Des fonds supplémentaires annoncés lors de la conférence des donateurs pour financer l’opération menée par les Nations Unies pour éviter une marée noire en mer Rouge

Près de 24 millions de dollars supplémentaires doivent encore être mobilisés pour financer la phase d’urgence de l’opération qui débute ce mois-ci

4 mai 2023

En raison du conflit au Yémen, le FSO Safer s'est détérioré au point qu'il existe un risque imminent qu'il puisse exploser ou se briser, ce qui aurait des effets désastreux sur la région et au-delà.

PNUD

Sanaa/New York - Le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont coorganisé aujourd’hui une conférence des donateurs en ligne afin de collecter les fonds pour financer le plan de l’ONU visant à éviter une marée noire catastrophique en mer Rouge où le Safer, une plate-forme flottante de stockage et de déchargement de pétrole amarrée au large des côtes du Yémen, risque d’exploser ou de se briser à tout moment en raison de son état de délabrement si aucune mesure n’est prise.

L’Égypte, la France, l’Italie, le Luxembourg, Malte, la Norvège, la République de Corée, le Royaume-Uni et l’entreprise privée Octavia Energy ainsi que sa filiale, Calvalley Petroleum, ont annoncé des contributions d’un montant total de près de 8 millions de dollars, dont 5,6 millions correspondent à de nouveaux financements.

Avec ce montant, l’ONU dispose aujourd’hui de 105,2 millions de dollars pour financer la phase d’urgence de l’opération qui consiste à transborder le pétrole du Safer à bord d’un autre navire. Il manque toutefois 23,8 millions de dollars pour financer la totalité de cette phase d’urgence. Par ailleurs, 19 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires pour financer la seconde phase de l’opération consistant à installer une bouée pour y amarrer le navire de remplacement puis remorquer le Safer vers un site de démantèlement écologique.

L’ONU exprime sa reconnaissance à l’ensemble des contributeurs et espère pouvoir mobiliser rapidement les fonds nécessaires au financement complet de l’opération. Le temps presse pour, non seulement empêcher une catastrophe dévastatrice pour l’environnement et pour des millions de personnes, mais aussi pour économiser les dizaines de milliards de dollars que coûteraient les opérations de nettoyage et les pertes pour le commerce mondial qu’engendrerait un tel désastre.

L’ONU travaille sans relâche pour mener à bien cette mission cruciale. Grâce aux contrats déjà passés par le PNUD en mars et en avril, un très grand pétrolier transporteur de brut (VLCC) de remplacement, le Nautica et un navire d’appui, le Ndeavor, avec à son bord l’équipe qui effectuera le transbordement du pétrole du Safer, sont en route vers Djibouti pour les derniers préparatifs avant le début de l’opération. 

Lors de la conférence des donateurs, le secrétaire général des Nations Unies était représenté par l’administrateur du PNUD, M. Achim Steiner. Le PNUD est chargé de mettre en œuvre la phase d’urgence de l’opération, c’est-à-dire extraire le pétrole du Safer et écarter la menace immédiate d’une catastrophe. S’exprimant à la fin de l’événement, M. Steiner a déclaré : « Nous sommes reconnaissants de l’initiative prise par le Royaume-Uni et les Pays-Bas d’organiser cette conférence des donateurs et nous remercions tous ceux qui ont déjà contribué au financement de cette opération. Néanmoins, le montant des fonds dont nous disposons à ce stade reste très inférieur par rapport aux besoins. Les raisons qui justifient cette intervention sont pourtant évidentes : 20 millions de dollars mobilisés aujourd’hui pourraient permettre d’économiser 20 milliards de dollars demain. Des raisons morales tout aussi évidentes justifient également cette opération. Une marée noire provoquée par le Safer aurait des conséquences désastreuses pour des millions de personnes dans la région. Dans le cadre du plan des Nations Unies, le PNUD s’emploie à éviter une catastrophe et s’est engagé dans l’opération. Nous réitérons notre appel à la communauté internationale et en particulier aux acteurs du secteur privé ainsi qu’aux pays de la région pour qu’ils rejoignent tous ceux qui œuvrent pour mener à bien cette initiative cruciale pour combler le déficit de financement. »

