HOZ3D : des visières 'made in' Congo pour la lutte contre la propagation de la COVID.19

3 mai 2022

Huster Akiera portant une de ses créations

©PNUD Congo

Spécialisé dans la conception, la modélisation et l’impression 3D, Huster AKIERA, est l’initiateur du projet « HOZ3D ». Informaticien de formation, Huster a un grand attrait pour l’univers automobile. Poussé par sa passion, il décide de fabriquer son premier véhicule de sport en 2012. Ce processus de fabrication lui permettra de développer une polyvalence opérationnelle dans l’accomplissement de ses tâches techniques au quotidien, passant du métier de soudeur à celui de couturier. “En cherchant un soudeur pour fabriquer le véhicule et m’accompagner dans le projet, je n’ai pas trouvé de soudeur volontaire alors j’ai dû apprendre la soudure, pareil pour la couture. J’ai réalisé qu’il y avait des pièces que je devais fabriquer moi-même. Après que j’ai découvert l’existence de l’imprimante 3D en 2015, j’ai économisé pour en avoir une et fabriquer les pièces/prototypes qui entreraient dans mon véhicule“

Une fois la machine en sa possession, il se décide alors de diversifier sa gamme de produit avec divers objets : bracelets, gobelets, pots de fleurs en 3D que les gens achetaient et trouvaient pratiques. C’est ainsi qu’il a pu confectionner un bracelet pour une personne atteinte de troubles mentaux avec la mention « malade » et l’inscription d’un numéro de téléphone. Cela a permis un mois plus tard de retrouver une dame qui s’était égarée. 

Suite à cette anecdote, le lauréat fait le choix de rendre la technologie 3D accessible à tous, en proposant avec une de ses collègues des formations gratuites. Son local situé à Massengo, dans le 9ème arrondissement de la ville de Brazzaville, accueille au moins 5 jeunes par an pour des formations de 3 à 6 mois dans le domaine ; « j’ai commencé gratuit parce que l’objectif du groupe HOZ c’est de faire en sorte que les jeunes s’intéressent aux métiers manuels. Les adultes également. Ces métiers ne sont pas valorisés chez nous, on considère qu’ils sont faits pour ceux qui ont échoué à l’école. J’aimerais faire changer cette idée. »

A la survenance de la pandémie liée à la covid 19, Huster et sa collaboratrice sont partis d’un constat que partout dans le monde les gens trouvaient des solutions pour éviter la propagation de la maladie. De ce constat naît l’idée de la visière faciale, produit qui le placera parmi les cinq (05) lauréats du Hackathon organisé par le PNUD sur les solutions innovantes de lutte contre la propagation de la COVID-19 et ses impacts en fin 2020. Il est vendu sur commande et coûte 1500 francs CFA l’unité. “J’ai imprimé des exemplaires pour mon plaisir puis j’ai commencé à les commercialiser“.  Après 2 mois après décembre 2019, la commercialisation à grande échelle démarre. En mars 2020, HOZ3D approvisionne déjà les hôpitaux, cliniques et quelques supermarchés durant la période de confinement. de même, il est proposé également des livraisons à domicile pour leur portefeuille clients. 

Aujourd’hui, le groupe souhaite désormais se faire connaître davantage à l’intérieur du pays avant d’envisager de s’étendre à l’extérieur. “Si nos produits ne sont pas vendus, acceptés ou utilisés localement, ce sera difficile pour nous d’évoluer à l’extérieur“. Travaillant avec un groupe de jeunes Congolais à l’étranger, le groupe participe à la fabrication de véhicules qui leur permettront de lancer le sport automobile au Congo. Ensemble, ils prévoient une vente aux enchères qui les aidera à lever des fonds et développer d’autres projets ambitieux tels que des vélos pour handicapés, des véhicules pour les forces de l’ordre, des ferries et des bateaux (de commerce ou de pêche) pour améliorer le trafic fluvial.

Au cours de la réalisation de son projet, Huster AKIERA rencontre des difficultés d’ordre financier, notamment pour l’achat des machines et des matières premières. Il a pour ambition de proposer une autre gamme de produits en plus de celle qu’il propose déjà avec la technologie d’impression 3D, et souhaiterait un accompagnement supplémentaire du PNUD pour la signature d’éventuels partenariats avec des établissements de la place (écoles/lycées techniques) afin d’y transmettre son savoir. Pour le groupe HOZ, les jeunes doivent intégrer qu’il n’y a pas de sots métiers et que les idées de création en technique d’impression 3D sont infinies.

“Grâce au PNUD, beaucoup de personnes ont connu notre produit, c’est vrai qu’on les vendait avant, mais le fait qu’il nous ait mis en avant nous a fait gagner en visibilité“

« J’ai commencé gratuit parce que l’objectif du groupe HOZ c’est de faire en sorte que les jeunes s’intéressent aux métiers manuels. Les adultes également. Ces métiers ne sont pas valorisés chez nous, on considère qu’ils sont faits pour ceux qui ont échoué à l’école. J’aimerais faire changer cette idée. »
Huster Akiera