Nous devons démanteler les obstacles à la participation politique des femmes. Voici pourquoi

5 juillet 2023

Une gouvernance inclusive et responsable exige une plus grande participation des femmes en tant qu'électrices, membres du personnel électoral et candidates.

Photo: PNUD Liberia

Je suis au PNUD depuis un an après avoir reçu une bourse dans le cadre du programme des Jeunes Femmes Leaders Africaines (AfYWL). L'AfYWL est issu d'un partenariat entre la Commission de l'Union africaine et le PNUD et vise à renforcer la représentation des femmes dans les institutions publiques et privées. La bourse forme des jeunes femmes leaders africaines ayant des compétences et une l'expérience pertinentes pour faire avancer le Programme de développement durable à l'horizon 2030 des Nations Unies et le Programme 2063 de l'Union africaine, qui est la feuille de route pour transformer l'Afrique en une puissance mondiale pour l’avenir. Malheureusement, cette ambition essentielle a peu d'impact si les défis à la participation politique des femmes dans le monde ne sont pas remis en cause.

La mise à jour de l'Indice des normes sociales de genre (GSNI) du PNUD en 2023 souligne les obstacles importants auxquels les femmes et les filles sont confrontées pour réaliser leur potentiel, allant de la politique aux conseils d'administration des entreprises. Ces obstacles sont largement attribuables à des normes sociales profondément ancrées. De manière préoccupante, près de la moitié de la population mondiale estime que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes. Des stéréotypes comme ceux-ci créent des barrières à la participation équitable des femmes dans les institutions gouvernementales. Ces obstacles considérables nécessitent une action immédiate. Voici pourquoi :

  • Les femmes représentent la moitié de la population de chaque pays et devraient légitimement participer de manière égale aux systèmes de prise de décision.
  • Des niveaux plus élevés de participation politique des femmes sont associés à un risque plus faible de guerre civile et à une probabilité réduite de violences politiques perpétrées par l'État (moins de meurtres, de disparitions forcées, de tortures et d'emprisonnements politiques).
  • Lorsque des femmes sont élues à des fonctions politiques, elles sont plus susceptibles d'être tenues responsables par leurs électeurs, ce qui entraîne une gouvernance réactive et transparente.
  • Les expériences vécues donnent aux femmes une perspective unique sur les questions liées au genre telles que la violence domestique, les droits en matière de procréation et l'égalité des salaires.
  • Les femmes occupant des postes de direction contribuent à briser les stéréotypes et à changer les normes sociales et les perceptions des femmes leaders.

Des femmes participent à un exercice parlementaire aux Maldives. Le PNUD s'efforce d'aider la prochaine génération de femmes dirigeantes à acquérir les compétences et les réseaux dont elles ont besoin pour réussir.

Photo: PNUD Maldives

Il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à l'égalité des genres en politique à l'échelle mondiale, malgré des résultats positifs évidents. ONU Femmes note que, selon la trajectoire actuelle, il faudra 130 ans pour atteindre l'égalité des genres aux postes de pouvoir les plus élevés. En janvier 2023, 34 femmes dans 31 pays occupaient le poste de chef d'État et/ou de gouvernement ; 22,8 % des ministres étaient des femmes ; 13 pays avaient atteint le quota de 50 % ou plus de femmes dans leur gouvernement ; et dans les parlements nationaux, seulement 26,5 % des membres des chambres uniques ou basses étaient des femmes.

La marche vers une participation égale a été douloureusement lente. Malgré une légère augmentation des chiffres au fil des années, les femmes continuent de faire face à des discriminations et à des obstacles, notamment en raison de des normes culturelles et sociales, ainsi qu'à un accès limité aux ressources financières pour participer pleinement aux processus de prise de décision.

De nombreux pays ont adopté des mesures telles que des quotas, de la discrimination positive et d'autres dispositions spéciales temporaires pour accroître la participation des femmes. Cependant, ces interventions seules ne suffisent pas à atteindre la parité des genres à l'échelle mondiale.

" La marche vers une participation égale a été douloureusement lente."

J'ai récemment contribué à une évaluation qui a recensé 73 programmes du PNUD visant à promouvoir la participation politique des femmes. Cela permet aux bureaux pays du PNUD et à leurs partenaires d’être connectés et d'apprendre les uns des autres. Le travail du PNUD en matière de participation politique des femmes couvre six domaines d'intervention : la participation des femmes aux élections, aux parlements, à la vie civique, à l'administration publique, à la consolidation et aux processus de paix, ainsi qu'à la politique et aux médias. Tous ces domaines reflètent la capacité du PNUD à travailler de manière globale avec différents acteurs pour renforcer l'égalité des genres dans la gouvernance. Voici un aperçu de l'évaluation :

La plupart des projets se concentre sur la participation des femmes aux élections. Seize projets se déroulent en Afrique, douze en Asie et dans le Pacifique, six en Amérique latine et dans les Caraïbes, trois en Europe et en Asie centrale et neuf dans les États arabes. Le projet "Women in Elections" (femmes et élections), en Bosnie-Herzégovine vise à renforcer la participation des femmes à la vie politique à travers une approche à deux volets. D'une part, elle propose des ajustements structurels pour accueillir un nombre plus important de femmes en politique et d'une autre part, elle soutient la prochaine génération de femmes leaders dans les communautés grâce à des initiatives de réseautage adaptées. De même, le programme "Women in Leadership" (femmes dirigeantes) à Samoa est conçu pour accroître la sensibilisation à la nécessité d'une représentation inclusive des femmes dans les processus publics, grâce à des partenariats, à des actions de plaidoyer et à des activités de sensibilisation.

De nombreux pays ont adopté des mesures telles que les quotas, la discrimination positive et d'autres dispositions visant à accroître la représentation des femmes au parlement.

PNUD photo

Vingt et un projets se concentrent sur les parlements, dont quatre en Afrique, neuf en Asie et dans le Pacifique, deux en Europe et en Asie centrale et trois dans les États arabes. Le projet "Renforcement des institutions démocratiques en Sierra Leone", travaille avec le groupe parlementaire des femmes pour défendre les questions liées au genre. En Serbie, l'initiative "Démocratie parlementaire et dialogue inclusif", renforce les réseaux parlementaires des femmes pour favoriser la participation politique des femmes, créer une législation sensible au genre et promouvoir l'autonomisation économique des femmes au niveau local.

Douze projets favorisent la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix. Au Libéria, le PNUD et ONU Femmes ont soutenu la loi sur les nouvelles élections (1986, 2014), qui exige un quota obligatoire de 30 % de femmes sur les listes de candidats des partis politiques. Son adoption a été le fruit d'efforts soutenus de plaidoyer, de lobbying et de collaboration avec le groupe parlementaire des femmes du Libéria et le ministère du Genre, des Enfants et de la Protection sociale. Malheureusement, le projet de loi attend toujours la validation présidentielle et ne sera pas en vigueur lors des élections générales de 2023.

En émancipant les femmes pour qu'elles participent pleinement à la politique, nous contribuons à cultiver des sociétés plus équitables et durables. Cela aura un effet ricochet, se traduisant par une meilleure gouvernance, une plus grande stabilité économique et une meilleure cohésion sociale. La poursuite de l'égalité des genres en politique n'est pas seulement une obligation éthique, c'est une exigence fondamentale pour un avenir prospère, équilibré et inclusif pour tous.