Depuis Sanaa, David Gressly, Coordinateur résident et Coordinateur de l’action humanitaire des Nations Unies pour le Yémen, qui dirige les efforts déployés à l’échelle du système des Nations Unies pour résoudre ce problème, a déclaré : « La menace que représente le Safer est en passe d’être écartée. C’est tout à l’honneur de la vaste coalition qui s’emploie à empêcher la catastrophe de se produire, une coalition qui réunit le système des Nations Unies dans son ensemble, des donateurs, des acteurs du secteur privé et le grand public à travers le monde par le biais de la campagne de financement participatif organisée par l’ONU, des associations de défense de l’environnement et bien d’autres. Cependant, ce n’est que lorsque l’opération sera terminée que nous pourrons pousser un soupir de soulagement. Nous remercions l’ensemble des donateurs pour leur générosité et nous encourageons d’autres contributeurs à s’engager pour sauver la mer Rouge. »

L’ONU exprime sa très grande reconnaissance aux donateurs qui ont soutenu le projet à ce jour, à savoir : l’Allemagne, l’Arabie saoudite, le Canada, Chypre, le Danemark, l’Égypte, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, l’Italie, le Japon, le Koweït, le Luxembourg, Malte, la Norvège, les Pays-Bas, le Qatar, la République de Corée, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et l’Union européenne, mais aussi l’Association internationale des producteurs de pétrole et de gaz, le groupe HSA, Octavia Energy/Calvalley Petroleum et la fondation Trafigura. 

Des particuliers ont également versé plus de 260 000 USD dans le cadre d’une campagne de financement participatif organisée par l’ONU. Des informations complémentaires sur le projet Safer sont disponibles sur le site https://www.un.org/fr/StopRedSeaSpill

Pour plus d'informations :

Coordinateur résident et Coordinateur de l’action humanitaire des Nations Unies pour le Yémen : geekie@un.org, New York: +1 347 654 0913, Sana’a: +967 712 221 850

Programme des Nations Unies pour le développement: dylan.lowthian@undp.org, +1 646 673 6350

Contexte

En raison du conflit en cours au Yémen, le Safer se trouve maintenant dans un état de délabrement tel qu’il existe un risque imminent de le voir exploser ou se briser, ce qui aurait des effets désastreux dans la région et au-delà.

Une marée noire serait dévastatrice pour les populations de pêcheurs vivant sur la côte de la mer Rouge au Yémen et anéantirait probablement la source de revenus de 200 000 personnes instantanément. Des populations entières seraient exposées à des toxines mortelles. L’air pollué affecterait des millions de personnes. Cela pourrait entrainer la fermeture des ports de Hodeïda et de Salif, deux points d’entrée essentiels pour acheminer des denrées alimentaires, du carburant et des fournitures vitales dans ce pays où 17 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire. La fermeture des usines de dessalement priverait des millions de personnes d’eau potable. Le pétrole du Safer pourrait atteindre les côtes africaines et toucher n’importe quel pays de la mer Rouge. Les conséquences pour les récifs coralliens, les mangroves et la vie marine de manière générale seraient très graves. La reconstitution des réserves de poissons prendrait 25 ans.

Le coût du nettoyage à lui seul est estimé à 20 milliards de dollars. Les perturbations de la navigation dans le détroit de Bab el-Mandab, qui mène au canal de Suez, pourraient causer chaque jour des milliards de perte pour le commerce mondial, comme cela s’est produit lorsque l’Ever Given s’est échoué dans le canal en 2021.

David Gressly, Coordinateur résident et Coordinateur de l’action humanitaire des Nations Unies pour le Yémen, dirige les efforts déployés à l’échelle du système des Nations Unies pour résoudre le problème du Safer depuis 2021. Ce projet complexe et à haut risque est mis en œuvre par le PNUD.