bureau du PNUD doit maintenant planifier et rendre compte des efforts visant à renforcer une culture du travail inclusive, exempte de discrimination, d’exploitation et/ou d’abus, y compris d’inconduite sexuelle. Des mesures de sauvegarde appropriées sont intégrées dans tous les programmes du PNUD, et nous sensibilisons nos partenaires d’exécution à nos normes d’inconduite sexuelle. Nous avons entrepris d’examiner la performance de l’équipe dans le cadre de nos rapports annuels, et communiquerons les conclusions à la réunion annuelle du Conseil d’administration en 2023.

53.    La certification du PNUD par Economic Dividends for Gender Equality (EDGE) — une évaluation mondiale et une certification commerciale de premier plan pour l’égalité des sexes sur le lieu de travail — témoigne des progrès accomplis par le PNUD vers la réalisation de l’égalité des sexes et la création d’un lieu de travail inclusif. Depuis 2020, nous avons redoublé d’efforts pour devenir une organisation activement antiraciste et promouvoir l’égalité, la justice et l’inclusion au sein de notre propre institution et à travers nos programmes. Dans la dernière enquête du PNUD auprès du personnel, 80 % des personnes interrogées ont indiqué que tous les employés sont traités avec dignité et respect, une proportion supérieure de 23 % au niveau de référence externe.

54.    En vue de réduire notre empreinte carbone opérationnelle de 50 % au cours des sept prochaines années, notre mécanisme de financement de l’initiative « Moonshot » a investi dans 72 initiatives, allant des véhicules électriques aux énergies renouvelables, dans les locaux du PNUD. Ces mesures ont réduit notre empreinte carbone liée à la consommation de l’électricité de 11,2 % tout en économisant plus de 730 000 dollars en coûts énergétiques chaque année. Aux côtés de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et du Conseil norvégien pour les réfugiés, et avec l’appui de l’Allemagne, nous nous employons à remplacer 400 groupes électrogènes diesel utilisés dans des contextes humanitaires dans cinq pays du Sahel. Il s’agit là d’une étape importante vers le changement de la dépendance des organisations humanitaires à l’égard de l’électricité produite par des combustibles fossiles coûteux et nocifs pour l’environnement.

55.    Excellences, pris ensemble, tous les résultats que j’ai décrits aujourd’hui sont ceux d’une organisation en mouvement, qui tire systématiquement les leçons de ses expériences et qui produit du concret. Au cours de l’année écoulée, alors que ses partenaires de développement avaient le plus besoin de lui, le PNUD s’est mobilisé et a fourni un soutien financier et technique plus important que jamais, d’une manière fiable, responsable et transparente.

56.    Pourtant, la réalité est que nous avons du mal à faire plus avec moins. Cette situation n’est pas tenable. Hors du PNUD, les pays en développement sont confrontés à un déficit de financement estimé à 4 200 milliards de dollars par an, ce qui soulève de plus en plus de questions : pourquoi les financements destinés au développement baissent-ils malgré l’explosion des besoins ? Nous posons cette même question aujourd’hui. Bien que nous soyons profondément conscients de la confiance et l’engagement continu de nos donateurs, qui ont maintenu ou accru leur financement du travail du PNUD, la baisse actuelle des contributions d’un nombre croissant de pays de l’OCDE à nos ressources de base est malheureusement l’une des pires de l’histoire du PNUD.

57.    Le problème n’est pas celui d’un manque de demande ou d’une faible optimisation des ressources. Bien au contraire, comme en témoignent la forte demande des services du PNUD et les bonnes notes que j’ai évoquées plus haut de la part de nombreux partenaires et évaluateurs. En octobre dernier, lorsque nous avons réuni notre réseau mondial de représentants des pays avec des représentants permanents des États membres pour discuter de l’avenir du développement. Ils ont lancé un vibrant appel au PNUD pour qu’il offre davantage d’aide aux pays en développement afin qu’ils se relèvent des crises actuelles et se remettent sur les rails dans la poursuite des ODD.

