Le pouvoir des cartes pour orienter l’action en faveur de la nature et du développement

16 mars 2022

PNUD Brésil

Notre avenir, et celui de la planète, dépend du fait de placer la nature au cœur du développement durable. Des gouvernements du monde entier se sont réunis à Genève, en Suisse, pour négocier un nouvel ensemble de mesures mondiales pour la nature, appelé « Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 ». Celui-ci doit être finalisé dans le courant de l'année dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, et jouera un rôle clé dans la mise en œuvre d'actions visant à inverser la perte de biodiversité et à promouvoir l'utilisation durable de la nature.

Ces négociations interviennent à un moment critique de l'histoire de l'humanité. Le sixième rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié au début du mois, indique que si des mesures ne sont pas prises rapidement au cours de la présente décennie, nous perdrons prise sur les dangers déjà pressants du changement climatique. Un nouveau rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) met en garde contre le fossé qui sépare les ambitions des actions visant à résoudre la crise de la nature, et fait valoir que les ressources nécessaires à un changement transformateur doivent être à la hauteur des engagements mondiaux en faveur de la nature. Malgré l'urgence de la situation, nous n'avons collectivement pas réussi à atteindre un seul objectif mondial pour la nature au cours de la dernière décennie.  

Ouverte à la signature en 1992, et comptant aujourd'hui 196 gouvernements parties, la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique est consacrée à la conservation et à l'utilisation durable de la biodiversité et au partage des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques, en tant que contribution au développement durable. Elle reconnaît que la nature ne se résume pas aux plantes, aux animaux et aux écosystèmes, mais qu'elle concerne également l'Homme et ses besoins en matière de sécurité alimentaire, de médicaments, d'air pur et d'eau, de logement, et d’un environnement propre et sain. Alors, pourquoi les nations n'ont-elles pas réussi collectivement à atteindre les objectifs de la Convention à ce jour ? Et que pouvons-nous faire pour changer les choses ?

Les réponses sont multiples. Examinons-en une. Avec des ressources limitées, les gouvernements doivent donner la priorité au respect de leurs engagements. Résultat : la nature est souvent mise de côté au profit d'un développement économique à court terme. À mesure que les risques liés à la dégradation et au déclin de la nature augmentent, cela ne sera plus possible. La nature, et les services qu'elle rend à l'humanité, doivent être au cœur du plan de développement de chaque pays.

Le PNUD et le Centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE-WCMC) renforcent les capacités d'utilisation des données spatiales et des cartes pour permettre un développement durable en harmonie avec la nature. Les plans et les cartes spatiales qui en résultent aident les gouvernements à identifier spécifiquement où et comment des actions peuvent être entreprises pour répondre à leurs priorités variées, qu'il s'agisse de garantir le bien-être de leurs citoyens, d'atténuer le changement climatique ou de sauvegarder le monde naturel. L'innovation numérique, notamment par le développement et l'utilisation de données et d'analyses spatiales améliorées, peut contribuer à changer notre histoire collective mondiale. Voyons cela plus en détail à travers trois exemples  :

UN Biodiversity Lab 2.0 (UNBL) [Laboratoire de l'ONU sur la biodiversité]. UNBL est une plateforme en libre accès très complète qui permet aux utilisateurs de calculer des mesures dynamiques et de cartographier des centaines de couches de données représentant les écosystèmes, les aires protégées, le carbone et les services écosystémiques. UNBL fournit aux utilisateurs les outils nécessaires pour utiliser les données spatiales nationales ainsi que les ensembles de données mondiales afin de créer des bases de référence, de planifier des interventions, et de suivre les changements dans le temps. Il s'agit d'un exemple de ce que la Coalition pour un environnement numérique durable (CODES) vise à offrir à l'échelle, et c'est une offre essentielle de la « salle de situation mondiale de l'environnement » (en anglais, World Environment Situation Room) du PNUE. De tels outils tels offrent aux diverses parties prenantes un moyen efficace de calculer les niveaux de référence de la biodiversité et de surveiller les effets des interventions dans le cadre de la mise en œuvre du Cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020.

Cartographie des aires essentielles au maintien de la vie. S'appuyant sur les bases offertes par le laboratoire de l'ONU sur la biodiversité, cette initiative associe science et politique pour élaborer des plans d'action spatialisés sur la base des priorités nationales. En étroite collaboration avec les responsables politiques et les scientifiques nationaux, le projet utilise la planification systématique de la conservation pour produire une « carte de l'espoir », qui peut aider les gouvernements à déterminer où les actions de protection, de gestion et de restauration de la nature peuvent contribuer le plus efficacement à la réalisation de diverses priorités nationales. Actif dans 13 pays et avec une preuve de concept en cours de développement pour n'importe quel pays du monde, ce projet a le potentiel de fournir un grand soutien aux pays dans leur mise en œuvre de la transformation nécessaire pour atteindre le cadre pour l’après-2020.

L'initiative Nature Map a également utilisé des approches systématiques de planification de la conservation, cette fois à l'échelle mondiale, pour évaluer les avantages potentiels de la conservation et de la restauration des écosystèmes terrestres. Les cartes qui en résultent illustrent les avantages potentiels de la conservation et de la restauration des écosystèmes pour les espèces, les stocks de carbone et l'approvisionnement en eau propre. En cours de route, Nature Map a produit de nouveaux ensembles de données mondiales sur ces thèmes et d'autres encore, disponibles par l'intermédiaire du UN Biodiversity Lab. S'appuyant sur cette collaboration, une nouvelle coalition SPACES est lancée en 2022, avec diverses parties prenantes et l’idée que l'intelligence spatiale pour la nature et le climat devient largement disponible et utilisée pour opérationnaliser les engagements et les objectifs, encadrer les stratégies intégrées pour la nature et le climat, et promouvoir la transparence et la responsabilité sur les progrès dans les ambitions mondiales pour la nature et le climat.

Ces exemples illustrent la façon dont les données spatiales peuvent soutenir les processus nationaux pour concevoir des voies de développement transparentes qui profitent à la nature et à la société. Alors que les Parties développent des objectifs et des cibles mondiales pour la biodiversité pour la prochaine décennie, le monde doit prendre le tournant pour les mettre en œuvre de toute urgence afin de créer le changement transformateur nécessaire pour faire passer notre trajectoire planétaire de la crise à la régénération. Le PNUD et le PNUE-WCMC, ainsi que leurs partenaires, sont prêts à les soutenir dans cette tâche importante.
 

La 24ème réunion de l'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques (SBSTTA-24), la troisième réunion de l'Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI-3) et la troisième réunion du Groupe de travail sur le Cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020 de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique reprennent leurs discussions à Genève, en Suisse, du 14 au 29 mars 2022. Pour en savoir plus, cliquez ici.   ​​​​​​​

Pour apprendre et vous servir du UN Biodiversity Lab [Laboratoire de l'ONU sur la biodiversité], inscrivez-vous à nos formations intermédiaires et avancées proposées en partenariat avec NASA ARSET en cliquant ici. Le cours est également proposé en français et en espagnol.