Le Congo oeuvre en faveur de l’émancipation des femmes séropositives

22 décembre 2013

Au Congo, un projet permet aux femmes séropositives de créer leur entreprise et intégrer des associations fournissant un support social et financier.

©PNUD Congo

Léocadie, veuve et mère de quatre enfants, ne peut oublier la nuit où sa vie a basculé : « Des hommes en armes sont entrés chez nous et m’ont violée devant ma famille », dit-elle en sanglots.

Suite à un test de dépistage, Léocadie découvre qu’elle est séropositive et sombre dans la dépression. Soutenue par une assistante sociale, elle finit par intégrer, sans conviction, une association de personnes vivant avec le VIH. Un programme du gouvernement congolais lui permet d’accéder gratuitement aux traitements antirétroviraux, mais elle n’a pas les moyens de se nourrir convenablement.

« Le grand soulagement est venu quand nous avons reçu l’aide du PNUD », se souvient Léocadie, qui commence alors à bénéficier d’un projet cofinancé par le gouvernement Sud-Coréen et le PNUD.

Mis en place en 2008, le projet vise à réduire l’impact psychosocial et économique du VIH/SIDA sur les femmes et les filles en suivant 4 objectifs distincts :

1) réduire le risque d’infection au VIH;

2) lutter contre la stigmatisation et la discrimination;

3) combattre la pauvreté des femmes séropositives en les aidant à se lancer dans l’entreprenariat;

4) promouvoir l’accès aux services de prise en charge économique et juridiques. 

Fin 2012, plus de 800 femmes séropositives avaient ainsi reçu un appui financier sous forme de microcrédits remboursables, et un support technique et matériel pour lancer une activité génératrice de revenus. « Nous avons choisi de responsabiliser les bénéficiaires afin de favoriser la pérennisation du projet », explique Guy Saizonou, chargé de programme. « Nous faisons des prêts sans intérêt d’environ 200 USD et accompagnons les femmes dans le choix de leurs activités en nous assurant que ce choix est porteur.» « Elles conservent tous les bénéfices mais remboursent le capital qui est ensuite accordé à d’autres femmes » dit-il encore.

Moins d’un an après avoir monté un commerce de vente de matelas, savons et produits alimentaires divers, Léocadie et ses amies ont réussi à rembourser leur prêt, et sont à présent financièrement autonomes. Cette émancipation leur permet d’occuper une place dans la société et d’être écoutées au sein de leurs familles respectives. 

« Il est important que les gens sachent que, de nos jours, les séropositifs peuvent mener une vie normale », dit Léocadie, qui aimerait briser les tabous liés au VIH. 

Dans ce but, l’initiative du PNUD a également permis la mise en place de 3 « cyberespaces » pour femmes et filles, dotés de salles multimédia, de bibliothèques et de bureaux d’information sur le VIH/SIDA. Plus de 10.000 femmes et filles ont ainsi été sensibilisées à la maladie au travers de séances d’information et de causeries-débats.

« Le taux de séroprévalence du VIH/Sida a baissé, de 4,1% en 2003 à 3,2% en 2009, mais la vigilance reste de mise», souligne Lamin Manneh, Représentant Résident du PNUD au Congo.

« Il est important que les gens sachent que, de nos jours, les séropositifs peuvent mener une vie normale »
Leocadie