58.    En outre, même avec la baisse des financements de base, les contributions autres que celles de base ont augmenté en 2022 en raison de la confiance que les pays bénéficiaires des programmes placent en nous. L’Argentine, le Pakistan, la République démocratique du Congo et d’autres pays ont investi dans la collaboration avec nous en leur propre sein à des niveaux plus élevés que prévu. Un plus grand partage des coûts par les États témoigne des efforts continus déployés par le PNUD pour diversifier ses financements et accroître les contributions globales, mais il confirme également que les pays en développement votent avec leur portefeuille.

59.    En République démocratique du Congo, par exemple, le PNUD collabore avec le gouvernement et le Fonds monétaire international à la mise en œuvre d’un vaste programme de développement communautaire visant à améliorer les infrastructures locales, à fournir des énergies renouvelables hors réseau et à développer les liens commerciaux et les chaînes de valeur pour les petites entreprises des communautés marginalisées. Le programme a attiré 348 millions de dollars de ressources publiques et 263 millions de dollars de droits de tirage spéciaux.

60.    Les pays en développement ont également choisi le PNUD comme principal partenaire mondial pour l’accès à des milliards de dollars de financements et leur déploiement à l’appui du développement dans le cadre de fonds verticaux tels que le Fonds vert pour le climat, le Fonds pour l’environnement mondial, le Fonds multilatéral pour la mise en œuvre du Protocole de Montréal et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le PNUD a placé la barre haut en matière de contrôle dans le cadre de son partenariat avec le Fonds pour l’environnement mondial, ce qui lui a valu le renouvellement de son accréditation en 2021. Notre niveau d’accréditation auprès du Fonds vert pour le climat a été relevé à la lumière des résultats que nous aidons à obtenir et des suites que nous donnons aux recommandations d’audit et d’évaluation. Certes, nous savons que nous pouvons et devons continuer à rechercher l’excellence, à respecter les normes élevées que nous nous sommes fixé et à les dépasser, mais nous sommes fiers d’être un partenaire de choix parmi les pays bénéficiaires de notre programme.

L’impact essentiel des ressources de base

61.    Excellences, la baisse des financements de base est particulièrement problématique, au PNUD et dans l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement, parce qu’elle taille dans le vif de nos organisations. La grande promesse de ce que nous avons commencé à entreprendre fera long feu si nous n’inversons pas immédiatement la tendance à la baisse des ressources de base. Celles-ci sont restées terriblement insuffisantes, se situant autour de 585 millions de dollars en 2022, soit 12 % de nos ressources totales, et devraient diminuer en 2023. Bien que ces chiffres ne soient pas encore définitifs alors que nous clôturons les comptes de 2022, cette baisse a une incidence directe sur notre capacité à réaliser les priorités du Plan stratégique que vous avez approuvé ainsi que les programmes nationaux convenus avec les pays bénéficiaires. Pour rendre compte de la valeur et du rôle des financements de base dans la pratique, je voudrais citer quelques exemples essentiels de ce qu’ils nous permettent de réaliser.

62.    Premièrement, 82 % de nos ressources de base programmatiques sont alloués aux pays à faible revenu. Dans les 46 pays les moins avancés, les ressources de base financent les programmes du PNUD qui luttent contre la pauvreté et les inégalités, s’attaquent aux causes profondes des crises et aident à réaliser la promesse que nous avons tous faite de ne laisser personne de côté. Les ressources de base sont essentielles à notre rôle de conseiller de confiance auprès des gouvernements, comme en ont témoigné de nombreux représentants des États membres lors de notre réunion d’octobre. Les ressources de base garantissent notre présence sur le terrain à intervenir avant, pendant et après les crises, grâce à des capacités souples et réactives, comme cela a été démontré récemment en Afghanistan.

