Une opération de l’ONU en cours pour éviter une marée noire catastrophique en mer Rouge

Un bateau de sauvetage est arrivé aujourd’hui sur le site d’un superpétrolier en décomposition au large de la péninsule de Ras Issa, au Yémen, pour préparer le transbordement de plus d’un million de barils de pétrole. Des fonds supplémentaires doivent encore être trouvés de toute urgence pour mener à bien l’opération dans son intégralité.

30 mai 2023
SAFER supertanker May 30

Le superpétrolier FSO Safer aperçu depuis le navire de sauvetage Ndeavor le 30 mai 2023.

Ras Issa, Yémen, le 30 mai 2023  Les Nations Unies ont lancé aujourd’hui une opération ambitieuse pour extraire plus d’un million de barils de pétrole du Safer, une plate-forme flottante de stockage et de déchargement amarrée au large des côtes du Yémen, qui menace de provoquer une catastrophe humanitaire et environnementale.

Dans une phase cruciale de l’opération, le navire d’appui Ndeavor, exploité par l’entreprise de sauvetage maritime SMIT, une filiale de la société Boskalis engagée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin de transborder le pétrole à bord d’un navire sûr, est arrivé sur place aujourd’hui. 

L’équipe d’experts embarquée à bord du Ndeavor devra analyser la situation sur le Safer et entreprendre toutes les opérations nécessaires pour sécuriser le transbordement du pétrole à bord du Nautica, un navire de remplacement qui se tient prêt à quitter Djibouti le mois prochain pour venir récupérer le pétrole. 

Le début de l’opération intervient après presque deux ans de préparatifs politiques, de collecte de fonds et d’élaboration du projet, un travail mené par David Gressly, le Coordinateur résident des Nations Unies et coordinateur de l’action humanitaire pour le Yémen, qui se trouvait à bord du Ndeavor aujourd’hui. 

En décembre 2021, les plus hautes instances de l’ONU ont approuvé le plan mis au point pour, d’une part, éviter une marée noire en transbordant le pétrole à bord d’un navire sûr, et d’autre part, trouver une solution pérenne pour le Safer. Il a été demandé au PNUD de mettre en œuvre ce plan, sous réserve de l'obtention d'un financement. S’appuyant sur l’expertise du système des Nations Unies, d’entreprises spécialisées, de partenaires et d’experts consultants, l’ONU a travaillé sans relâche pour préparer cette initiative sans précédent.

« Ce jour marque une étape décisive dans cette opération qui vise à éliminer la menace posée par le Safer », a déclaré Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement. « Avec le navire d’appui Ndeavor désormais sur place, le projet va pouvoir véritablement commencer. Cela marque l’aboutissement d’un travail remarquable coordonné et réalisé grâce à une collaboration entre des institutions des Nations Unies, des spécialistes du droit maritime et des spécialistes des marées noires, entre autres. C’est un moment de fierté pour l’ONU et pour le Programme des Nations Unies pour le développement en tant que partenaire d’exécution de la phase d’urgence du projet, à savoir le transbordement du pétrole. Cette opération témoigne également de ce que la coopération multilatérale peut accomplir et montre l’importance des missions de prévention. En plus d’éviter dans l’immédiat une possible catastrophe humanitaire et environnementale, les fonds dépensés maintenant vont également empêcher une future catastrophe qui pourrait coûter des milliards de dollars. Dans cet esprit, nous appelons à nouveau la communauté internationale et le secteur privé à se mobiliser et à nous soutenir pour combler le déficit de financement du projet, de sorte que nous puissions terminer ce que nous avons commencé. »

Même une fois le pire scénario écarté, le déversement dans la mer d’un million de barils de pétrole, le pétrolier Safer, en raison de son état de délabrement, continuera de faire peser une menace environnementale en mer Rouge car il contiendra encore une quantité considérable de pétrole résiduel.

Or, le projet n’est pas encore entièrement financé. Il manque encore 29 millions de dollars notamment pour financer l’installation d’une bouée pour y amarrer le navire de remplacement ainsi que le remorquage du Safer vers un site de démantèlement écologique. 

« Des États membres, des entreprises privées et le grand public ont versé 114 millions de dollars pour éviter une marée noire en mer Rouge et de nombreux partenaires ont apporté leur expertise et plaidé en faveur de cette opération cruciale. Je les remercie tous et je tiens à saluer le SMIT Salvage et le groupe Fahem pour avoir présenté en 2021 une initiative qui est devenue la base du projet mis en œuvre aujourd’hui », a déclaré David Gressly. « Il s’agit d’une étape importante, mais nous ne serons pas tranquilles tant que l’opération n’aura pas été menée complètement à son terme. Pour y parvenir, nous comptons sur des donateurs généreux pour combler le déficit de financement du projet qui s’élève à 29 millions de dollars. »

 

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Note aux rédacteurs :

Des photos, des vidéos et des infographies sont disponibles ici

Contact au Programme des Nations Unies pour le développement : dylan.lowthian@undp.org, +1 646 673 6350

Coordonnées du Coordinateur résident des Nations Unies et Coordinateur de l’action humanitaire pour le Yémen : geekie@un.org ; Sanaa : +967 71 222 1850 ; New York : +1 347 654 0913.

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Contexte


Amarrée à environ neuf kilomètres au large de la péninsule de Ras Issa au Yémen depuis 1988, la plate-forme flottante de stockage et de déchargement Safer pourrait exploser ou se briser à tout moment. En raison du conflit en cours au Yémen, le Safer se trouve maintenant dans un état de délabrement tel qu’il existe un risque imminent de le voir exploser ou se briser, ce qui aurait des effets désastreux dans la région et au-delà.


Une marée noire serait dévastatrice pour les populations de pêcheurs yéménites vivant sur la côte de la mer Rouge et anéantirait probablement instantanément la source de revenus de 200 000 personnes. Des populations entières seraient exposées à des toxines mortelles. L’air extrêmement pollué affecterait des millions de personnes. Cela pourrait amener à fermer les ports de Hodeidah et de Saleef, deux points d’entrée essentiels pour acheminer des denrées alimentaires, du carburant et des fournitures vitales dans ce pays où 17 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire. La fermeture des usines de dessalement priverait des millions de personnes d’eau potable. Le pétrole du Safer pourrait atteindre les côtes africaines et toucher n’importe quel pays de la mer Rouge. Les conséquences pour les récifs coralliens, les mangroves et la vie marine de manière générale seraient très graves. La reconstitution des stocks de poissons prendrait 25 ans.


Le coût du nettoyage à lui seul est estimé à 20 milliards de dollars. Les perturbations de la navigation dans le détroit de Bab al-Mandab, qui mène au canal de Suez, pourraient causer chaque jour des milliards de dollars de perte pour le commerce mondial, comme cela s’est produit lorsque l’Ever Given s’est échoué dans le canal en 2021.


David Gressly, Coordinateur résident et coordinateur de l’action humanitaire pour le Yémen, dirige les efforts déployés à l’échelle du système des Nations Unies pour résoudre ce problème depuis 2021. Ce projet complexe et à haut risque est mis en œuvre par le PNUD.