Tiers Secteur et Nouveau Modèle de Développement

12 janvier 2022

Quelles attentes? Quels Défis ? Quelle Démarche ? Quelle contribution du Laboratoire d’Accélération du PNUD Maroc ?

Le contexte national au Maroc offre des opportunités très importantes pour l'évolution de la société civile et des coopératives ainsi que la réalisation de leurs objectifs. En plus de la Constitution de 2011 et des différentes lois qui reconnaissent le rôle de la société civile et des coopératives dans le développement démocratique et socio-économique au niveau local, le Nouveau Modèle de Développement (NMD) réserve une place de taille à la société civile dans le cadre du « tiers- secteur » où les associations et les coopératives doivent jouer leurs rôles de leaders.

Le NMD propose de faire du tiers-secteur une véritable troisième voie, levier de création de richesses, d’emplois, d’inclusion, de progrès social et de développement des territoires. Le « tiers-secteur » désigne l’ensemble des acteurs à l’intersection des secteurs public et privé, (associations, coopératives, mutuelles) qui engagent des activités économiques à visée sociale, organisées de manière autonome et gérées de manière collégiale, avec une lucrative limitée et à échelle locale avec un fort engagement des communautés concernées.

Une telle proposition est fondée sur les résultats de la revue et l’analyse de l’expérience internationale, dans divers pays. Elle démontre la capacité́ du « tiers secteur » à, apporter des solutions pour répondre à des besoins sociaux dans des domaines nouveaux et géographiquement variés, d’être un partenaire de l’Etat pour relever les défis sociaux accentués par la crise actuelle de la Covid-19 et enfin d’accompagner la transition du Maroc vers un développement inclusif, durable et centré sur l’humain. Ainsi, en associant les associations, les coopératives et les mutuelles dans le tiers-secteur le NMD espère « faire émerger l’économie sociale comme pilier de développement » (choix stratégique 5 du NMD). 

Cette place de taille accordée au « tiers secteur » le met devant un défi de taille qui est d’être à la hauteur des aspirations du NMD et de contribuer concrètement à son opérationnalisation et à l’atteinte des objectifs du développement humains sur lesquels le Maroc s’engage au niveau national et international. 

Par ailleurs, pour que le « tiers secteur » joue ses rôles, un environnement favorable garantissant sa performance est essentiel. il s’agit entre autres de promouvoir un cadre juridique et fiscal adapté, d’institutionnaliser le partenariat entre le tiers tecteur et les institutions et administrations publiques.

Le « tiers secteur » doit se doter également des ressources et des capacités nécessaires en matière de gouvernance, de développement organisationnel et d’outillage de ses structures par des stratégies digitales et mécanismes de communication internes et externes afin de bien s’ouvrir sur son environnement et être à son écoute.

L’Accelarator Lab du bureau du PNUD au Maroc, conscient du rôle du tiers secteur dans le développement et des défis auxquels il fait face, contribue à renforcer les capacités de la société civile et à leur inclusion, à travers des initiatives innovantes, dont notamment:

  • Un projet de promotion de l’exportation de l’huile d’argan, de ses produits dérivés ainsi que d’autres produits du terroirs marocain. Cette initiative qui s’inscrit dans le cadre du projet « Renforcement de l'intégration économique arabe pour le développement durable (AEISD) » et dont l’objectif est de soutenir la contribution des coopératives de femmes à la politique commerciale et à l'intégration économique régionale arabe. Ledit projet est mené en collaboration avec l'écosystème local de l'huile d'argan dont notamment les coopératives de la Région Souss Massa Drâa, des experts du commerce extérieur et des procédures douanières et ce, afin d'améliorer la valorisation des produits clés de cet écosystème par une politique d’export pour atteindre directement les consommateurs dans des marchés à haut potentiel comme notamment les USA.
  • Le projet Tadamon qui fait partie du programme d'autonomisation des Organismes de la Société Civile pour la réduction de la pauvreté, qui est parrainé par le Fonds de Solidarité Islamique pour le Développement (FSID), géré par la Banque Islamique de Développement (BID) et mis en œuvre par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et d'autres partenaires stratégiques. L’objectif principal est d’accompagner les associations à avoir un meilleur accès à des financements alternatifs, de construire et de développer leur communauté, de donner plus de visibilité à leurs projets et d'engager plus de partenaires et de donateurs. Le projet a été mené au profit de 19 associations qui ont commencé l’expérimentation de ce mécanisme via le lancement des premières campagnes.
  • Le programme des ambassadrices numériques a été développé au profit d'un collectif de plus de 50 femmes bénévoles. L’objectif étant de les aider à faire face aux nombreux défis du commerce en ligne dans les milieux à faibles revenus.  L'initiative est organisée selon deux axes : a) une version locale du kit d'outils eFutures - fournit des compétences numériques de base et des compétences commerciales de manière transparente et contribuera au développement d'une alphabétisation numérique étendue ciblant les femmes à faibles revenus dans les zones semi-rurales ; b) l'expérimentation de moyens d'inciter la communauté à utiliser les paiements numériques - fournit des données pour une étude sur le comportement que nous menons. Cette étude, basée sur une collaboration qui avait vu le jour en 2021, vise à soutenir la mise en œuvre de la stratégie nationale d'inclusion financière pour la conception de plans d'action et la coordination des initiatives.

L’ensemble de ces initiatives visent à repenser les méthodes et approches d’intervention sur le terrain et mettre à la disposition des associations et des coopérations un ensemble d’études, d’outils et solutions innovantes pour accélérer l’atteinte des objectifs de développement local et l’inclusion des populations les plus vulnérables.

Une participation plus active et stratégique du Tiers Secteur permettra une meilleure prise en compte des questions qui intéressent les citoyens et citoyennes au niveau local. Il contribuera à l’égalité des genres et l’inclusion sociale des populations les plus vulnérables en leur donnant des opportunités et possibilités de développement.

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Par Rachida Akerbib, Coordinatrice du programme Tadamon au PNUD Maroc, rachida.akerbib@undp.org

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