Paix et prospérité pour la région des Grands Lacs

Investir dans le relèvement à long terme de la République démocratique du Congo

29 octobre 2025

Le PNUD investit dans les moyens de subsistance et la cohésion communautaire en République démocratique du Congo, mais le financement adéquat reste un défi majeur pour assurer une prospérité à long terme.

Photo : PNUD RD Congo/Eve Sabbagh

Quand j'ai récemment visité Goma, à l’est de la RD Congo, j’ai rencontré Vumilia, mère de huit enfants. Déplacée de nombreuses fois par le passé, elle était rentrée chez elle dans le quartier de Sake, dans sa maison détruite. 

Les besoins de Vumilia étaient clairs : « Je veux juste que mes enfants retournent à l’école » confiait-elle d’une voix tremblante. « Mais leur école a disparu. J’ai besoin d’aide pour reconstruire notre maison, d’outils pour cultiver mes terres, d’une machine à coudre pour que ma fille puisse relancer son activité de tailleuse. » Vumilia ne demandait pas l'aumône : simplement des outils pour retrouver sa dignité.

La RD Congo fait partie des crises humanitaires les plus graves au monde. L’histoire de Vumilia est celle de millions de personnes affectées. 

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 5,9 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la RDC en 2025. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime quant à elle à 27,7 millions le nombre de personnes qui ne mangent pas à leur faim dans le pays. 

Plus de 3 millions de personnes déplacées sont rentrées chez elles, où il ne restait plus rien.

Le PNUD est déjà sur le terrain pour reconstruire les maisons, relancer les entreprises, aider les victimes de violence sexuelle et investir dans les moyens de subsistance et la cohésion communautaire. Mais l’accès à des fonds adéquats demeure un défi important.

Comment bâtir la paix et la prospérité ?

La conférence de soutien à la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs, qui se tient cette semaine à Paris, est à la fois essentielle et opportune. Elle offre des opportunités sans précédent de renforcer la résilience, rétablir la paix et investir dans l'avenir à long terme des populations dès le premier jour. 

Malgré une forte croissance économique ces dernières années, la RDC reste fragile. Le pays fait face à une situation délicate, entre instabilité et vulnérabilité aux chocs externes. La croissance économique, principalement tirée par l’industrie minière, s’élève en moyenne à 6,1 % contre 4,1 % en moyenne dans le reste de l’Afrique subsaharienne. 

Si la RDC a démontré une résilience remarquable face à des crises prolongées, son capital humain reste faible. L’Indice de Développement Humain du PNUD la place au 180ème rang sur 193 pays. Quelque 64,5 % de Congolais vivent en effet sous le seuil de pauvreté et moins de la moitié des jeunes et des femmes ont un emploi. 

Depuis janvier 2025, les banques et autres institutions financières d’Afrique de l’Est ont fermé, rendant difficile l’accès à l’argent liquide. Les fermetures d’entreprises et pertes d’emploi ont aggravé la situation pour les communautés locales. 

L’insécurité a aussi des conséquences dévastatrices sur les bien-êtres humain et physique. Les conflits récurrents dans l’est et dans la province de Mai-Ndombe ont fortement augmenté les indicateurs de risque pays. Cela a eu pour effet de dissuader les investisseurs potentiels et réduit les chances des jeunes d’accéder à un réel emploi.

Trainer in blue jacket and cap addresses a diverse group at a community workshop.

En République démocratique du Congo, le PNUD investit dans les moyens de subsistance et la cohésion communautaire, et aide les habitants à reconstruire leurs maisons et à relancer leurs activités économiques.

Photo : PNUD RD Congo/Eve Sabbagh

Capitaliser sur l’intégration régionale 

Le gouvernement congolais a rejoint la Communauté d’Afrique de l’Est pour renforcer ses liens économiques, politiques et sociaux dans la région. 

En parallèle, le PNUD plaide quant à lui en faveur de corridors économiques axés sur la paix, qui relient les pays par le commerce, l’énergie, les infrastructures, et les chaînes de valeur régionales. Des projets comme le corridor de Lobito proposent des occasions de transformer les frontières en passerelles vers la prospérité. Le corridor vert Kivu-Kinshasa, lancé en janvier 2025, vise à favoriser la croissance verte et l’intégration économique nationale. Cette démarche pourrait stimuler l'activité économique le long du couloir, réduire la violence dans des zones frappées par les conflits, améliorer la production agricole et faciliter la circulation des marchandises et des personnes.

Transformer le potentiel de la RDC en véritable développement 

Alors que la Conférence de Paris démarre aujourd’hui, rappelons une vérité simple : chaque dollar investi dans la résilience représente une économie importante pour l’avenir. Le chemin vers la stabilisation à long terme se trace en renforçant la résilience, avec des infrastructures locales, une gouvernance territoriale et une participation inclusive. Lorsque les citoyens constatent que l’État tient ses promesses, la confiance est rétablie, la légitimité est renforcée et la paix s’auto-entretient. 

Pour la RDC, le chemin vers une paix durable passe par une transformation de son immense potentiel en bénéfices tangibles pour sa population. Cela requiert une valorisation stratégique de ses minerais (dont la valeur est estimée à plus de 30 000 milliards de dollars), non comme une source d’extraction, mais comme un levier pour l'industrialisation et la prospérité partagée. Cela implique d’utiliser les 83 millions d’hectares de terres fertiles de la RDC pour nourrir l’Afrique et le monde. Mais aussi de positionner le pays comme un véritable pôle de production d’énergie propre, un leader régional capable d’exporter sa stabilité et son électricité. 

Le temps est venu pour la RDC et ses partenaires d’aligner leurs investissements sur une vision commune : celle d'une nation qui transforme ses richesses naturelles en capital socio-économique, sa diversité en unité, et ses multiples crises en opportunités. 

Cela n’est réalisable qu'avec un plan global de reconstruction qui doit faire partie intégrante des efforts de paix internationaux et gouvernementaux. 

La paix et la stabilité en RD Congo sont plus vitales que jamais : pour Vumilia, pour ses enfants, pour la région et pour le monde entier.