Cinq ans après l'adoption du Nouveau Programme pour les villes, où en sommes-nous ?

29 octobre 2021

D'ici 2030, 60 % de la population mondiale vivra dans des villes. La façon dont nous imaginons les villes est déterminante pour le bien-être de l'humanité, notamment la façon dont nous nous remettrons de la COVID-19 et répondrons aux futures pandémies.

PNUD Guinée-Bissau

Au cours de la prochaine décennie, le monde continuera de s'urbaniser. On estime que d’ici 2030, 60 % de la population vivra dans des zones urbaines. En vue du 11ème Forum urbain mondial (FUM) qui se tiendra en 2022, les questions sont nombreuses. Quels types de villes pourraient nous aider à faire face aux futures pandémies ainsi qu’à tout une gamme d'autres chocs ?

La COVID-19 met en relief le rôle essentiel que jouent les gouvernements locaux en tant qu'intervenants de première ligne dans la réaction aux crises, la reprise et la reconstruction. Il y a une nécessité urgente de revoir et transformer les villes pour une réponse efficace à la COVID-19 ainsi qu’à d’autres pandémies potentielles, et pour un rétablissement optimal, en construisant des villes plus résilientes, inclusives et durables.

Le nouvel agenda urbain (NUA), adopté en 2016 lors de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) à Quito, en Équateur, concerne les personnes, la planète, la prospérité, la paix et les partenariats en milieu urbain.

Alors que le monde s'urbanise rapidement, seuls 20 États membres ont élaboré des rapports nationaux sur la mise en œuvre du NUA à ce jour. Bien que les villes aient été l'épicentre de la pandémie de COVID-19, peu de gouvernements incluent les questions urbaines dans leurs examens nationaux volontaires selon l'Agenda 2030 ou dans leurs engagements déterminés au niveau national selon l'Accord de Paris sur le changement climatique.

Cinq ans après l'adoption du nouvel agenda urbain, où en sommes-nous ?

  • Les milieux urbains sont de plus en plus les épicentres de crises, de l'insécurité et de la violence, alimentant ainsi les déplacements et les migrations forcées. La majorité des 25 millions de réfugiés et des 40 millions des déplacés internes (PDI) dans le monde vivent aujourd'hui dans des villes et des établissements urbains, et font face à des conditions de vie difficiles.
  • Le logement reste souvent inabordable, tant dans les pays en développement que dans les pays développés. Selon le rapport de l'ONU Habitat sur les villes du monde, 1,6 milliard de personnes dans le monde vivent dans des ménages inadéquats, dont un milliard dans des bidonvilles et des établissements informels dépourvus de services de base.
  • Féminisation de la pauvreté urbaine. Les ménages dirigés par les femmes dans les bidonvilles et les établissements informels sont en augmentation. Les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les migrants et d'autres groupes marginalisés sont souvent touchés de manière disproportionnée par toutes formes d'exclusion.
  • Accélérer l'action urbaine pour un monde sans carbone.  Les villes étant responsables de quelque 70 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone, 11 000 villes se sont engagées à élaborer des plans d'action complets sur les changements climatiques dans le cadre de la Convention mondiale des maires pour le climat et l'énergie, afin de créer des villes durables, inclusives et de neutralité carbonique.

Si le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur le nouvel agenda urbain (attendu en janvier-février 2022) constituera la principale feuille de route à examiner, cinq domaines d'action et de mise en œuvre clés sont nécessaires pour respecter les engagements mondiaux, notamment l'Agenda 2030 et l'Accord de Paris :

  • Décennie d'action - Engagement des États membres à faire du nouvel agenda urbain une feuille de route pour accélérer la mise en œuvre de l'Accord de Paris et de la Décennie d'action pour le développement durable.
  • Villes et pandémies - Reconnaissance du rôle des villes dans la réponse à la COVID-19 et dans la contribution et la direction de la mise en œuvre d'un redressement national sain, juste et durable.
  • Nouveau contrat social - Alignement du nouvel agenda urbain sur notre programme conjoint sur l'avenir du multilatéralisme, comprenant la question du logement, des services, de la santé et des revenus de base.
  • Action pour le climat - Renforcement des contributions des collectivités locales aux engagements pris au niveau national en matière d'atténuation et d'adaptation au climat, avec un accent stratégique sur les infrastructures durables et la résilience pour les populations précaires en milieu urbain.
  • Paix et sécurité - Appel à un Plan d'action mondial sur l'urbanisme inclusif dans les pays en situation de post-conflit et de catastrophe, renforçant la cohésion sociale par la mise en place de solutions durables.

La prochaine réunion de haut niveau des Nations Unies, qui se tiendra à New York en avril 2022 pour relancer la mise en œuvre du nouvel agenda urbain, sera décisive pour que les États membres tirent un bilan et identifient les moyens de faire avancer cet effort déterminant.

Alors que dans certaines régions, le taux d'urbanisation est très élevé, dans d'autres pays, la population urbaine totale est en déclin. Des stratégies différentes doivent donc être mises en place pour faire face au rétrécissement des villes. Il sera donc important de comprendre les interdépendances entre le nouvel agenda urbain et les engagements ayant des dimensions urbaines et territoriales importantes, comme par exemple, les objectifs et les principes des objectifs de développement durable (ODD), l'Accord de Paris sur le changement climatique, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et le programme d'action d'Addis-Abeba sur le financement du développement.

Il est nécessaire de comprendre l'interdépendance de ces engagements afin d’en exploiter le potentiel, d'optimiser les ressources et d'obtenir des résultats en matière de développement des ressources à tous les niveaux de gouvernement, au sein du système des Nations Unies, dans tous les secteurs et pour toutes les parties prenantes. Il sera alors possible de réduire les inégalités spatiales, d'accroître la prospérité commune, de stimuler la résilience des communautés, de renforcer l'action climatique et de parvenir efficacement à une urbanisation durable.