Avec l'appui du PNUD, je suis plus autonome

24 mai 2023

Mercine Iradukunda, albinos, elle est bénéficiaire du projet d'autonomisation de la femme à Cankuzo

©UNDP Burundi/Gakuba Landry, 2023

Aaron NSAVYIMANA

Mercine Iradukunda, albinos, 23 ans, originaire de la colline de Gitanga dans la commune de Gisagara, en province de Cankuzo, a abandonné l'école en septième année à la suite de graves problèmes oculaires n’arrivant pas à se faire soigner. À la suite de la fragilité de sa peau, elle avait des plaies au visage, ce qui la poussait à se sentir marginalisée. 

Aujourd’hui, elle arrive à se prendre en charge grâce à son contact avec le projet « Appui à l’autonomisation socio-économique des femmes au Burundi » financé par le PNUD dont les activités sont mises en œuvre par IRC par l’intermédiaire de son projet « Terintambwe » « Fais un pas ». 

Dans son récit, elle nous parle des problèmes qui la hantaient avant sa participation aux activités du projet et de l’évolution actuelle de sa situation. À la suite de mon problème oculaire j’étais vraiment très désolée. Je m'isolais car je ne pouvais pas aller dans une place éclairée par la lumière solaire. La situation était très compliquée pour moi. C’est dans cet état que Terintambwe m’a trouvée. Comme il cherchait les vulnérables à aider, on m’a mis sur la liste des bénéficiaires » dit Mercine.  Et d’ajouter, « J’ai vaincu la peur et je suis sortie de mon isolement, j’ai répondu aux réunions de sensibilisation ». 

Avec les fonds reçu (120.000 FBU), Mercine a investi dans le commerce de beignets ce qui lui a notamment permis d’avoir l’argent pour se procurer quotidiennement du savon et de la lotion pour entretenir sa peau délicate. Ella a également pu se faire soigner. Malheureusement, alors qu’elle commençait à prospérer, elle a été victime d’un   vol d’argent de plus de 185.000 FBU. Cela ne l’a pas découragé ou poussé à abandonner son activité. « Malgré ce vol, je n’ai pas perdu espoir, je n’ai pas démordu, j’ai demandé un crédit de 65.000 FBU. A l’heure actuelle, je réalise un gain de 3.000 à 4.000 FBU par jour. Parfois quand je vais vendre au marché je peux même gagner plus », souligne Mercine. 

Pour manifeste sa satisfaction, elle entre dans le moindre détail de l’utilisation de l’argent qu’elle a gagné à la suite de la fructification des 120.000 FBU octroyés par le PNUD aux bénéficiaires du projet en vue d’améliorer leurs conditions de vie en s’insérant dans des groupements d’épargne et crédit. 

« Pour l’achat de mes lunettes, j’ai utilisé 83.000 FBU.  J’ai commencé à mieux voir et même les douleurs ont diminué. Je suis retournée encore une fois me faire soigner les yeux, ça m’a coûté plus de 70.000 FBU. Malheureusement je n’ai plus de lunettes, ce qui ne me permet pas de bien voir. C’est d’ailleurs pour cette raison que je baisse de temps en temps les yeux quand je vous parler à cause de la lumière que je ne supporte pas. J’ai perdu un verre mais je ne désespère pas. Grâce au projet, je vais demander un autre crédit et aller me faire soigner. Le projet a vraiment changé ma vie, je ne demande plus le savon ou la lotion corporelle. J’ai cultivé l’arachide, je me suis acheté de beaux habits et des souliers lors qu’avant je marchais pieds nus ».

Elle précise qu’elle ne se marginalise plus comme avant où elle fuyait les gens. « Aujourd’hui, je constate que je suis comme les autres et qu’il y a aucun problème. Je gagne ma vie comme les autres, je compte changer d’endroit pour mon commerce pour aller là où le lieu est plus fréquenté pour accroitre mon commerce », fait savoir Mercine.

Aujourd’hui, Mercine exerce le commerce dans son village natal où elle déclare honorer sans souci le loyer mensuel (7.000 FBU) de sa cafeteria où elle vend beignets et thé et quelques produits d’usage courant comme le savon. Elle est très fière de sa situation actuelle, un véritable changement de vie pour elle sur le plan économique et social. Grâce au projet, elle s’est bien intégrée dans son milieu social comme citoyenne à part entière et parvient à satisfaire ses besoins de base.