Rêver l’avenir, remède à l’insertion socio-professionnelle des jeunes

10 avril 2020

Être coiffeuse n’est pas un échec de la vie mais plutôt être entreprenante, exemple en image. Crédit photo : PNUD/Burkina

La population du Burkina Faso est à majorité jeune et représente plus de 50% de la population totale. Le chômage touche en majorité cette frange de la population. En effet, chaque année plus de 12 000 jeunes demandeurs d’emplois sortent des universités et des grandes écoles sans toutefois trouver un emploi qui leur permette de vivre dignement. L’État burkinabé, malgré les efforts déployés n’arrivent pas à satisfaire les besoins pressants de la jeunesse.

Cette situation de précarité de l’emploi est exacerbée de nos jours avec le contexte sécuritaire où l’on assiste chaque jour à des déplacements de populations fuyant la terreur et à la recherche d’espaces sécurisés. La région du Centre-Nord est plus touchée dans la mesure où elle reçoit 316 812 personnes déplacées sur un total de 779 741. Ces personnes déplacées sont composées majoritairement de jeunes et de femmes.

Face à ce sombre tableau, des acteurs locaux se sont organisés pour trouver des solutions pour répondre aux nombreux défis auxquels ils sont confrontés. Au nombre de ces acteurs, Nous avons l’Association le Bon Samaritain pour l’Épanouissement de la Jeunesse du Centre Nord qui a développé la solution ‘‘rêver l’avenir’’ pour répondre au défi de l’insertion socio-professionnelle des jeunes dans la région du Centre Nord. Il est question d’une innovation sociale visant l’émancipation et l’épanouissement des jeunes filles et garçons de 12 à 20 ans à travers une initiative dénommée « Rêver l’avenir » et ayant pour slogan :" Moi avant, Moi maintenant et Moi dans quinze ans". Cette innovation part du constat que de nombreux jeunes privés de choix et d’options deviennent vulnérables et sont enclin à l’enrôlement terroriste ou tombent facilement dans le banditisme ou la délinquance sexuelle. C’est aussi une jeunesse non seulement limitée par la pauvreté et les préjugés,  mais aussi dans leurs connaissances de la façon dont les hommes et les femmes sont perçus dans la société.

Ainsi cette solution innovante se fixe pour objectif de booster la capacité de créativité des jeunes à travers un procédé dual alliant formation théorique et travaux pratiques.

Les résultats obtenus sont enrichissants et pertinents. Par exemple, grâce à l’approche de « Rêver l’avenir », une jeune fille rencontrant des difficultés à l’école, a compris que devenir coiffeuse n’est pas un échec de la vie mais plutôt être entreprenante.

Ainsi du fait des connaissances acquises lors de la formation ‘‘rêver l’avenir’’ et sans appui financier extérieur, elle a mis en place un business de coiffure. Cette jeune fille est aujourd’hui financièrement automne, contribue aux dépenses familiales, accueille une autre jeune fille apprenante et a des perspectives d’agrandissement de son activité.

Cette initiative ‘‘rêver l’avenir’’ touche aussi des filles toujours scolarisées.  Il s’agit de développer les capacités de leadership et de plaidoyer des jeunes filles. Par l’approche ‘‘rêver l’avenir’’ elles ont pris conscience de la nécessité d’avoir une culture entrepreneuriale. Cela les a amenées non seulement à être très performantes à l’école mais aussi à trouver des jobs de vacances. Ce nouveau dynamisme et estime de soi les ont poussés à la création de club de jeunes filles dans les lycées de la ville de Kaya ainsi que la mise en place d’une association de confection de bijoux à base de perles qu’elles revendent afin de financer leurs activités.

Comme leçons apprises, nous nous rendons compte qu’il y a une floraison de propositions de solutions au niveau local qui méritent d’être vulgarisées et que le frein de l’emploi des jeunes n’est pas seulement financier mais aussi culturel et psychosociale.