63.    En Érythrée, les ressources de base contribuent à réduire certains des fossés de développement les plus profonds de notre époque. Dans les zones rurales, seulement 3 % de la population a accès à l’électricité, une disparité qui en entraîne beaucoup d’autres dans les domaines de l’éducation, de la santé, des revenus, de la sécurité, de l’accès au numérique et du poids inéquitable du travail domestique non rémunéré pour les femmes. Avec les ressources de base, le PNUD a accompli des progrès dans la réduction du déficit énergétique grâce à un mini-réseau solaire. Elles permettent de fournir de l’électricité moderne, abordable et durable à plus de 40 000 ménages et entreprises qui, autrement, n’auraient pas été raccordés au réseau électrique national. Le projet a transformé des moyens de subsistance et des vies, en apportant la lumière, littéralement, dans 40 villages, 500 petites entreprises, 15 écoles et deux hôpitaux communautaires. Faute de ressources de base pour répondre à ce besoin aigu, compte tenu de la complexité et du coût de l’extension de l’approvisionnement électrique traditionnel, ces communautés resteraient probablement dans l’obscurité, et les écarts de développement continueraient de se creuser.  

64.    Deuxièmement, les ressources de base déterminent en grande partie la qualité et la portée des innovations du PNUD en matière de leadership éclairé et de politiques publiques. Cela signifie que le PNUD peut régulièrement introduire de nouvelles idées qui transforment le travail de développement dans des domaines aussi divers que l’assurance, le financement durable, l’égalité des sexes, la numérisation et l’énergie, comme le confirment les nombreux exemples que j’ai évoqués précédemment. Les financements de base entretiennent le travail que nous avons entrepris il y a 30 ans lorsque notre Rapport sur le développement humain a mis en évidence la prédominance du PIB comme indicateur des progrès accomplis. Au cours des dernières années, ce rapport a façonné une compréhension globale de l’orientation de l’humanité, marquant la nouvelle ère de l’Anthropocène, présentant l’«ensemble d’incertitudes » et attirant l’attention sur l’impact brutal de la COVID-19 sur le développement humain.

65.    Parallèlement, notre indice de pauvreté multidimensionnelle, fruit d’une collaboration du PNUD avec l’Université d’Oxford, a permis de mieux cerner l’ampleur et la complexité de la pauvreté et de guider une nouvelle compréhension des solutions. Ces solutions concernent les énergies renouvelables, qui pourraient être l’un des moyens les plus rapides de sortir des privations multiples qui touchent 1,2 milliard de personnes. Toutes ces informations s’ajoutent aux données factuelles qui établissent le rôle indispensable de l’action multilatérale, aidant les dirigeants à plaider en faveur de l’investissement dans les ODD au lieu de se concentrer principalement sur des problèmes perçus comme « plus proches de chez eux ».

66.    Une nouvelle publication que nous allons lancer met en lumière les signaux de changement qui comptent le plus pour l’avenir du développement. Nos réseaux mondiaux de connaissances amplifient en permanence l’intelligence collective de 33 000 experts et professionnels du développement, et ont récemment ancré des dialogues mondiaux dans la période qui a précédé Stockholm+50. Le Réseau mondial pour les politiques du PNUD s’engage sur de nouveaux terrains intellectuels grâce à des recherches internes systématiques. Sa collection Development Futures, par exemple, sème de nouvelles idées dans de grandes revues consacrées au développement sur des questions émergentes telles que le rôle du secteur privé dans la consolidation de la paix et l’évaluation de la pauvreté multidimensionnelle tenant compte des risques.

67.    Troisièmement, les financements de base soutiennent le PNUD en tant qu’institution publique appartenant à tous, déterminée à défendre les valeurs de la Charte des Nations Unies et des ODD, avec le plus haut niveau de supervision qui soit. Ils sous-tendent notre approche fondée sur des valeurs, notre présence universelle, notre capacité de réponse en situation d’urgence et notre attachement à la transparence, à la responsabilité et à la supervision. Ils garantissent des améliorations constantes de l’efficacité institutionnelle, de l’agilité et de la responsabilité. Sur les ressources de base, le PNUD engage 50 millions de dollars par an pour des fonctions de supervision indépendantes et un appui aux fonctions à l’échelle du système, y compris pour le programme des Volontaires des Nations Unies, le FENU et l’UNOSSC.

