Comment soutenir la digitalisation des commerces artisanaux détenus par les femmes en Algérie : Premiers pas d’artisanes dans le domaine du e-commerce

Par Walid Abdelbari, Head of Exploration, Accelerator Lab & Sarah Ait Hamou et Sarah Rebati, Fondatrices de l’incubateur « The Annex DZ ».

18 février 2024

Les artisanes écoutant la formatrice sur le e-commerce

The Annex Dz

Dans un pays où les femmes représentent environ 17% de l’ensemble des entrepreneurs et 30% des artisans, avec un gender gap de 13% dans l’accès aux technologies digitales, l’autonomisation économique des femmes et la digitalisation de leurs entreprises sont une priorité pour les acteurs de l’écosystème entrepreneurial que ce soit le gouvernement, le secteur privé, la société civile ou les acteurs internationaux du développement.

C’est le cas de femmes comme Sarah Ait Hamou et Sarah Rebati, fondatrices du premier incubateur féminin en Algérie, The Annex DZ, qui ont développé un programme unique en son genre dans l’écosystème algérien, dédié à la numérisation des petits commerces tenus par des femmes.

L’Accelerator Lab y a vu une opportunité de co-élaborer avec The Annex DZ, et l’incubateur féminin en son sein, WomWork By The Annex DZ, ainsi que le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, pour élaborer un programme pilote de formation spécifiquement destiné à un secteur sous-numérisé et dont les performances commerciales sont en berne : l’artisanat.

L’artisanat : un secteur sous-numérisé et en perte de compétitivité

Avec une contribution de 1,3% au PIB national, la création de 1 140 000 emplois et 400 000 artisans en 2022, le secteur artisanal en Algérie est un vecteur important du développement socio-économique du pays, notamment au niveau local. Il joue également un rôle important dans la protection du patrimoine culturel national, et le rayonnement de ce dernier à l’international.

Cependant, malgré des efforts importants dans la fourniture de formation technique et de locaux commerciaux, le secteur de l’artisanat est confronté à un sérieux défi dans la commercialisation des produits. De plus, la numérisation du secteur artisanal en Algérie est extrêmement faible. A cet effet, le gouvernement algérien encourage le secteur dans la prospection de procédés de commercialisation innovants tels que le e-commerce, en pleine expansion en Algérie.

Avec une contribution de 1,3% au PIB national, la création de 1 140 000 emplois et 400 000 artisans en 2022, le secteur artisanal en Algérie est un vecteur important du développement socio-économique du pays, notamment au niveau local. Il joue également un rôle important dans la protection du patrimoine culturel national, et le rayonnement de ce dernier à l’international.

Les artisanes écoutant la formatrice sur le e-commerce

The Annex Dz

Un programme pilote de formation pour la digitalisation des petits commerces

Le programme de formation est conçu pour former les artisanes à la digitalisation de leurs entreprises par le développement de leurs compétences digitales, notamment sur l'élaboration d'une stratégie e-commerce et l'utilisation d'outils numériques.

Un groupe de vingt-six (26) femmes artisanes a bénéficié durant 5 jours de formations sur la digitalisation de leurs entreprises par le développement de leurs compétences digitales notamment sur l’élaboration d’une stratégie e-commerce et l’utilisation d’outils numériques, leur permettant ainsi d’acquérir une autonomie digitale, d’innover leurs modèles d’affaires, d’accroitre leurs activités, de renforcer leur compétitivité et d’améliorer leur viabilité sur le marché.

Les bénéficiaires du programme, pourtant pas toujours et pas toutes familières avec l’outil informatique, ont ainsi relevé le défi de créer et/ou augmenter leur visibilité en ligne, grâce au module de marketing digital dont elles ont bénéficié. Elles ont également acquis les compétences nécessaires à la création de site en ligne notamment grâce à wordpress lors du module e-commerce. Au-delà de son aspect marketing et e-commerce, cette formation a permis à ces femmes provenant de 5 wilayas du pays (Chlef, Ain Defla, Blida, Tipaza et Médéa) de gagner en visibilité, de mettre en valeur leurs savoir-faire artisanal en ligne, de raconter leurs histoires au monde , notamment à travers le storytelling et le personal branding qui leur ont été dispensés, mais aussi de gagner en leadership tout en développant une posture entrepreneuriale grâce à un module spécifique dédié (« Les fondamentaux de l’entrepreneuriat, le management responsable et le leadership féminin »).  

L’impact attendu de cette formation et qui a déjà pu être observé sur place durant la semaine de formation est : -une meilleure visibilité en ligne grâce à l'utilisation de techniques de marketing digital telles que le référencement naturel, la publicité en ligne et les médias sociaux ; -une augmentation des ventes grâce à une meilleure compréhension des besoins et des comportements des consommateurs en ligne, ainsi qu'à la mise en place de stratégies de marketing efficaces ; une plus grande confiance dans l'utilisation des outils et des plateformes numériques pour promouvoir leurs produits et services ; une meilleure capacité à atteindre un public plus large grâce à la présence en ligne et à la possibilité de toucher des clients potentiels dans le monde entier.

Un test pour un programme à plus large échelle

Si jugé concluant, ce projet pilote pourrait être reconduit à une échelle plus grande couvrant plusieurs régions du pays et bénéficiant à un nombre plus élevé de femmes artisanes. En effet, l’objectif de ce programme est de toucher le plus grand nombre de femmes artisanes et de les intégrer dans l’ère du digital que nous avons entamé et dans laquelle les femmes artisanes doivent avoir toute leur place, et cela grâce à la formation et à l’accompagnement. L’inclusion des femmes dans le digital est un impératif, car un monde plus inclusif est un monde plus durable.

Ce programme servira également à éclairer l'intégration future de cette formation dans les programmes de formation et d’accompagnement officiels dispensés par les institutions relevant du secteur de l'Artisanat, et de pérenniser ainsi ce type de formations pour les rendre plus durables et plus impactantes.

En outre, après ce programme d’acquisition des compétences digitales, il pourrait être envisagé d’aller vers un approfondissement du programme portant sur le renforcement des capacités numériques de ces femmes artisanes.