La marche de Bambari vers la restauration de l’autorité de l’Etat et le relèvement économique

25 décembre 2019

Formation professionnelle des jeunes filles à la JPN de Bambari.

A l’instar du reste du pays, la ville de Bambari a été, à partir de 2012, le théâtre de conflits violents qui ont entrainé l’effondrement des structures de l’Etat ainsi que des conséquences dévastatrices sur la vie de la population (tueries, déplacements massifs de population, atteintes à la dignité humaine, etc.). En janvier 2017, la ville comptait xx[NB1]  personnes déplacées et aucun service sécurité n’était opérationnel (le commissariat de police servait de base à l’UPC, principal groupe armé de la région).

Près de 3 ans après la déclaration « Bambari, ville sans armes » en février 2017, des progrès tangibles ont été enregistrés sur le terrain, même si le contexte demeure fragile. Grâce aux efforts conjugués des différents acteurs à travers la mise en œuvre du Plan Opérationnel de Stabilisation Immédiate de la ville de Bambari (POSIB) issu du RCPCA, on a assisté au redéploiement et à la relance de services de l’Etat. Ces efforts ont enclenché une nette amélioration de la situation sécuritaire et de la cohésion sociale ainsi qu’une reprise progressive de l’activité économique. Suivant les sondages réalisés par HHI (Harvard Humanitarian Iniative), 81% des personnes interviewées en décembre 2018 estimaient que la situation sécuritaire s’est améliorée au cours des 12 derniers mois précédant.

Formation des FSI à Bambari (Juin 2019).

Mis en place par le PNUD en septembre 2017, avec un financement du Fond des Nations-Unies pour la consolidation de la paix (PBF), le projet d’appui à la restauration de l’Etat et au relèvement économique de Bambari (dénommé RESA Bambari) a fortement contribué à ces progrès. Ainsi, en étroite synergie avec UNPOL (MINUSCA), le projet a contribué au redéploiement et au renforcement des capacités des forces de sécurité intérieure, notamment à travers : (i) la réhabilitation de six (6) bâtiments (4 équipés par le projet), dont 3 servant pour l’hébergement du personnel déployé sur le terrain, et (ii) la formation et le renforcement des capacités de tous les policiers et gendarmes déployés à Bambari (104 en 2018 et 78 en 2019), en particulier dans les domaines de rétablissement et/ou de maintien de l’ordre, la conduite des procédures judiciaires, la lutte contre les VBG, la protection des droits de l’homme et du droit humanitaire. Pour le Commandant des Forces de Sécurité Intérieures (FSI) de Bambari « la réhabilitation du bâtiment du Commissariat a offert un cadre de travail adéquat à nos éléments et augmenter sa fréquentation. En outre, les formations organisées au profit des FSI ont rendu opérationnel nos équipes »

Marché de Bambari (réhabilitation en cours d’achèvement).

La réhabilitation et l’extension du marché central de Bambari s’inscrivent dans la même dynamique. Lancés en juin 2019, ces travaux consistent à la réhabilitation de 44 kiosques et la construction de 80 nouveaux kiosques, en plus de la réhabilitation d’un hangar, d’un ensemble d’étals et des blocs de toilettes ainsi que le renforcement de la sécurisation du marché, notamment à travers le relèvement du mur de la clôture. Ce marché, au-delà d’être un lieu d’échange économique, renforcera la cohésion sociale et l’esprit de coexistence pacifique entre communautés autrefois antagonistes. 

Photo du sous-Préfet.

De même, trois (3) bâtiments prioritaires des services administratifs déconcentrés, vandalisés pendant la crise, ont été entièrement rénovés et équipés, contribuant ainsi aux conditions de redéploiement et de relance de cinq (5) services publics aux populations, à savoir les douanes, les travaux publics, l’urbanisme, le Tourisme et l’antenne de la radio centrafricaine. A cela s’ajoutent l’appui à la coordination du POSIB et le suivi du redéploiement et de la présence des fonctionnaires et agents de l’Etat sur le terrain.  Par ailleurs, un des enjeux majeurs du projet a été l’appui au relèvement socio-économique local. A cet égard, des investissements conséquents ont été faits pour la réhabilitation et l’équipement du centre de formation de la Jeunesse Pionnière Nationale (JPN) de Bambari, qui a été inauguré le 25 Septembre 2019, avec un total de 100 premiers jeunes apprenants, dont 30 filles, issus/es de toutes les communautés. Dans un cadre rénové et doté de tous les équipements nécessaires (moyens logistiques et bureautiques, générateur électrique, système solaire, kits de formation dont 3 moteurs à essence et gasoil et 30 machines à coudre), le centre assure la formation des jeunes déscolarisés dans 4 domaines de métiers porteurs que sont : la maçonnerie, la menuiserie, la mécanique et la couture. In fine, la relance de la JPN de Bambari répond à un double objectif : (i) contribuer au processus de paix en offrant aux jeunes d’autres perspectives que la précarité et/ou l’enrôlement au sein des groupes armés (à cet effet, le programme intègre l’éducation civique et la formation à la citoyenneté), et (ii) répondre aux besoins de la communauté locale à travers l’offre sur le marché d’un personnel qualifié dans les domaines de formation susmentionnés. A l’occasion du lancement officiel de la JPN, le Sous-Préfet de Bambari déclara : « Les apprenants doivent faire preuve de discipline et de professionnalisme pour sortir gagnants de l’opportunité qui leur est offerte. La paix durable en RCA dépend des initiatives de ce genre ». 

Pour plus d’information veuillez contacter Moubarakou Salami, Chef du Bureau du PNUD à Bambari à moubarakou.salami@undp.org ou Mamadou Sow, CTP du Projet RESA à mamadou.sow@undp.org.