68.    Les ressources de base ont rendu possible la mise en place de notre nouvelle plateforme de gestion Quantum tournée vers l’avenir, qui améliore la collaboration avec notre personnel, nos partenaires et nos fournisseurs. Cette plateforme combine plus de 10 000 éléments de données provenant d’activités opérationnelles et programmatiques pour recueillir de nouvelles informations et améliorer les décisions fondées sur les données. Dans le cadre de son engagement en faveur du programme de réforme des Nations Unies, le PNUD s’est associé à sept autres entités du système de développement pour déployer la plateforme Quantum : il s’agit du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), d’ONU-Femmes, du FENU, du programme VNU, de l’Université des Nations Unies, de l’UNOSSC et de l’UNITAR.

69.    Les canaux de paiement numérique de Quantum sont mis en place pour améliorer la détection des fraudes et le respect des normes de lutte contre le blanchiment d’argent. La plateforme améliorera également la confidentialité des données, en s’appuyant sur l’engagement déjà ferme du PNUD en faveur d’un environnement de travail sécurisé pour les données, l’information et le numérique. En 2022, l’équipe du PNUD chargée de la cybersécurité a remporté le prix OSC50, qui récompense 50 cellules de cybersécurité les plus avancées au monde, aux côtés d’entreprises telles qu’Adobe, Accenture, Microsoft Corporation et Zoom. Ce prix témoigne de notre engagement continu à innover, à suivre les meilleures pratiques et à nous assurer que nous suivons l’évolution rapide du domaine de la cybersécurité. Le PNUD a remporté plus de prix OSC50 pour la cybersécurité que toute autre organisation, y compris du secteur privé.

70.    Grâce aux sources de base, le PNUD continue de faire avancer sa Stratégie relative aux ressources humaines à l’horizon 2030, après avoir remporté plusieurs prix mondiaux prestigieux pour la gestion des talents. Notre Programme pour les études supérieures a obtenu le prix 2022 pour le recrutement le plus efficace des nouveaux talents après avoir passé au crible efficacement plus de 38 000 candidats et sélectionné 33 candidats différents en moins de deux mois. Cela témoigne de l’intérêt des personnes à travailler pour le PNUD et de notre engagement continu à améliorer la diversité de notre personnel. De nouvelles ressources d’apprentissage et de perfectionnement du personnel sont destinées à renforcer les compétences en matière de recherche de sens, de planification de scénarios et de réflexion systémique. Cette année, nous mettrons en place de nouveaux mécanismes de rétroaction sur la performance et l’expérience des employés, approfondissant l’amélioration continue et l’innovation comme faisant partie intégrante de notre culture organisationnelle.

71.    Excellences, en bref, le PNUD a mis la barre haut pour être une institution publique plus axée sur la performance et plus efficace, et capable de se mettre au service de la coopération mondiale pour le développement parce qu’elle apprend et s’améliore constamment, en s’appuyant pour cela sur un examen rigoureux et des données probantes solides. Nous nous tournons vers vous pour saluer ce que nous avons accompli et dire combien nous pouvons encore accomplir avec des financements suffisants. Nous sommes prêts si vous l’êtes.  
 
L’avenir commence par nous

72.    Nous traversons une période difficile pour beaucoup de gens. Elle peut nous changer d’une manière que nous ne pouvons encore imaginer. Pourtant, je vois une lueur d’espoir parce que beaucoup d’entre nous s’emploient à bâtir un monde meilleur, y compris ceux d’entre nous ici présents aujourd’hui. Un PNUD connecté, à l’écoute et prêt pour l’avenir est préparé à faire les choix qui nous feront avancer. En tant qu’organisation intégrée au système des Nations Unies et à l’écosystème plus large des partenaires de développement, il peut avoir un effet multiplicateur profond. Grâce à nos partenariats et en tant que catalyseur du changement, nous atteignons des millions de personnes à court terme tout en déclenchant des changements qui concourent à une plus grande inclusion et à une plus grande durabilité.

73.    Excellences, les progrès s’accélèrent souvent à la suite de la communication entre les personnes. Et avant même qu’on ne s’en rende compte, un mouvement se forme et gagne de l’élan. Je vous prierais donc de faire savoir ce qu’accomplit le PNUD dans vos capitales et au-delà. Le partage de ce que nous savons peut avoir un impact formidable. Les personnes qui espèrent un avenir meilleur et ont la conviction que cela est possible trouveront le moyen d’y parvenir.