Déclaration de l'Administrateur du PNUD à l'occasion de la Journée des droits de l’homme
10 décembre 2025
La Journée des droits de l'homme n'est pas simplement une date sur un calendrier. C'est un miroir.
Elle nous interroge sur notre identité, sur les personnes que nous défendons et sur ce que nous ne voulons pas ignorer.
Il y a des années, j'ai rencontré un groupe de femmes courageuses dans un camp de déplacés. Elles avaient subi l'oppression et les violences sexuelles, des tentatives brutales pour les réduire au silence. Pourtant, elles étaient assises à mes côtés, non pas en victimes, mais en bâtisseuses de leur propre avenir, puisant leur force dans les cicatrices que le monde refuse trop souvent de voir.
Leur dignité, leur détermination, leur refus d'être définies par ce qu'elles ont subi, ces moments me guident encore. Ils me rappellent que les droits humains ne sont pas des principes abstraits. Ce sont des réalités vécues : incarnées et reconstruites chaque jour.
À travers le monde, plus de 120 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer. Environ quatre milliards de personnes — la moitié de la planète — ne bénéficient d'aucune forme de véritable protection sociale. Une femme sur trois sera victime de violences au cours de sa vie. Autant de tragédies qui révèlent les échecs de notre courage collectif.
Et pourtant, chaque jour, nos collègues du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et nos partenaires du système des Nations Unies et d’autres encore, prennent des risques dont peu de personnes se rendent compte. Ils négocient des passages sûrs à travers les lignes de front. Ils reconstruisent des maisons et des écoles avant même que la poussière ne soit retombée. Ils défendent les défenseurs : les militants, les journalistes, les responsables communautaires qui veillent à préserver la justice et à lutter contre la peur.
Leurs actions révèlent une vérité simple : les droits humains ne sont pas facultatifs ni réservés aux périodes de paix. Ils sont les fondements de la stabilité, du développement et de la confiance. Lorsque les dirigeants font taire la dissidence ou excluent des communautés, nous devons affirmer clairement : le développement sans droits équivaut à une instabilité déguisée.
Ainsi, pour chaque politique que nous contribuons à élaborer et chaque programme que nous mettons en œuvre, je souhaite que nous nous posions les questions suivantes :
Protégerait-il les femmes comme celles que j'ai rencontrées ce jour-là ?
Étendrait-il leur liberté ?
Honorerait-il le courage des défenseurs des droits humains ?
Si la réponse est non, recommençons.
Le PNUD ne restera pas les bras croisés. Nous nous tiendrons aux côtés des gouvernements qui choisissent la justice et nous dénoncerons — avec respect, de manière constructive et sans ambiguïté — toute forme de pouvoir qui asservit le peuple.
Nous l’affirmerons clairement :
La justice climatique est un droit humain.
L’accès au numérique est un droit humain.
L’égalité n’est pas une faveur accordée, c’est une obligation.
Aujourd'hui, je prends trois engagements au nom du PNUD :
Premièrement : nous soutiendrons les protecteurs.
Nous soutiendrons les défenseurs des droits humains, l'espace civique, les médias indépendants et les systèmes de justice communautaires.
Deuxièmement : nous placerons les droits au cœur du financement du développement.
Chaque dollar mobilisé devra envisager non seulement ce qu'il permettra de construire, mais aussi ceux qu’il autonomisera et ceux qu’il laissera pour compte.
Troisièmement : nous parlerons avec une clarté morale.
L'impartialité ne doit jamais servir d'alibi au silence.
Là où la dignité est menacée, nous la dénoncerons.
Là où la volonté politique fait défaut, nous la réclamerons et nous collaborerons avec les gouvernements pour les aider à respecter leurs obligations en matière de droits de la personne.
La Journée des droits de l'homme ne se résume pas à ce que nous célébrons.
Il s'agit de ce que nous choisissons.
Et je vous invite — gouvernements, partenaires, citoyens — à choisir avec nous.
Financez ce travail. Protégez cet espace. Soutenez les défenseurs.
Car le monde nous écoute et l'histoire en prend note.
Alexander De Croo
Administrateur du PNUD