L’ONU réalise une avancée majeure dans ses efforts pour empêcher une marée noire catastrophique en mer Rouge

Le Programme des Nations Unies pour le développement a confié à la société SMIT Salvage, filiale de Boskalis, la mission d’extraire un million de barils de pétrole d’une plate-forme flottante en décomposition. Le navire Ndeavor met le cap sur la mer Rouge aujourd’hui. Des fonds doivent être trouvés rapidement pour financer l’opération.

20 avril 2023

Le navire d'assistance polyvalent Ndeavor naviguera avec son équipage et ses experts et transportera des groupes électrogènes, des pompes hydrauliques et d'autres équipements spécialisés pour mener à bien l'opération sur le Safer qui ne dispose plus de systèmes fonctionnels.

Photo : Boskalis

Rotterdam – Nouvelle étape décisive vers la prévention d'un déversement massif de pétrole au large de la côte yéménite de la mer Rouge, le navire d'assistance Ndeavor de la société internationale de services maritimes Boskalis naviguera en route vers la mer Rouge dans les prochaines heures.

Mercredi, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a conclu avec SMIT Salvage, filiale de Boskalis, un contrat pour transférer le million de barils de pétrole stockés à bord de la plate‑forme flottante Safer vers un navire de remplacement sûr, avant de préparer le Safer pour son remorquage jusqu'à un site de démantèlement écologique. 

Les travaux devraient commencer en mai au large de la péninsule de Ras Isa au Yémen. Le PNUD avait préalablement conclu un accord concernant le Nautica, le navire de remplacement qui doit récupérer le pétrole du Safer.

« L’accord conclu aujourd’hui entre le PNUD et SMIT Salvage, filiale de Boskalis, pour déployer une équipe d’experts de premier plan à bord du Ndeavour marque une nouvelle étape cruciale pour l’opération “Stop Red Sea Spill”, qui a pour objectif le transfert temporaire du pétrole stocké à bord de la plate-forme flottante en décomposition Safer vers un navire sûr », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD.  « Nous avons hâte de travailler avec Boskalis et les autres experts pour empêcher une catastrophe humanitaire, environnementale et économique.  Nous appelons également les chefs de gouvernements et les dirigeants de grandes entreprises à se manifester afin de nous aider à obtenir les 29 millions de dollars qui manquent encore pour mener à bien cette opération de sauvetage complexe. »

« Cette opération met en lumière le rôle unique que l’ONU est en capacité de jouer pour résoudre des problèmes apparemment insolubles dans le monde. Le PNUD et les autres partenaires concernés, au sein et en dehors du système des Nations Unies, peuvent être fiers du rôle qu’ils ont joué pour parvenir à ce résultat », a déclaré David Gressly, Coordinateur résident des Nations Unies et Coordinateur de l'action humanitaire au Yémen, qui dirige les initiatives menées à l’échelle du système des Nations Unies concernant le Safer depuis 2021. « Cependant, nous devons très vite trouver les 29 millions de dollars qui nous manquent encore pour mener à bien le transfert et mobiliser les fonds supplémentaires nécessaires pour stocker le pétrole sur le long terme dans de bonnes conditions de sécurité. » 

Le navire d’assistance polyvalent Ndeavor, qui naviguera avec son équipage et ses experts, est chargé de groupes électrogènes, de pompes hydrauliques et d’autres équipements spécialisés qui permettront d’effectuer l’opération de transfert sur le Safer, dont les propres systèmes ne sont plus en état de marche. 

