Le PNUD appuie les efforts des autorités maliennes pour prévenir l’extrémisme violent

20 avril 2023
Table ronde de mobilisation de fonds pour la mise en œuvre du plan d’action 2022-26 de la Politique Nationale de Prévention et Lutte contre l’Extrémisme Violent et le Terrorisme présidée par le Premier Ministre Dr Choguel K. MAIGA, le Ministre des Affaires religieuse, du culte et des costumes, M. Mahamadou Koné et le Représentant Résident Adjoint du PNUD, M. Alfredo Teixeira. Bamako, 6 avril 2023.

Table ronde de mobilisation de fonds pour la mise en œuvre du plan d’action 2022-26 de la Politique Nationale de Prévention et Lutte contre l’Extrémisme Violent et le Terrorisme présidée par le Premier Ministre Dr. Choguel K. Maïga, le Ministre des Affaires religieuse, du Culte et des Costumes, M. Mahamadou Koné et le Représentant Résident Adjoint du PNUD, M. Alfredo Teixeira. Bamako, 6 avril 2023.

©Primature Mali

Au Mali, les insurrections armées de 2012 ont fragilisé le contexte sécuritaire et contribué à la montée du phénomène de l'extrémisme violent et du terrorisme qui s'est progressivement étendu à l'ensemble du Sahel. Cette situation est confirmée par les données du rapport « Dynamiques de l'extrémisme violent en Afrique » publié récemment par le PNUD [1]  qui indique qu’en 2021, la majorité des victimes du terrorisme dans le monde, étaient issues de l’Afrique subsaharienne et des trois pays du Liptako-Gourma (Mali, Niger et Burkina Faso) en particulier. Les causes profondes de la diffusion du phénomène de l’extrémisme violent sont multiples et complexes. Les résultats de l’étude « sur les chemins de l’extrémisme violent en Afrique : les voies de recrutement et de désengagement » [2] , aussi publiée en début d’année et menée par le PNUD dans 8 pays d’Afrique [3] dont le Mali, indique en effet que les principales raisons d’adhésion aux groupes sont : le manque d’opportunités économiques (25%), la volonté de rejoindre la famille ou des amis (22%), les idées religieuses des groupes (17%) et la volonté de faire partie de quelque chose de plus grand (12%). Lors de sa participation au lancement de cette étude à Addis Abeba le 17 février 2023, M. Djoubeirou DIALLO, Secrétaire Permanent de la Politique Nationale de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent et le Terrorisme (PNPLEVT), a d’ailleurs insisté sur « la mauvaise gouvernance, la paupérisation des populations et le manque de débouchés » comme étant des facteurs clés de la radicalisation.

Devant la complexité de ce phénomène, il ressort que les réponses axées uniquement sur la sécurité ne suffisent pas et que seule une réponse holistique et coordonnée de tous les acteurs peut permettre de répondre efficacement à ce fléau et à ses causes profondes. Les autorités maliennes ont bien compris l’importance d’une telle approche en adoptant en 2018 la politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme (PNLEVT), qui est un cadre clé pour promouvoir la coordination et la collaboration interministérielle afin d’assurer la mise en œuvre des actions du gouvernement et de ses partenaires dans la prévention et la lutte contre l'extrémisme violent. Au regard de ces constats, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), s’est engagé depuis 2020, à soutenir la mise en œuvre de cette Politique à travers le Programme d’Appui à la Stabilisation du Mali à travers le renforcement de l’État de droit (PROSMED) mis en œuvre conjointement avec la MINUSMA et ONU Femmes et financé par l’Ambassade du Pays Bas et le Fonds du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (PBF).

Dans le cadre de cet appui, le PROSMED a notamment soutenu le Secrétariat Permanent de la PNPLEVT pour l’élaboration du nouveau Plan d’Action 2022-2026 de la politique qui s’articule autour de 5 piliers stratégiques : la prévention ; la protection ; la poursuite ; la réponse ; et la cohésion sociale. Ce plan d’action a été adopté en octobre 2022 et lancé officiellement par le Premier Ministre le 6 avril 2023. Le programme a aussi appuyé la mise en place du cadre de coordination et de suivi et le développement d’une stratégie de communication de la PNPLEVT ainsi que la finalisation du Guide des prêches et sermons à l’endroit des acteurs et actrices religieux.

