Un téléphone portable pour un accès confidentiel et sécurisé du transfert monétaire

3 août 2022
Anésie Inabakobwa,bénéficiare du projet "Autonomisation socioéconomique des femmes"

Anésie Inabakobwa,bénéficiaire du projet "Autonomisation socioéconomique des femmes"

©Aaron Nsavyimana/UNDP Burundi

Les femmes rurales burundaises forment la plus grande frange de la population qui reste en marge de l’intégration dans le circuit monétaire. De ce fait, elles raflent un grand pourcentage de la population pauvre du pays. Pour relever leurs conditions et les orienter vers une certaine autonomisation, le PNUD est inscrit sur la liste des partenaires qui manipulent les leviers du développement pour elles. Elles sont notamment encouragées à se regrouper en associations villageoises d’épargne et de crédit (VSLA). L’encadrement de ces femmes se pilote en collaboration avec le ministère de la solidarité nationale, des affaires sociales, des droits de la personne humaine et du genre.

Ces femmes ordinairement retirées dans les villages lointains du pays n’ont pas de contact avec les institutions bancaires qui sont pratiquement absentes chez elles. Dépourvues de moyens pour se procurer un téléphone portable, elles ignorent généralement tout de la finance mobile.

Afin de les guider vers l’autonomisation socio-économique, le PNUD, en concertation avec le ministère, a procuré des téléphones mobiles à 10496 femmes de 10 communes des provinces Cankuzo, Karusi et Rutana reculées vers la frontière tanzanienne et 3300 téléphones pour les femmes de 3 communes de la province Mwaro (Centre du pays).

En pourvoyant des téléphones à ces femmes, le PNUD et le ministère leur garantissent l’accès confidentiel et sécurisé du transfert monétaire. Également, ils leur permettent d’utiliser en toute liberté leurs revenus de protection sociale et d’apprendre à utiliser les TIC et la finance mobile.

Le téléphone leur ouvre également un espace d’échange d’idées et crée de nouvelles conditions de vie. Désormais, elles peuvent contacter les services administratifs à partir de leurs maisons alors qu’avant elles devaient se rendre à la commune pour une petite information par exemple et se voyaient obligées d’escalader des montagnes et parcourir de longues et dures distances atteignant parfois 50 km en aller-retour. Des distances qui font réfléchir avant de les aborder, surtout que ces régions sont dépourvues de moyens de transport ou ne s’apprêtent pas à un transport par engin motorisé.

A Cankuzo, l’une des provinces pauvres du Burundi, son gouverneur Boniface Banyiyezako, entouré de ses conseils inscrit le projet sur le tableau des grands programmes de développement de sa province auxquels il faut réserver une forte attention et un bon encadrement pour accompagner les populations et les communautés bénéficiaires à se libérer du poids de la pauvreté.

Les autorités communales et locales qui ont participé à la constitution de groupements trouvent leur satisfaction en l’arrivée de ces téléphones, en prélude au transfert monétaire prévu bientôt pour améliorer les conditions de vie souvent très précaires de leurs administrées bénéficiaires. « C’est une récompense et une réponse à notre travail de constitution, de sensibilisation et d’encadrement des groupements », se réjouissent ces autorités. Leur souci actuel, voir les communautés tirer grand profit du projet. « Leurs dividendes seront source de notre fierté », confient-elles.

La matinée du 20 avril, Anesie Inabakobwa et ses voisines se sont réveillées quand le coq a entonné le premier chant.  Elles ont arpenté des  montagnes pour atteindre le chef -lieu de la commune Mishiha afin de recevoir le téléphone. « La fatigue ne nous fait rien, nous ne la sentons pas parce que nous attendons le bonheur qui va suivre. C’est un grand jour pour moi et mes amies qui avancent en âge. Avec le transfert monétaire, nous initierons des activités créatrices de revenus suffisants pour soutenir nos vieux jours », dit sourire au visage Inabakobwa.

Elle, comme les autres bénéficiaires projettent un bel avenir. « Nous allons augmenter nos revenus, couvrir en toute aisance nos besoins alimentaires, sanitaires, scolaires et d’habillement pour nos familles. En nous regroupant en coopératives d’agri-éleveuses entre autres, nous allons augmenter la production agricole avec le fumier cueilli de l’élevage de porcs, chères et vaches. Ce regroupement autour d’un projet d’autonomisation de la femme nous servira de cadre d’échange d’idées pour allonger la liste de nos activités comme le commerce et les métiers », commentent-elles.

Plus loin en commune Gisagara, Thérèse Ntukamazina, se félicite d’être prise en compte par le projet parce qu’il lui arrivait fréquemment de manquer de semences alors qu’elle n’a personne pour l’aider. Victoire Mvunamaboko, de la même commune se sent plus soulagé de ne plus se voir obligée de se rendre à la commune pour demander l’information, le transfert d’argent qu’elle attend va servir à entreprendre des projets agricoles et d’élevage, d’entreprendre le petit commerce et d’autres activités qu’elle trouvera porteuses de profits.

Pour Juliette Bogere, de la même commune, sa priorité est d’entreprendre l’élevage de porc qui est rentable dans sa région pour tirer son mari de sa situation de prolétaire, parce que, dit-elle, « mon mari est obligé de garder les vaches de nos 3 voisins pour vivre, mon rêve est de le voir bientôt garder ses propres vaches ».

La joie est immense pour toutes les bénéficiaires témoignent de leur part Micheline Nijimbere et Scholastique Ntihabose. En effet, disent-elles, « en plus de posséder désormais une banque mobile, nous pourrons communiquer avec nos amies et parentés et avoir leurs nouvelles facilement. Le téléphone servira aussi à l’éclairage pour nous pauvres qui n’avons pas d’argent pour nous procurer une torche, une lampe ou acheter des bougies ». Et d’ajouter, « avant nous devions demander les services aux voisins qui ont la chance de posséder un téléphone pour appeler les amis et quand on a emprunté ce moyen de communication, on ne pouvait pas prendre tout le temps que l’on veut avec le téléphone d’autrui, parfois on était obligée de couper la conversation au milieu. Aussi, il était difficile de protéger son secret, car le propriétaire pouvez écouter ce que tu dis, aujourd’hui, nous pourrons téléphoner à parti de chez nous au moment où nous voulons et prendre le temps que nous voulons, concluent Nijimbere et Ntihabose en étalant la joie du cœur.