« Après une longue période de planification, nos spécialistes de l’assistance en mer ont hâte de se mettre au travail et d’extraire le pétrole du Safer », a déclaré Peter Berdowski, directeur général de Boskalis, qui a signé le contrat avec le PNUD par sa filiale SMIT Salvage. « Je tiens à exprimer ma gratitude aux nombreux États membres de l’ONU qui soutiennent cette opération, notamment les Pays-Bas. Le navire Ndeavor de Boskalis est prêt à prendre la mer et j’adresse tous mes vœux de réussite à l’équipage pour cette importante mission. »  

Lundi, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont annoncé qu’ils organiseraient conjointement une conférence des donateurs le 4 mai prochain, dans le but de mobiliser les fonds nécessaires pour financer intégralement les deux phases du projet Safer

« Une catastrophe pétrolière de grande ampleur est sur le point d'avoir lieu et mènerait à des conséquences humanitaires, environnementales et économiques graves. Mais nous avons une chance de l’éviter maintenant », a déclaré Liesje Schreinemacher, ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération au développement. « Les Pays‑Bas ont beaucoup œuvré pour mobiliser les fonds nécessaires à cette opération et, désormais, une nouvelle étape majeure a été franchie. C’est une bonne chose de voir la société néerlandaise Boskalis jouer un rôle clé dans cette intervention. Les Pays‑Bas continueront d’apporter leur aide à l’ONU pour mener cette opération à terme avec succès. »

L’Organisation des Nations Unies a reçu des engagements fermes de financement de l’opération pour un montant de 99,6 millions de dollars. Le budget total alloué à cette première phase s’élève à 129 millions de dollars, soit un déficit de 29,4 millions. Par ailleurs, on estime à 19 millions de dollars le montant nécessaire pour financer la deuxième phase de l’opération.

Afin de combler ce déficit de financement, l’ONU a lancé un appel aux États membres et aux entreprises privées, ainsi qu’au grand public dans le monde entier par le biais d’un appel à financement participatif auquel des milliers de personnes ont déjà répondu.

Pour en savoir plus : www.un.org/StopRedSeaSpill.

Contexte 

Amarrée à environ neuf kilomètres au large de la péninsule de Ras Isa au Yémen depuis 1988, la plate‑forme flottante de stockage et de déchargement Safer pourrait exploser ou se briser à tout moment. En raison du conflit en cours au Yémen, l'état du Safer s'est dégradé jusqu'au point où il risque d'exploser ou se briser à tout moment, ce qui aurait des conséquences désastreuses dans la région et au-delà.

Une marée noire serait dévastatrice pour les populations de pêcheurs yéménites vivant sur la côte de la mer Rouge et anéantissant instantanément la source de revenus de 200 000 personnes. Des populations entières seraient exposées à des toxines mortelles. L’air pollué affecterait des millions de personnes. Cela pourrait amener à fermer les ports de Hodeidah et de Saleef, deux points d’entrée essentiels pour acheminer des denrées alimentaires, du carburant et des fournitures vitales dans ce pays où 17 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire. La fermeture des usines de dessalement priverait des millions de personnes d’eau potable. Le pétrole du Safer pourrait atteindre les côtes africaines et toucher n’importe quel pays autour de la mer Rouge. Les conséquences pour les récifs coralliens, les mangroves et la vie marine de manière générale seraient très graves. La reconstitution des stocks de poissons pourrait prendre 25 ans.

Le seul coût du nettoyage est estimé à 20 milliards de dollars américains. Les perturbations de la navigation dans le détroit de Bab al-Mandab, qui mène au canal de Suez, pourraient causer chaque jour la perte de milliards pour le commerce mondial, comme cela s’est produit lorsque l’Ever Given s’est échoué dans le canal en 2021.

David Gressly, Coordinateur résident et Coordinateur de l’action humanitaire des Nations Unies pour le Yémen, est à la tête des initiatives mises en œuvre à l’échelle du système des Nations Unies depuis 2021. Ce projet complexe et à haut risque est mis en œuvre par le PNUD.

 

Pour plus d’informations

Coordinateur résident et humanitaire des Nations Unies pour le Yémen : geekie@un.org, +1 347 654 0913

Programme des Nations Unies pour le développement : dylan.lowthian@undp.org +1 646 673 6350