Protéger, c’est agir: Rencontre avec Nice Ryne, éco-garde à Bazimini
15 août 2025
Dans les forêts humides et vivantes d’Anjouan, au cœur du site protégé de Bazimini, une jeune femme veille silencieusement sur les équilibres fragiles de la biodiversité locale. Nice Ryne Mohamed Elamine, originaire de Ouani, est éco-garde depuis 4 ans au sein du Parc National Mont Ntringui. Pour elle, ce n’est pas un simple emploi – c’est une mission de vie.
« Ce qui m’a poussée à devenir éco-garde, c’est mon amour profond pour la nature. J’avais besoin d’agir concrètement, de me sentir utile. Aujourd’hui, chaque jour sur le terrain est une nouvelle opportunité de protéger ce qui compte vraiment. »
Sur le terrain, Nice Ryne arpente les sentiers de Bazimini avec détermination. Son quotidien ? Surveillance, lutte contre les infractions, suivi de la faune et de la flore, éducation environnementale. Elle connaît les espèces endémiques par cœur : la roussette de Livingstone, le lémurien mongoz, le petit-duc d’Anjouan. « Ce sont nos trésors, et ils sont menacés. Alors, on ne lâche rien. »
Le métier d’éco-garde, soutenu par le projet RNAP 2, est à la croisée des chemins entre la protection de la nature et le lien avec les communautés locales. « On ne travaille pas seul·e. On collabore avec les villages, les associations, les ONG. C’est ensemble qu’on fait avancer les choses. »
Le projet RNAP 2, cofinancé par le Gouvernement comorien, le PNUD et le FEM/GEF, vise à renforcer la gestion des aires protégées tout en impliquant activement les populations locales dans la conservation. Nice Ryne y trouve un cadre structurant, mais aussi une vision partagée : celle d’un développement durable en harmonie avec la nature.
« Grâce à ce projet, on a pu renforcer notre présence sur le terrain, mieux nous équiper, et surtout sensibiliser davantage. On sent que les choses évoluent, que les mentalités changent. »
Patrouilles sous la pluie, longues marches en forêt, tension lors des contrôles… Le métier comporte son lot de défis. « Le plus dur, c’est de faire respecter les règles sans créer de conflit. Mais on apprend à dialoguer, à expliquer. Et parfois, les gens nous remercient. Ça, c’est une victoire. »
Un souvenir fort l’a marquée : une tournée nocturne en forêt, égarée avec son équipe, sans réseau, dans le silence épais des grands arbres. « On a gardé notre calme. Grâce à notre préparation, on a retrouvé notre chemin. C’était intense… mais ça nous a soudés. »
Quand on lui demande ce qu’elle espère pour la suite, sa réponse est claire : une biodiversité protégée, des jeunes sensibilisés, et des communautés impliquées. « J’aimerais que les Comores soient un exemple. Que nos forêts soient non seulement sauvegardées, mais aussi valorisées. »
Et aux jeunes qui rêvent de suivre son chemin ? « Il faut aimer la nature, être curieux, courageux… et surtout, vouloir transmettre. Ce n’est pas facile, mais c’est un métier qui a du sens. Et on en a besoin. »
Avant de repartir en patrouille, Nice Ryne ajuste son sac, sourit, et conclut :
“ Protéger, c’est agir. Et moi, je suis fière d’agir pour mon pays, pour ma nature”