Se frayer un chemin au milieu des incertitudes

Un monde d'inquiétude, un monde d'espoir

Le changement est un phénomène normal. Au cours de l'histoire, l’espèce humaine a dû faire face à des fléaux, des guerres et des bouleversements politiques. 

Cependant, les temps incertains que nous vivons aujourd'hui sont différents à plus d'un titre. Si nous avons le sentiment que nos vies ne sont pas en sécurité, c'est parce qu'elles ne le sont pas. Selon le dernier Rapport mondial sur le développement humain du PNUD, nous naviguons en eaux inconnues, pris dans les courants croisés imprévisibles d'un changement planétaire dangereux, d'une transformation sociétale radicale et d’une polarisation croissante des sociétés. 

Des effets punitifs et étendus de la COVID-19 à la crise alimentaire résultant des perturbations climatiques et de la guerre en Ukraine, les mutations géopolitiques, tout comme les signaux d'alarme d'une planète changeant dangereusement pour les personnes et de nombreuses formes de vie, engendrent une situation inédite.

Pour la première fois depuis que nous avons commencé à le mesurer, l'indice de développement humain a reculé pendant deux années consécutives, et ce pour plus de 90 % des pays.

Le sol est en train de se dérober sous nos pieds, faisant peser un nouveau type d'incertitude pour lequel nous n'avons vraiment pas de guide. 

Ainsi, avons-nous l’impression tenace que le contrôle que nous exerçons sur nos vies est en train de nous échapper, que les normes et les institutions sur lesquelles nous avions l'habitude de nous appuyer n'ont pas les réponses.  

 

 

Un graphique linéaire montre l'indice de développement humain de 1990 à 2021. La valeur de l'indice commence à diminuer en 2020 pour la toute première fois.

 

 

La nouvelle incertitude

Même avant la pandémie, plus de six personnes sur sept dans le monde ne se sentaient pas en sécurité, l'insécurité augmentant le plus dans de nombreux pays riches, et ce malgré des années de progrès par rapport aux indicateurs habituels de mesure du bien-être. 

Dans le même temps, nous sommes à l'ère de l'Anthropocène, où les humains ont le pouvoir de façonner la planète, mais ne savent pas comment faire face aux conséquences de ce pouvoir. 

De la montée en flèche des températures à la chute de la biodiversité – plus d'un million d'espèces végétales et animales sont menacées d'extinction –, nous sommes en train de modifier le cadre de référence fondamental avec lequel nous vivons depuis des millénaires.

Comment vivre dans un monde sans insectes en abondance ? Cela n'a pas été le cas depuis environ 500 millions d'années, lorsque les premières plantes terrestres du monde sont apparues – et les deux événements étaient très liés. Sans les insectes pour polliniser les plantes, nous serons confrontés à des défis époustouflants pour la culture des aliments. 

Les cycles des matériaux ont été bouleversés. Pour la première fois, le béton et l'asphalte surpasse la biomasse de la Terre. Les microplastiques polluent les niveaux les plus profonds de l'océan jusqu'aux plus hautes montagnes, ainsi que nos poumons et notre sang. Un rapport récent a révélé que l'eau de pluie n'était potable nulle part sur la Terre

Le blanchiment massif des coraux est devenu banal. Les banquises autrefois puissantes sont décrites comme des « géants endormis ».

 

 

People gathering to protest racial injustice.

 

 

Frustration et aliénation

Il est impossible d'ignorer la polarisation politique. Elle est en hausse, alimentée par son allié le plus ancien, l'inégalité, qui travaille aux côtés d'un de ses amis les plus récents, les médias sociaux. De nombreuses personnes, en particulier les jeunes, éprouvent un sentiment de frustration à l’égard de leurs dirigeants politiques. La confiance a cédé la place à la suspicion. Dans le monde entier, moins de 30 % des gens pensent que l'on peut faire confiance aux autres – le taux le plus bas jamais enregistré. 

Les conflits armés sont également en augmentation. Pour la première fois, plus de 100 millions de personnes sont déplacées de force, la plupart à l’intérieur de leur propre pays.

L'Anthropocène nous inflige des traumatismes, qu'il s'agisse de pandémies, du changement climatique ou de la sécurité alimentaire, lesquels pèsent lourdement sur notre bien-être mental.

La COVID-19 nous a montré à quoi nous attendre. Au cours de la première année de la pandémie, la dépression et l'anxiété ont augmenté de plus de 25 %. Les personnes qui ont du mal à se procurer des produits de base ainsi que les femmes, qui assument davantage de travail non rémunéré, ont été affectées de façon disproportionnée. 

Les effets de cette situation sur les enfants en particulier sont profonds, car ils altèrent le développement du cerveau et du corps, notamment dans les familles les plus pauvres, réduisant ainsi leurs chances quant à l’avenir. 

100

millions de personnes

sont déplacées de force, la plupart à l’intérieur de leur propre pays.

 

 

Tout ne va pas bien, mais tout n’est pas perdu

Un collage de jetons de poker et de cartes à jouer. Le texte ci-dessous se lit comme suit : Les gens n'essaieront pas de nouvelles choses, si cela implique de mettre en péril la santé et l'éducation de leur famille.

Selon le Programme de développement durable à l'horizon 2030, le développement est une affaire de changement, de recherche de nouveaux leviers pour avancer en terrain inconnu, de transformation de notre monde. L'un des grands enseignements de l’histoire de l’espèce humaine est que nous pouvons accomplir beaucoup avec très peu si nous travaillons ensemble. 

Le rapport propose trois moyens de nous aider à nous frayer un chemin – et même à prospérer – dans ce nouveau dédale d'incertitudes.

Des investissements intelligents et pratiques restent essentiels. Qu'il s'agisse d'énergies renouvelables ou de préparation aux pandémies et aux risques naturels, les investissements doivent permettre de protéger les populations contre les chocs, de renforcer la sécurité économique et alimentaire et de promouvoir les biens publics mondiaux et nationaux. 

Le rapport s’interroge sur ce à quoi les investissements dans l'éducation et les compétences devraient ressembler face au rythme désorientant des évolutions technologiques, notamment l'automatisation et l'intelligence artificielle ; ou face aux transitions énergétiques nécessaires pour restructurer les sociétés.

L'assurance et la protection sociale doivent être revitalisées, y compris pour ceux qui travaillent dans le secteur informel. Nous devons évoluer vers un partage plus large des risques, notamment pour les services de base universels comme l'éducation et les soins de santé. Ceci encouragera l'innovation et l'esprit d'entreprise. Les gens n'essaieront pas de nouvelles choses, si cela implique de mettre en péril la santé et l'éducation de leur famille. 

L'innovation, qu'elle soit technologique, économique ou culturelle, sera au cœur des efforts à déployer pour affronter les défis qui nous attendent.

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Crédits photos

PNUD Géorgie; PNUD / Morgana Wingard; PNUD Mauritanie; PNUD Ukraine / Mackenzie Knowles-Coursin; PNUD Nigeria.