Aux Comores, la pollution plastique est un fléau grandissant. Faute de systèmes de collecte et de traitement adaptés, les déchets plastiques s’accumulent un peu partout : dans les rues, les rivières, les plages et jusque dans les fonds marins. Résultat : les écosystèmes sont fragilisés, la santé publique menacée, et les moyens de subsistance notamment liés à la pêche sérieusement affectés. Dans un pays déjà très vulnérable aux effets du changement climatique, agir devient une urgence.
Dans le cadre du projet ISLANDS (pour un développement durable sans produits chimiques dangereux dans les îles de l’océan Indien), le PNUD a soutenu l’arrivée aux Comores d’un expert en économie circulaire, M. Tempestilli, afin d’épauler l’Agence Nationale de Gestion des Déchets (ANGD). Sa mission est d’identifier des solutions pratiques et durables pour réduire et valoriser les plastiques dans l’archipel.
Pendant deux semaines, l’expert a sillonné les trois îles, rencontré les acteurs du secteur et dressé un constat sans détour : les défis sont multiples. Les infrastructures de base sont insuffisantes, les capacités des institutions restent limitées, et le secteur privé, encore peu structuré, peine à prendre le relais. De plus, la population reste peu sensibilisée aux enjeux liés aux déchets et à l’économie circulaire.
Pour inverser la tendance, le consultant recommande la mise en place d’un mécanisme de Responsabilité Élargie du Producteur (REP), le déploiement d’infrastructures de tri et de traitement dans les trois îles, le renforcement des capacités institutionnelles et techniques, le soutien à l’entrepreneuriat local, ainsi que le lancement de projets pilotes et de campagnes de sensibilisation.
Un des leviers les plus prometteurs évoqués est l’introduction d’un système de consigne, qui permettrait de récupérer les contenants en plastique contre une compensation financière. Un dispositif simple, mais efficace, qui pourrait réduire considérablement la présence de déchets dans l’environnement.
Ces propositions ont été au cœur des échanges lors de la table ronde nationale sur la gestion du plastique, organisée le 3 juillet 2025 à Moroni. Cette rencontre, pilotée par l’UCCIA, l’ANGD et le projet régional ExPLOI de la COI, s’est tenue à l’occasion de l’escale aux Comores du navire Plastic Odyssey, un symbole de l’innovation au service de la lutte contre la pollution plastique.
Autour de la table : institutions publiques, collectivités, partenaires techniques, mais aussi entreprises privées comme RECYVIE, NEPTA COMORES, SALAMA ou SALSABIL. Tous ont réfléchi ensemble à la structuration d’une filière plastique durable, dans un esprit de collaboration public-privé. Les discussions ont montré que le secteur privé est prêt à jouer un rôle plus actif, condition essentielle pour réussir la mise en œuvre de la REP.
La séance s’est clôturée par la présentation du modèle de REP des Seychelles, avec son système de consigne-récupération des bouteilles plastiques. Un exemple inspirant, qui pourrait très bien s’adapter aux réalités comoriennes.
Le projet ISLANDS poursuivra son accompagnement auprès du gouvernement pour concrétiser ces pistes et faire des Comores un modèle de gestion durable des plastiques dans l’océan Indien.