Un Sahel prospère et pacifique accessible grâce à un investissement et à un partenariat accru

3 septembre 2021

Une paix durable est réalisable dans la région du Sahel grâce à un investissement et à un partenariat de plus grande ampleur dans les domaines de la gouvernance, de l’énergie, de la jeunesse et des femmes, ont entendu les participants lors de la dernière édition spéciale de haut niveau de la série de dialogues AFRI CONVERSE, coorganisée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et le Forum de développement du Collège doctoral de recherche politique (GRIPS).

Abritant plus de 350 millions d’habitants, la région est confrontée à des défis multidimensionnels, souvent caractérisés par la pauvreté, la croissance démographique rapide, le changement climatique, l’insécurité alimentaire et l’instabilité.

« L’interaction de l’insécurité, des déficits de gouvernance et de la vulnérabilité climatique a alimenté des niveaux élevés d’inégalités, les frustrations des citoyens et, en fin de compte, les crises humanitaires et de développement », a déclaré Mme Asako Okai, Sous-Secrétaire générale, Sous-Administratrice et Directrice du Bureau de Crise du PNUD.

Pourtant, malgré ces défis, Mme Okai a souligné que le Sahel abrite le plus grand potentiel d’énergie renouvelable au monde, certaines des économies à la croissance la plus rapide au monde, la population la plus jeune d’Afrique (plus de 200 millions de personnes ont moins de 25 ans) et des destinations touristiques à couper le souffle – qui ont toutes un potentiel important d’investissement et de prospérité.

« Au cours des dernières années, le PNUD, à travers son ouvrage « RÉGÉNÉRATION : le PNUD au travail pour un avenir meilleur au Sahel », a proposé une approche du développement ancrée sur les principes de prévention, de stabilisation, de transformation et de viabilité », a-t-elle ajouté. Des approches sur mesure sont déployées pour réduire les risques et la vulnérabilité, prévenir les conflits, renforcer la résilience et mettre les communautés et les pays sur la voie du développement durable.

Consciente qu’aucune institution ne peut à elle seule résoudre les défis complexes auxquels la région est confrontée, Mme Okai a déclaré que le PNUD avait, dans ses efforts, tiré parti de tous ses partenaires, y compris les institutions régionales et les gouvernements, pour concevoir et mettre en œuvre des programmes phares donnant la priorité à la stabilisation des zones sujettes aux conflits. Elle a en outre souligné que toute solution globale à long terme pour la région doit impliquer le secteur privé, car son engagement est vital pour la création d’emplois, l’inclusion et la croissance économique.

Abordant le contexte politique et sécuritaire du Sahel, M. Ryuichi Kato, vice-président de la JICA, a déclaré qu’à la lumière de la pauvreté endémique et des inégalités, il est nécessaire d’avoir une approche du développement qui renforce la confiance entre les gouvernements et les citoyens.

« Cette approche est importante pour créer un cadre où les citoyens et les gouvernements travaillent ensemble pour bâtir des États résilients et favoriser la confiance. Notre objectif est de promouvoir l’édification d’un État résilient là où aucun conflit ne survient. L’un des moyens d’y parvenir est que les gouvernements offrent des services inclusifs qui sont fonctionnels et utiles à la population», a déclaré M. Kato.

L’approche de la JICA en matière de paix et de stabilité au Sahel repose sur trois piliers, qui visent à s’aligner sur les piliers de l’agenda du G5 Sahel. Ces piliers comprennent  la gouvernance et la sécurité, la résilience et le développement humain, ainsi que le développement des infrastructures économiques et sociales. Le G5 Sahel est un cadre institutionnel pour la coordination de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité en Afrique de l’Ouest.

Malgré les actions concertées des partenaires de développement, des institutions régionales et des autorités étatiques, l’extrême vulnérabilité du Sahel a été mise à nu par l’impact des déplacements forcés, causés par la violence généralisée perpétrée par des groupes d’insurgés armés et des bandes criminelles.  Mme Sayoko Uesu, du GRIPS au Japon, a détaillé la situation des menaces qui se propagent dans les régions frontalières, notamment le Liptako-Gourma, la zone entre le nord-ouest du Nigéria et le sud-ouest du Niger et plus récemment, la zone frontalière entre le Burkina Faso et le nord du Ghana.

Mme Uesu a noté que l’engagement du Japon dans la région s’est renforcé en 2019 lorsqu’il a rejoint le G5 Sahel en tant qu’observateur. Elle a en outre souligné que le gouvernement japonais avait également lancé la Nouvelle approche pour la paix et la stabilité en Afrique (NAPSA) lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) 7, qui vise à s’attaquer aux causes profondes des conflits et du terrorisme en soutenant le renforcement des institutions.

Abordant le fait que la NAPSA souligne le rôle de la prévention et de la médiation, elle a mis en lumière la nécessité d’un cadre de coopération plus souple impliquant les ONG, les mediateurs et les organisations de la société civile proches des communautés locales afin de fournir ou soutenir une plate-forme qui rassemble un large éventail d’acteurs pour un dialogue et des échanges réguliers.

Partageant certaines réalisations faites au Mali en matière de décentralisation et de développement local, M. Bakary Koné, Chef de la Division Jumelage à la Direction générale des collectivités territoriales, a insisté sur la nécessité d’un engagement soutenu de toutes les parties prenantes pour asseoir un développement durable au bénéfice de la population.

Malgré les défis, le processus de décentralisation au Mali, enregistre des avancées importantes à travers la réalisation de 6.468 projets socio-économiques et d’infrastructures de 2015 à 2019 qui ont permis de renforcer la confiance entre les autorités publiques et la population.

En plus de la réalisation de projets d’infrastructures, des actions de renforcement de la gouvernance locale sont en cours à travers la participation des populations à la gestion des affaires locales et régionales et l’implication des femmes dans la gestion des services sociaux de base (santé, éducation, eau, agriculture etc». M. Koné a conclu que l’ensemble des actions menées répondent à deux objectifs liés au développement et au renforcement de la démocratie locale.

M. Abdrhamane Cissé, Directeur général des collectivités territoriales au Mali, a réaffirmé l’engagement du Mali en faveur d’une paix et d’un développement durables et a exprimé sa gratitude au Japon et à la JICA pour leur soutien et leur intérêt continus.

Faisant écho à l’importance du partenariat, Mme Okai du PNUD a déclaré que le PNUD collaborait depuis longtemps avec le Japon et promouvait la paix et la stabilité alignées sur l’orientation de la TICAD sous le concept de sécurité humaine. « Capitalisant sur l’impact avéré de nos interventions et sur le réseau et la crédibilité construits dans la région, le PNUD se réjouit à la perspective d’un partenariat renforcé avec le Japon et la JICA pour soutenir les pays du Sahel », a déclaré Mme Okai.

La série de dialogues AFRI CONVERSE continuera d’avoir lieu tous les deux mois afin de créer une dynamique pour la TICAD 8 qui se tiendra en Tunisie en 2022.