Une révolution verte au cœur de la capitale gabonaise
Libreville se prépare pour accueillir un jardin botanique
15 juillet 2025
Jardin botanique
Libreville s’apprête à accueillir un jardin botanique, une initiative portée par l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’Initiative pour la Forêt d’Afrique Centrale (CAFI).
Les plantes sont les héroïnes méconnues de notre planète. Elles nous nourrissent, nous soignent, nous habillent et régulent l’air que nous respirons. Pourtant, beaucoup d’entre nous prennent rarement le temps d’en apprécier l’importance. Dans un monde en pleine urbanisation, les espaces qui célèbrent et protègent la vie végétale sont plus essentiels que jamais.
Le futur jardin botanique de Libreville, situé à l’Arboretum Raponda Walker, à Akanda, sera une véritable bibliothèque vivante — un centre dédié à la recherche scientifique, à la conservation, à l’éducation et à l’engagement communautaire. C’est une occasion unique de mettre en lumière la biodiversité extraordinaire du Gabon, dont près de 88 % du territoire est couvert de forêts, faisant du pays un hotspot mondial de diversité végétale.
Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi un jardin botanique à Libreville ?
Les différents acteurs consultés ont tous reconnu l’intérêt environnemental et éducatif de créer un jardin botanique à Libreville. Après avoir visité plusieurs sites — dont l’Arboretum Raponda-Walker, l’Arboretum de Sibang, le Jardin de l’Ambassade de France, la Baie des Rois et des jardins privés — les meilleures pratiques ont été identifiées pour informer le futur jardin de Libreville.
« Le futur jardin botanique de Libreville ne sera pas seulement un espace vert urbain, mais un outil stratégique de résilience écologique. Il permettra de mieux comprendre, protéger et valoriser notre patrimoine végétal exceptionnel. Le jardin botanique que nous envisageons pour Libreville est une réponse locale à un enjeu global. Il renforcera notre capacité à préserver la biodiversité, à sensibiliser le public et à soutenir la recherche sur la biodiversité gabonaise et le rôle des plantes y compris dans la séquestration du carbone. C’est un levier concret pour faire de la nature un allié face au changement climatique. », Yannick OWONO OWONO, Coordonnateur national du projet CAFI 3 – Jardin botanique et verdissement urbain, Agence Nationale des Parcs Nationaux
Un jardin botanique semble être la réponse à bien des enjeux : un lieu pour apprendre, respirer, se reconnecter à la nature, mener des recherches scientifiques, organiser des événements communautaires, et lancer une nouvelle vision écologique et durable pour la capitale.
Sur les quelques 3 700 jardins botaniques existants dans le monde, la majorité se trouve en Amérique du Nord et en Europe, avec seulement une poignée en Afrique. Le jardin de Libreville contribuera à combler ce vide, en mettant en lumière la flore unique du Bassin du Congo.
Ce jardin marque un tournant : pour le tourisme urbain, pour affirmer le Gabon comme un hub de biodiversité, pour la découverte et documentation de nouvelles espèces, pour la création d’emplois locaux, et comme centre de formation pour les étudiants en sciences. Il sera à la fois un lieu pour « déconnecter » et « se reconnecter » à l’essentiel de notre relation à la nature.
🌿 Qu’est-ce qu’un jardin botanique ?
Un jardin botanique repose sur quatre piliers essentiels :
1. Recherche
Les jardins botaniques sont de véritables laboratoires vivants. Ils soutiennent les études sur la biologie des plantes, leur écologie, leur évolution et leur génétique. Grâce à des collections comme les herbiers, les scientifiques peuvent observer les espèces au fil du temps, en découvrir de nouvelles et approfondir nos connaissances sur la flore.
Le Gabon, qui possède l’une des biodiversités les plus riches au monde, a beaucoup à offrir à un jardin botanique. Avec près de 88 % de son territoire couvert de forêts, le pays joue un rôle vital dans la régulation du climat et la conservation de la biodiversité à l’échelle régionale et mondiale. Sur les 3 700 jardins botaniques existants dans le monde — majoritairement en Amérique du Nord et en Europe — très peu se trouvent en Afrique centrale. De plus, seulement 30 % des espèces végétales mondiales sont documentées. Le jardin botanique d’Akanda peut jouer un rôle clé pour enrichir les connaissances et la taxonomie des plantes dans le monde.
2. Conservation
Les jardins botaniques protègent la biodiversité végétale, ce qui est vital face au changement climatique, à l’urbanisation et aux espèces invasives. Cette conservation peut se faire sur le terrain, en banque de graines, en serre ou par culture de tissus végétaux.