En complément de ces appuis institutionnels, le PROSMED a démarré des activités de renforcement de la résilience des populations à la radicalisation en partenariat avec l’ONG Think Peace dans le cadre du Projet Alternatif Redevable pour lutter contre l’Extrémisme Radical (PARLER). Ces activités interviennent dans les cercles de de Bla, Koutiala, Nara, Ségou, et Yorosso et elles visent à outiller les populations pour insuffler une dynamique locale d’alerte, de prévention et de réponse aux crises locales et à l’expansion de l’extrémisme violent vers d’autre localités du Sud. Dans le cadre de ses actions, le projet a permis de renforcer les capacités des 120 acteurs religieux, dont 91 hommes et 29 femmes y compris 22 jeunes sur le guide de prêche et de sermons. À Bla, lors de l’une de ces sessions de formation, M. Marc Sangaré, représentant de la Conférence Épiscopale, a témoigné de l’importance de cette approche qui a permis de renforcer sa collaboration avec l’Imam Mohamed Kamena en indiquant que « si tous les leaders religieux (musulmans comme chrétiens) font comme eux, l’expansion des discours néfastes des groupes radicaux ne peuvent gangréner les populations ».
 

À Koutiala, Mme. Aïssata Coumare, enseignante de Medersa, l’école coranique, affirme que « après la formation sur le guide de prêche facilité par le projet PARLER, j’ai mieux compris le concept de cohésion sociale prôné par le Coran. En tant qu’enseignante, je m’engage à sensibiliser mes élèves sur les causes et les conséquences de l’extrémisme violent et ce que le Coran dit exactement sur la question ».
 

Le programme a également contribué à l’organisation de six rencontres des acteurs religieux pour réfléchir sur des messages de contre radicalisation à diffuser sur les réseaux sociaux. Ces rencontres ont touché 61 acteurs religieux dont 43 hommes et 18 femmes y compris 5 jeunes. Cette initiative a été renforcée par les débats live radios interactifs associé à la réalisation et diffusion de feuilletons radiophoniques attirant l’attention de la communauté aux actes de prévention de la radicalisation et au vivre ensemble. Elles ont été diffusées à travers la synchronisation de 27 radios touchant un public estimé à 693 200 personnes.

En 2023, le PROSMED va continuer ses appuis au Secrétariat Permanent de la PNPLEVT et au renforcement de la résilience des populations des cercles visés. Des formations des professeurs de l’enseignement secondaire au guide sur la prévention de l’extrémisme violent, la gestion des conflits et la consolidation de la Paix sont notamment prévues ainsi que des activités de monitoring et de diffusion de messages pour contrer les discours radicaux sont notamment prévues. Ces activités seront progressivement étendues à d’autres cercles en 2024.

 


[1] Dynamiques de l'extrémisme violent en Afrique, PNUD, février 2023.  

[2] Sur les chemins de l’extrémisme en Afrique : les voies de recrutement et de désengagement, PNUD, février 2023. Au Mali, l’enquête a été réalisée en partenariat avec le Secrétariat Permanent de la PNPLEVT rattaché au Ministère des Affaires Religieuses, du Culte et des Coutumes (MARCC) et le centre de recherche malien Point Sud. Sur l’échantillon total de l’étude de 2,200 personnes, 406 personnes dont 225 rattachées aux groupes extrémistes ont été interviewées au Mali.

[3] Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Mali, Niger, Nigeria, Somalie et Soudan.

M. Djoubeirou DIALLO, Secrétaire Permanent de la Politique Nationale de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent et le Terrorisme (PNPLEVT) lors du lancement du rapport sur les chemins de l’extrémisme violent en Afrique : les voies de recrutement et de désengagement. Addis Abeba, 17 février 2023.

M. Djoubeirou DIALLO, Secrétaire Permanent de la Politique Nationale de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent et le Terrorisme (PNPLEVT) lors du lancement du rapport sur les chemins de l’extrémisme violent en Afrique : les voies de recrutement et de désengagement. Addis Abeba, 17 février 2023.

©PNUD
Atelier de renforcement de capacités des acteurs religieux sur le manuel de prêche élaboré par le MARCC. Koutiala, décembre 2022.

Atelier de renforcement de capacités des acteurs religieux sur le manuel de prêche élaboré par le MARCC. Koutiala, décembre 2022.

©Think-peace
Réunion des acteurs et actrices religieux pour la sélection des messages à diffuser sur les réseaux sociaux. Bamako, décembre 2022.

Réunion des acteurs et actrices religieux pour la sélection des messages à diffuser sur les réseaux sociaux. Bamako, décembre 2022.

©Think-peace