Minigrids : Les Comores s’inspirent du modèle malgache

17 août 2025
A group of seven professionals posing together in a conference room.

Dans une dynamique de renforcement de la coopération régionale et de partage d’expériences concrètes, les équipes du programme Africa Minigrids (AMP) des Comores et de Madagascar ont mené fin mai 2025 une mission d’étude axée sur l’accès à l’énergie durable. Pendant dix jours, cette immersion a permis d'aller au-delà des simples discussions techniques pour explorer, sur le terrain, les enjeux et les avancées liés au développement des mini réseaux.
Conduite par M. Saïd Mohamed Nassur, secrétaire général du ministère comorien de l’Énergie, la délégation comorienne a été reçue à Madagascar par son homologue du ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures (MEH), M. Jean-Baptiste Olivier. Ce déplacement s’inscrivait dans une logique d’apprentissage Sud-Sud, où les deux pays insulaires ont partagé leurs expériences autour de quatre axes majeurs : les cadres réglementaires, l’engagement du secteur privé, le rôle des institutions nationales et l’impact des mini réseaux sur les communautés rurales
Des leçons concrètes sur le terrain
L’un des points forts de cette mission résidait dans la possibilité d’échanger directement avec les acteurs malgaches de l’énergie, publics comme privés et de visiter plusieurs sites de mini réseaux en fonctionnement. Cette immersion a offert à la délégation comorienne une compréhension pratique des réalités techniques et sociales : gestion des raccordements, maintenance, coordination locale, tarification, et surtout retours des bénéficiaires.
Farida Ahmed Karim, coordinatrice du projet AMP Comores, a souligné : "Ce qui m’a particulièrement marqué à Madagascar, c’est la relation de confiance entre le gouvernement et les opérateurs privés. Grâce à un cadre réglementaire clair, des procédures simples et un guichet unique pour les projets, l’État malgache réussit à sécuriser les investissements privés dans un domaine longtemps considéré comme risqué."
Le secteur privé, moteur de la transition énergétique
L’implication active de plus de 30 entreprises privées malgaches dans la mise en place et la gestion de mini réseaux a retenu l’attention de la délégation comorienne. Ce dynamisme montre que même dans des économies insulaires, le secteur privé peut jouer un rôle clé, à condition de créer un environnement propice. Un exemple concret de cette coopération émergente : l’entreprise ANKA, basée à Madagascar, a manifesté son intérêt pour collaborer avec un partenaire comorien dans le cadre de projets pilotes sur trois sites. Ce type de partenariat témoigne de la puissance des échanges régionaux : ils ne sont pas que des vitrines techniques, mais peuvent déboucher sur des projets concrets.
S’inspirer pour mieux agir aux Comores
L’approche malgache repose sur des piliers solides : réglementation incitative, soutien institutionnel à travers l’ADER (Agence pour le développement de l’électrification rurale), promotion de l’innovation locale, transfert de technologies et sensibilisation des consommateurs. Autant d’éléments qui offrent une source d’inspiration pour les Comores, notamment dans le cadre de leur initiative nationale M300.
Le pays souhaite ainsi poser les bases d’une stratégie énergétique intégrée, combinant subventions ciblées, partenariats public-privé, financement mixte et renforcement de la demande locale, notamment à travers l’entrepreneuriat féminin et les activités génératrices de revenus.
Vers une collaboration structurée et durable
L’un des principaux résultats de cette mission est la volonté conjointe de structurer davantage la coopération. Des ateliers techniques, des visites croisées et des projets conjoints sont envisagés pour approfondir le dialogue et renforcer les capacités sur les plans technique, institutionnel, réglementaire et communautaire.
L’objectif est clair : déployer un réseau de minigrids basé sur les énergies renouvelables, économiquement viables et adaptés aux spécificités des petites îles.
Le gouvernement malgache a, pour sa part, réaffirmé son engagement à doubler le taux d’électrification d’ici à 2030, une ambition qui fait écho à celle de l’AMP : fournir une énergie propre et fiable aux communautés les plus isolées.
Une mission placée sous le signe de la solidarité régionale
Au-delà de la technique, cette mission a été marquée par un esprit de fraternité et de solidarité. En alliant dialogue institutionnel, immersion communautaire et rapprochement culturel, cet échange a illustré tout le potentiel de la coopération Sud-Sud pour accélérer la transition énergétique dans les petits États insulaires en développement.