Le jardin botanique de Libreville vise à combler le vide institutionnel en matière de conservation végétale en Afrique centrale et à mettre en valeur les espèces du bassin du Congo. Il offrira un espace dédié à la protection, à la régénération et à la reproduction d’espèces menacées ou peu connues.
En augmentant les espaces verts, les jardins botaniques contribuent à réduire les émissions de carbone en absorbant le dioxyde de carbone atmosphérique, en libérant de l’oxygène et en abaissant les températures urbaines — agissant comme des climatiseurs naturels pouvant faire baisser la température locale. Ces espaces protègent également les écosystèmes et la faune, et permettent de mieux connaitre les espèces locales pour soutenir les efforts de restauration des zones dégradées.
3. Éducation
L’éducation est au cœur de chaque jardin botanique. Visites guidées, panneaux pédagogiques, sorties scolaires, expositions… tout est conçu pour rendre la science accessible et engageante. Le jardin de Libreville aura une forte vocation éducative : reconnecter les jeunes à leur environnement, développer des partenariats avec les universités, accueillir des stagiaires et des chercheurs pour des travaux pratiques.
Le jardin d’Akanda ne se limitera pas à la conservation et à la recherche, il soutiendra aussi le développement communautaire, l’éducation et le patrimoine culturel. Il a le potentiel de devenir un centre névralgique dans un réseau plus large de pépinières à travers le Gabon, fournissant semences et plants pour un usage public et privé. Il soutiendra le développement d’entreprises locales, offrira des conseils techniques aux municipalités et aux acteurs privés, et explorera des activités génératrices de revenus telles que la production de compost et les services-conseils. Le jardin pourra également appuyer des campagnes nationales comme « Un enfant, un arbre ».
« Aménager un jardin botanique, c’est aussi créer un moteur de développement économique local. Le jardin botanique génèrera de l’activité économique à Akanda, avec des résidents et touristes qui se déplaceront pour venir visiter le jardin, mais aussi de nouveaux emplois crées, notamment dans les domaines de l’horticulture, des sciences végétales, de l’écotourisme ou de la restauration.», Aline DA SILVA, Spécialiste en biodiversité, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) Gabon
4. Bien public
Un jardin botanique est aussi un lieu de bien-être. C’est un espace vert qui réduit le stress, améliore la santé mentale et renforce les liens sociaux. La théorie de la biophilie, les recherches sur la réduction du stress et la restauration de l’attention montrent toutes que la nature nous aide à mieux vivre. C’est aussi un lieu de vie : concerts, événements, pique-niques… un jardin botanique est un espace culturel et communautaire.
La municipalité de Libreville a souligné l’importance de reconnecter les habitants à la nature et de promouvoir la dimension culturelle des arbres. Par la valorisation d’espèces gabonaises, c’est l’identité de Libreville que l’on renforcer aussi. Les défis urbains tels que les inondations et l’érosion soulignent la nécessité de programmes coordonnés de verdissement et de formation horticole. Le jardin botanique sera un espace soutenant de telles initiatives.
« Les jardins botaniques sont des carrefours où la nature et les gens se rencontrent pour l'éducation, les loisirs et la conservation. Ils font également partie du réseau mondial de conservation des plantes ; ils apprennent, guident et partagent des connaissances sur la diversité des plantes, l'horticulture et le soutien à l'écologisation des villes. Le jardin botanique de Libreville, au Gabon, pourra interagir avec les 3 700 jardins botaniques et instituts de conservation des plantes du monde entier, ce qui ouvrira la voie à une collaboration et à des partenariats internationaux pour la conservation des espèces végétales dans le Bassin du Congo. Le jardin botanique de Libreville sera non seulement un pôle d'attraction pour les habitants du Gabon, mais il constituera également un centre d'apprentissage où les universités internationales pourront envoyer leurs étudiants et leurs chercheurs pour découvrir la richesse de la flore gabonaise et s'associer aux étudiants locaux dans le cadre d'importants programmes de recherche mondiaux, tels que la biodiversité ou l'écologisation des villes. », Dr Carly COWELL, Directrice de la Conservation, Botanic Gardens Conservation International (BGCI)
🌍 Un projet unique pour la région
Le jardin botanique de Libreville s’apprête à devenir un symbole fort pour l’Afrique centrale. Ouvert aux chercheurs, aux étudiants et au grand public, il favorisera la résilience face aux changements climatiques et à la perte de biodiversité. Pour les jeunes passionnés de biologie et d’environnement, il offrira un terrain d’apprentissage vivant et une source d’inspiration.
Alors que la ville se prépare à accueillir ce joyau vert, une chose est certaine : le Gabon trace ici une voie ambitieuse vers un avenir durable, où nature et société s’épanouissent ensemble.
📩 Pour en savoir plus : Aline Da Silva aline.da.silva@undp.org , Spécialiste en biodiversité